DERNIER SET

CHAPITRE 68 : COUP D'ENVOI

Le bruit des cris et des applaudissements, la chaleur ambiante, la densité de la foule, la vibration du sol sous ses pieds. Hinata était plongé dans une effervescence toute particulière qu'il n'était pas sûr d'apprécier. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé au milieu d'un tel monde. À cet instant précis, il avait du mal à croire qu'il avait fait le choix de fermer son café plus tôt et donc de perdre de l'argent pour se trouver ici.

- Eh ! Shoyo ! Tu nous suis ou quoi ? Qu'est-ce que tu fous ?

La voix d'Amaya lui parvint aux oreilles et le sortit de sa transe. Avec quelques difficultés, il força le passage entre plusieurs corps chauds agglutinés pour la rejoindre.

- Où sont Kenma et Akio ?
- Déjà installés. Je suis revenue en arrière pour voir ce que tu foutais.
- Désolé, j'ai eu un moment d'absence.

Amaya lui jeta un drôle de regard en biais mais ne fit aucun commentaire. À la place, elle invita Hinata à la suivre jusqu'à l'endroit réservé aux places VIP. Elle montra l'écran de son téléphone à un homme du personnel du stade et celui-ci les laissa tous les deux passer.
Ils s'installèrent alors rapidement aux côtés de Kenma et Akio qui, surexcité, n'arrêtait pas de crier et de se relever de son siège sur lequel Kenma tentait vainement de le garder assis. C'était tout de même plus calme ici qu'au milieu des gradins. Hinata se sentait mieux. Il réalisa alors qu'ils étaient vraiment proches du terrain. Ils verraient absolument tout de l'action. Hinata avait presque l'impression que d'ici, s'il criait assez fort, les joueurs pourraient l'entendre. Finalement plus le temps avançait, moins il regrettait d'avoir abandonné son café pour la soirée.
Il était cependant un peu nerveux. D'ici une dizaine de minutes commencerait le premier match du Japon du championnat. Il espérait simplement que tout se passerait bien.
Depuis que Kageyama avait quitté son appartement comme un voleur, il n'avait presque pas eu de ses nouvelles. Il avait pensé lui proposer de le voir mais avec le championnat si proche, il n'avait finalement pas osé le déranger. Mais la veille au soir, vraiment frustré de n'avoir eu aucun message depuis ce vulgaire bout de papier – après tout, Kageyama avait bien marmonné dans un demi-sommeil que Hinata lui manquait ! – il s'était résolu à faire le premier pas. Il était resté simple en lui demandant comment il se sentait, en lui souhaitant bon courage et en lui rappelant qu'il avait largement le niveau de se frotter à toutes les équipes d'Asie et d'Océanie et de gagner.
À la grande satisfaction de Hinata, Kageyama lui avait répondu assez rapidement en lui assurant qu'il se sentait bien et en le remerciant. Hinata avait tenté de poursuivre un peu la conversation en lui rappelant qu'il serait là pour l'encourager mais à son grand désarroi, il n'avait tout simplement pas eu de réponse. Cela lui avait donné la désagréable impression que Kageyama n'avait que faire de sa présence.
Quoi qu'il en soit, il était là pour voir le premier match du Japon et pour encourager Kageyama et il avait hâte que ça commence. Ils affronteraient aujourd'hui le Koweït, ce qui était plutôt rassurant puisque cette équipe n'avait jamais vraiment brillé. Pour un pays comme le Japon ayant gagné par neuf fois le titre de champion, ce match était censé être une formalité – ou presque.

- Pourquoi t'as l'air nerveux ?

Hinata releva la tête vers Kenma qui l'observait d'un air interloqué.

- Je m'inquiète pour Kageyama, c'est tout. Je sais pas trop comment il se sent, on n'a pas vraiment parlé ces derniers jours. Ça doit être beaucoup de pression pour lui. J'espère que le match va bien se passer.

Un petit sourire amusé se dessina sur le visage de Kenma.

- Shoyo, tu sais, s'il y a bien un truc pour lequel t'as pas besoin d'être nerveux quand ça concerne Kageyama, c'est le volley. Tu sais très bien que ce type est un magicien et qu'il jouera merveilleusement bien, dit-il avec un air qui se renfrogna au fur et à mesure que les compliments sortaient de sa bouche.
- Il est si bon que ça ? demanda Amaya qui semblait surprise d'entendre Kenma dire du bien de Kageyama.
- Il est dans l'équipe nationale, ça veut bien dire ce que ça veut dire.
- C'est vrai.
- C'est quand que ça commence le match ? s'écria soudainement la voix surexcitée d'Akio, qui ne se préoccupait pas le moins du monde de leur conversation.