DERNIER SET

CHAPITRE 25 : DROIT DANS LE MUR

C'était une belle journée. Le froid extérieur était adouci par un soleil éclatant qui semblait faire écho à la bonne humeur de Hinata. Ce dernier ne se souvenait pas de la dernière fois qu'il s'était senti aussi léger, aussi heureux, tout simplement aussi bien.
La veille au soir, Kageyama l'avait réveillé après s'être garé devant chez lui. Il revoyait son visage dans la pénombre de la voiture, si doux, si apaisant, le sourire aux lèvres lorsqu'il l'avait réveillé avec tendresse. Il lui avait assuré avoir passé une excellente journée et l'avait remercié de l'avoir emmené avec lui à Shizuoka. Hinata avait été touché et lui avait dit qu'il avait tout autant apprécié cette journée.
Ensuite, Kageyama avait insisté pour s'occuper de ramener la voiture louée, en lui disant que de toute façon, maintenant qu'ils étaient chez Hinata, il aurait été bête de faire autrement. Hinata avait fini par céder et était rentré chez lui après un dernier regard et un dernier sourire. Et ce soir-là, il s'était endormi le cœur léger et avait dormi d'un sommeil calme et profond qu'il n'avait plus connu depuis longtemps.

*

Le soleil s'était à présent couché et en ce début de soirée, Hinata travaillait au café en très bonne compagnie. Kenma et Amaya, accompagnée d'Akio, venaient d'arriver et s'étaient installés au comptoir.

- Shoyo, quelle aura ! s'exclama Amaya, un grand sourire aux lèvres. Tu es rayonnant, aujourd'hui. J'imagine que les choses se sont bien passées entre toi et le beau brun hier ?
- Maman, c'est qui le beau brun ? demanda Akio, un regard interloqué levé vers sa mère.
- C'est le monsieur du parc chéri, tu sais, Kageyama.

Hinata leva les yeux au ciel avant de laisser échapper un petit rire.

- Oui, les choses se sont bien passées entre Kageyama et moi. On a passé une très bonne journée. Tu as eu une excellente idée, admit-il.
- Tu vois, Kenma ? J'avais raison ! Donne la monnaie, maintenant, ordonna Amaya en tendant une main ouverte vers Kenma.
- Attends ! On n'a pas eu assez de détails. Shoyo, vous vous êtes disputés dans la journée ? demanda ce dernier d'un ton inquisiteur.

Hinata haussa les sourcils, déboussolé par la scène qui se déroulait devant lui. Kenma et Amaya avaient visiblement parié sur Kageyama et lui, ce qui traduisait tout de même un clair manque de soutien de la part, en l'occurrence, de Kenma.

- Vous avez vraiment parié sur ça ? Vous êtes des gamins. Et du coup Kenma, t'as parié sur quoi, exactement ? Sur le fait que Kageyama et moi, on allait forcément s'engueuler, c'est ça ?
- Euh... bah... oui. C'était ce qu'il y avait de plus logique au vu de vos antécédents, expliqua-t-il comme si c'était évident. Du coup ? Vous ne vous êtes pas disputés du tout ?
- Et bien non, dit fermement Hinata, content de pouvoir faire taire Kenma sur ce point. Comme je l'ai dit, ça s'est très bien passé. C'était... une belle journée.

Sans même s'en rendre compte, Hinata s'était mis à sourire bêtement, ce qui n'échappa pas à Amaya.

- Oooh, t'es vraiment trop mignon, dit-elle d'un air attendri. Maintenant Kenma, donne-moi ce que tu me dois.

D'un air bougon, il sortit son portefeuille et tendit plusieurs billets à Amaya. Celle-ci les lui arracha à moitié des mains d'un air satisfait, le nargua avec un instant et les rangea dans son sac.

- Maman, pourquoi tonton Kenma te donne de l'argent ? demanda Akio d'un air curieux.
- Parce que maman et tonton Kenma n'étaient pas d'accord sur quelque chose et comme c'est moi qui ai raison, c'est moi qui gagne, tu vois. Ce qu'il faut retenir, c'est que quand maman et tonton Kenma ne sont pas d'accord, c'est toujours maman qui a raison.
- Akio, ne crois pas tout ce que ta maman te raconte, c'est n'importe quoi, intervint Kenma.

Le petit garçon gloussa avant de reprendre le dessin qu'il était en train de faire. Hinata observait ses amis se chamailler d'un air mi-amusé, mi-exaspéré. Habituellement, il aurait passé l'éponge mais l'attitude de Kenma le dérangeait quelque peu. Il voyait bien qu'il avait l'air contrarié, il avait très bien compris pourquoi et cela commençait sérieusement à l'agacer.