CHAPITRE 11 : INCERTITUDE

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Kenma se trouvait devant la porte d'entrée de l'appartement de Hinata. À vrai dire, il n'était pas vraiment devant la porte, il y était collé. Dans la plus grande discrétion, il essayait d'écouter ce qui se passait dans le studio, mais il n'entendait rien, strictement rien. Il jeta un coup d'œil à sa montre. Il était environ quatorze heures et il n'avait pas réussi à joindre Hinata de la journée. Il avait voulu l'appeler pour le prévenir qu'il allait passer, mais sans réponse de sa part, il était simplement venu à l'improviste. Il avait déjà toqué une première fois, mais personne ne répondait.

- Shoyo ? T'es là ? s'écria Kenma en tapant un peu plus fort sur la porte.

Il se figea quelques secondes pour essayer d'écouter mais de nouveau, aucun bruit ne se fit entendre. Il repensa à l'état de Hinata ces derniers jours. Une peur et une angoisse beaucoup trop familières commencèrent soudainement à lui tordre l'estomac. Son inquiétude pour son ami venait de passer à un tout autre niveau.

- HINATA ! RÉPONDS !

Kenma, cédant lentement mais sûrement à la panique, se mit à tambouriner contre la porte en essayant simultanément de l'ouvrir.
Après de longues secondes qui lui parurent être des heures, il sembla entendre du mouvement à l'intérieur.

- J'arrive, j'arrive, crie pas !

Lorsque la voix de Hinata lui parvint, Kenma eut l'impression de pouvoir respirer de nouveau, comme si une pression qu'il n'avait même pas remarquée disparaissait soudainement de sa cage thoracique.
Hinata ouvrit la porte. Il portait un sweatshirt orange qu'il mettait souvent et un short qui semblait plutôt être un bas de pyjama. Ses traits étaient tirés et d'importants cernes envahissaient son visage hagard.

- Qu'est-ce que tu fous, Kenma ? Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il d'un ton qui manquait très clairement d'énergie.
- Il faut qu'on parle, répondit Kenma fermement en poussant Hinata pour entrer avant de fermer la porte derrière lui.
- Et bien, fais comme chez toi, soupira Hinata avec un air dépité.
- Qu'est-ce que tu faisais ? Pourquoi t'as mis autant de temps à ouvrir ?
- Je dormais, c'est tout.

Kenma se demandait comment pouvait-il avoir l'air si épuisé en ayant dormi jusqu'à une heure aussi tardive. Il s'assit à la table de la partie cuisine de la pièce. Il invita d'un geste Hinata à faire de même, qui s'exécuta, non sans broncher.

- Qu'est-ce que tu as à me dire alors ?
- Je pense plutôt que c'est toi qui dois me dire quelque chose, pour commencer, répliqua Kenma en fusillant son ami du regard.

Hinata fronça les sourcils, montrant son incompréhension, avant de hausser les épaules.

- Je vois pas de quoi tu parles, dit-il simplement.
- Shoyo, on est amis depuis longtemps toi et moi. Depuis dix ans, exactement. On se connaît bien maintenant. De ce fait, j'apprécierais vraiment que tu cesses de me prendre pour un imbécile, dit Kenma calmement, mais fermement.
- Mais de quoi tu parles ?
- Je parle de ta jambe ! Tu crois que je n'ai pas vu que tu avais mal ? Tu crois que je ne suis pas habitué à remarquer le moindre changement dans ta manière de marcher ?

Kenma se coupa lui-même en sentant une vague de colère l'envahir. Il devait rester calme, sinon cette conversation allait tourner au vinaigre. Hinata, lui, le regardait avec la même expression qu'aurait un enfant attrapé en train de faire un bêtise.

- Je suis désolé Kenma, mais je voulais pas t'emmerder. T'inquiète pas, je gère la situation, affirma-t-il avec une assurance qui mettait à l'épreuve le calme qu'essayait de garder Kenma.
- Non, tu ne gères pas la situation du tout ! Tu forces sur ta jambe, et je pense pas que tu aies besoin d'un rappel de ce qui s'est passé la dernière fois que tu as eu cette idée brillante.

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