DERNIER SET

CHAPITRE 3 : RENCONTRE INOPINÉE

- Tonton Shoyo ! On pourra prendre une glace s'il-te-plaaaît ?

C'est un Akio essouflé qui lui posa cette question. Depuis qu'ils étaient arrivés au parc Mémorial Showa, il ne tenait pas en place. Il courait partout autour de Hinata, lui donnant le tournis, très excité de pouvoir se dépenser dans un parc aussi immense et aussi joli.

- Hm... Comme tu as été super sage, c'est d'accord, lui répondit Hinata en riant. On va même aller en prendre une tout de suite, même si ce n'est pas vraiment la saison.
- Merci, merci !

Encore plus excité, Akio reprit sa course effrénée, en restant proche de Hinata. Après tout, c'était la condition. Hinata jeta un regard noir aux béquilles dont il avait dû s'encombrer une fois encore aujourd'hui. En effet, il valait mieux qu'Akio reste près de lui parce qu'il n'était pas du tout en état de lui courir après.

Quand Hinata s'était réveillé le matin même, il s'était dit qu'il n'aurait pas la force de sortir. Il avait très mal dormi, il était épuisé, et sa jambe le faisait encore atrocement souffrir. Mais il s'était engagé, aussi bien auprès d'Akio que d'Amaya, alors il avait trouvé en lui le courage d'affronter le monde extérieur, même si c'était la dernière chose qu'il avait envie de faire.
Lorsqu'Akio l'avait vu arriver avec ses béquilles, il avait été assez surpris. Il l'avait déjà vu avec, mais cela arrivait rarement. « T'as encore mal à ton bobo ? » lui avait-il demandé, une réelle expression d'inquiétude sur son petit visage. Hinata l'avait rassuré, lui et Amaya avec, qui commençait déjà à dire qu'une balade dans le parc n'était pas forcément la meilleure idée du monde dans cet état. Le jeune homme était resté ferme, assurant qu'il pouvait largement supporter une simple balade.
Et maintenant qu'Akio était là à courir partout, un sourire béat sur les lèvres, Hinata était vraiment content d'avoir fait quelques efforts.

- Bonjour ! Vas-y Akio, choisis ton parfum, dit Hinata en arrivant devant le vendeur de glaces.

Quelques minutes plus tard, le jeune homme et l'enfant étaient assis dans l'herbe au soleil et mangeaient tranquillement leur glace.
Akio racontait sa vie à l'école avec entrain à Hinata, et ce dernier l'écoutait d'une oreille distraite, le regard perdu dans l'horizon, regardant les gens passer sur un chemin au loin, savourant le soleil qui caressait sa peau.

Bien vite, les glaces ne furent plus qu'un souvenir et Akio gambadait de nouveau autour de Hinata, lui ramenant de temps en temps une jolie fleur ou une drôle de feuille qu'il avait trouvée. Le jeune homme, lui, n'avait pas bougé. Il regardait toujours au loin en laissant son esprit s'égarer.
Alors que les passants défilaient sous ses yeux, l'un d'entre eux retint subitement son attention. C'était un jeune homme en train de courir, qui ressemblait étrangement à... Kageyama. Son cœur rata un battement. D'abord devant la gare ? Maintenant ici ? Est-ce qu'il hallucinait ? Était-ce le hasard ? Ou alors Kageyama s'était-il mis à le suivre ?
Il se redressa pour observer plus attentivement le jeune homme. Ses cheveux d'un noir d'encre qui rebondissaient négligemment sur ses épaules à chacune de ses foulées correspondaient bel et bien. Mais d'aussi loin, sans le voir de face, il était difficile de s'assurer qu'il regardait actuellement Kageyama.
Comme pour répondre à ses prières, le coureur tourna la tête vers Hinata et leurs regards se croisèrent. Il était trop loin pour distinguer le bleu de ses yeux, mais il n'en avait pas besoin. Ce visage, ces traits délicats. Même de loin, il n'y avait aucun doute. C'était bien Tobio Kageyama.

- C'est une putain de blague..., laissa échapper Hinata dans un souffle.

Kageyama se mit soudainement à ralentir, jusqu'à s'arrêter totalement, sans quitter Hinata des yeux. Le cœur de ce dernier se mit soudainement à s'accélérer, comme si un colibris était prisonnier de sa cage thoracique.
Quand après un temps d'hésitation, Kageyama commença à marcher vers lui d'un pas visiblement déterminé, Hinata se dit que s'il n'avait pas été affalé dans l'herbe, ses jambes auraient sûrement défailli. Le jeune homme fixait Kageyama s'approcher inexorablement de lui, en proie à une panique et une angoisse montantes. Il ne savait pas quoi faire. Il ne savait pas quoi dire. Il avait l'impression que son corps ne lui répondait plus. Pourquoi Kageyama avançait-il vers lui un banal dimanche après-midi au milieu d'un parc de la ville où lui habitait ? Pourquoi maintenant, comme ça, après tout ce temps ?