6 ~ Aux grands maux, les grands remèdes.

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La bouche sèche, Emma toqua deux fois contre la porte en bois, incertaine. Elle avait laissé les enfants dans le salon qui discutaient calmement de la vie Bostonienne des Swan. 
N'obtenant aucune réponse, la détective décida tout de même d'entrer sans autorisation, ignorant les battements fougueux dans ses temps à l'idée de commettre un impair et d'engendrer à nouveau la colère de la mairesse. Pénétrant dans le bureau, la jeune femme fut subjuguée par l'atmosphère de la pièce. Si les autres pièces étaient dans des couleurs froides, noires, le bureau avait un charme rustique qui rendait immédiatement à l'aise. Juste en face de la porte se trouvait un massif bureau en bois surplombé de plusieurs dossiers alors que toute la pièce était entourée d'étagères montant jusqu'au plafond et soutenant des livres à la reliure artistique et finement travaillée. Captivée, la jeune femme tourna sur elle-même à la recherche de son hôte avant de s'arrêter face à un magnifique piano à queue noir laqué qui trônait majestueusement dans un coin. Elle s'avança et, du bout des doigts, comme si l'objet était fragile et sacré, elle le caressa jusqu'à atteindre les touches. Lourdement, elle laissa tomber son index sur une touche, laissant naître un long son grave rapidement étouffé par un son plus aigu. Appuyant sur une touche noire, la jeune femme songea toutefois qu'elle n'avait clairement pas l'oreille musicale. 

-J'ai conscience que vous n'avez pas eu de parents pour vous apprendre la politesse, Miss Swan. Mais ne pas entrer dans une pièce lorsque l'on ne vous en donne pas l'autorisation, reste du savoir-vivre que l'on rencontre au moins tous une fois dans notre vie. Révéla une voix rauque sur un ton moqueur. 

Emma sursauta, prise en faute, et releva vivement la tête en se reculant du piano comme si elle s'apprêtait à nier. À la place, cependant, elle observa la maîtresse de maison ranger ce qu'il semblait être un paquet de cigarettes dans son tiroir tandis qu'elle réfléchissait à la meilleure manière d'aborder cette conversation sans repartir dans un conflit qui ne mènera à rien si ce n'est une bataille d'ego. Cherchant au meilleur moyen de ne pas envenimer la situation avec sa propension à s'emballer trop vite dont elle avait conscience, elle observa bêtement la brune qui s'installa derrière son bureau, s'adossant au fond de son fauteuil comme une Reine sur son trône. 

-Je n'étais pas au courant. Avoua la brune au bout de quelques minutes, l'air toujours arrogant, mais avec moins d'assurance dans la voix. Que ... Si vous dîtes la vérité sur l'abandon d'Henry ... Je n'étais pas au courant que son adoption n'est pas valide. Bredouilla la brune. 

-Je sais. Rassura la blonde en prenant place sur la chaise de l'autre côté de l'épais bureau. Aucun des parents n'était au courant. Les enfants passaient par un intermédiaire qui gagnait pas mal d'argent en vendant l'enfant à l'orphelinat où vous avez adopté Henry. Ces gens faisaient croire à une adoption privée et comme les parents, désespérés d'avoir enfin leur enfant, étaient prêts à payer une fortune, ils en profitaient. 

-Si vous savez que je n'étais pas au courant, cela ne vous a pas empêché de faire croire le contraire à Henry. Souleva la mairesse d'un ton dur qui annonçait les hostilités.

-Si vous aviez attendu quelques secondes de plus avant d'encore faire des conclusions hâtives et partir, vous m'auriez entendu assurer à Henry le contraire, Madame la Maire. Accusa Emma, déjà agacée par le comportement de la brune en perpétuelle défensive.

Comme de fait, Regina laissa naître un sourire moqueur. Quoique la blonde dise, elle savait qu'Henry avait déjà noté sur sa liste de choses à reprocher à sa mère "enlèvement d'enfant" et si la blonde avait bel et bien tenté de la disculper, Henry restait un enfant influençable pour qui le mal ne pouvait être que mal et pire encore. Toutefois, elle décida tout de même de ne pas s'énerver contre la femme qui bouleversait sa vie, consciente que si elle gagnait cette bataille - bataille qu'elle gagnerait sans aucun doute, jamais elle ne gagnerait la guerre. 

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