DERNIER SET

CHAPITRE 35 : UNE NUIT D'EXCEPTION (1)

Tout était prêt. Kageyama avait choisi ses vêtements et les avait repassés avec soin. Il avait également trouvé de jolies chaussures et un manteau plutôt classe et s'était assuré que tout était impeccable. Il avait même prévu la manière dont il allait se coiffer.
Il venait de sortir de la douche et n'avait plus qu'à se préparer. Il comptait faire simple tout en étant élégant et soigné jusque dans les moindres détails. Il y avait beaucoup réfléchi. Plus qu'il n'aurait pu l'admettre.
Il se vit rougir dans le miroir en repensant à la manière dont Hinata lui avait dit de but en blanc qu'il avait vraiment envie qu'il vienne à la soirée du nouvel an. Son cœur s'était emballé et il avait eu beaucoup de mal à garder son éternel air détaché. Mais ce n'était pas très important parce que cela lui avait vraiment fait plaisir. Ces derniers temps, il avait de plus en plus l'impression de raviver sa connexion avec Hinata, qui semblait n'avoir jamais complètement disparu malgré les nombreux détours qu'ils avaient pris.
À présent, il essayait de se concentrer sur l'excitation et l'impatience qu'il ressentait, en faisant de son mieux pour ignorer la nervosité qui s'installait de plus en plus en lui au fur et à mesure que l'heure de rejoindre le groupe approchait. Il lui suffisait juste de se détendre et de rester naturel pour que tout se passe bien. Cependant, le visage crispé qui le fixait dans la glace ne le rassurait pas vraiment.

Au même moment, à plusieurs kilomètres de là, Amaya était en train de courir dans tous les sens dans son appartement. Elle se maquillait tout en faisant des pauses beaucoup trop souvent à son goût pour s'occuper d'Akio, préparer les affaires qu'elle emporterait avec elle ou encore pour préparer tout ce dont son fils aurait besoin dans la soirée.
Sa voisine avait gentiment accepté de s'occuper de lui jusqu'à ce qu'elle revienne. À vrai dire, c'était une femme âgée qui semblait assez isolée. Amaya avait l'impression que garder Akio lui faisait plaisir et ce dernier l'aimait beaucoup. C'était une situation gagnante pour tout le monde.
Elle regarda avec un petit sourire la jolie tenue qui l'attendait sur son lit alors qu'elle retournait une nouvelle fois dans la salle de bain pour finir son maquillage. Elle allait être sublime ce soir et cette idée lui faisait immensément plaisir, avant tout pour elle-même mais aussi parce qu'elle était plutôt d'humeur à flirter.
Elle pensa à Kenma et Hinata et espéra de tout cœur qu'ils feraient l'effort d'être présentables ce soir. Sinon, elle comptait bien leur faire regretter leur fainéantise.

Kenma était justement face à son armoire ouverte, en train de chercher désespérément une tenue convenable. Il n'avait vraiment pas envie qu'Amaya lui passe un savon d'entrée de jeu pour un détail aussi futile. Il soupira en regardant avec envie sa pile de sweats, avant de regarder avec dédain les deux chemises qu'il possédait se battre en duel. Il allait devoir faire avec les moyens du bord.
Il n'était pas vraiment motivé à l'idée d'aller à une fête. Il aurait largement préféré qu'ils passent la soirée tous les trois chez Amaya, comme ils l'avaient fait l'année précédente. Mais le groupe avait tranché et en prime, ils avaient même gagné la présence de Kageyama. Il repensa au sourire béat qu'avait affiché Hinata quand il avait accepté de venir. Se rendait-il seulement compte de l'air stupide qui s'étalait trop souvent sur son visage en présence de Kageyama ? Probablement pas. Au fil des années, Hinata était devenu un véritable expert pour se mentir à lui-même et éviter ses propres ressentis. Et Kenma préférait jouer à l'idiot puisque forcer la confrontation était inutile. S'il devait y avoir un déclic, il fallait qu'il vienne de Hinata. Donc Kenma allait probablement revoir son air idiot encore de nombreuses fois, particulièrement ce soir, tout en prétendant qu'il ne remarquait rien.
Il soupira. Si cette soirée était le prix à payer pour fêter une nouvelle année aux côtés d'Amaya et de Hinata, il l'acceptait, mais ne se retiendrait pas de râler pour autant.

Hinata non plus ne se retenait pas de râler, en ce moment. Il se fixait dans le miroir d'un air découragé. Il avait essayé plusieurs tenues et ne trouvait rien qui lui convenait. Il avait aussi tenté d'arranger ses cheveux mais ils refusaient catégoriquement de lui obéir. Il ne se trouvait pas beau et cela le frustrait. Il voulait se sentir beau, sûr de lui et confiant. Et même s'il avait du mal à se l'admettre, il voulait voir le regard époustouflé de Kageyama s'attarder sur lui. Sauf que pour l'instant, il n'y avait strictement rien d'époustouflant.
Il soupira et fusilla du regard son propre reflet. Il fallait qu'il se dépêche. L'heure tournait et pour ne pas être en retard, il fallait qu'il quitte son appartement d'ici une dizaine de minutes maximum.
Malgré cela, il ne trouvait toujours rien qui ne lui plaise lorsqu'il retourna devant son armoire. Il n'avait jamais été aussi frustré par des vêtements. Il n'était pas du genre à trop réfléchir à son style vestimentaire habituellement et vu son agacement, il ne comptait pas réitérer l'expérience de sitôt.
Il commençait à se demander ce qu'il préférait entre ne pas aller à la soirée ou y aller en étant mal habillé quand un vêtement qu'il n'avait pas vu plus tôt attira son attention. Peut-être allait-il pouvoir trouver quelque chose de correct à porter, finalement.
Après un nouvel essayage, il trouva enfin sa tenue. Ce n'était pas vraiment à la hauteur de ses attentes mais c'était mieux que rien.
Maintenant que ce problème était résolu, il sentait la nervosité s'amplifier en lui. L'idée que Kageyama soit des leurs ce soir lui était autant source de plaisir que d'angoisse. Comme d'habitude, il n'y avait pourtant aucune raison logique d'être nerveux. C'était juste une grosse fête et ils y allaient tous entre amis. Il espérait simplement que tout se passerait pour le mieux.
Hinata regarda l'heure et haussa les sourcils. Et voilà, il avait mis trop de temps à se décider et était déjà en retard alors qu'il n'était même pas encore tout à fait prêt. Il fallait vraiment qu'il passe à la vitesse supérieure.