CHAPITRE 27 : PRIS AU PIÈGE (1)

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> Shoyo : J'ai toujours pas parlé à Kageyama et Matsuo. C'est grave, tu penses ?
> Amaya : Ça fait 5 jours... faut te bouger là. Ils t'ont contacté ?
> Shoyo : Pas Kageyama. Mais Matsuo a essayé de m'appeler une fois et il m'a envoyé quelques messages.
> Amaya : Et t'as pas répondu ?
> Shoyo : Non. Je savais pas quoi dire et j'ai toujours pas trouvé. Et par qui je commence ? HELP !!
> Amaya : Suis ton instinct, ça va le faire !

Hinata laissa son téléphone tomber sur son lit en soupirant. Sur ce coup, il allait devoir se débrouiller seul, vu la réponse d'Amaya. Il était de toute façon douloureusement conscient que personne ne pouvait aller parler à ces deux imbéciles à sa place.
Il avait passé ces cinq derniers jours à éviter consciencieusement de penser à eux. Il avait ignoré les tentatives de contact de Matsuo sans hésitation, sans le moindre remords.
En revanche, il ne pouvait pas s'empêcher d'être chiffonné par l'absence totale de communication de Kageyama. À vrai dire, il n'avait pas entendu le moindre mot de sa part depuis le moment où il était allé à l'arrière du café avec Amaya. Même après, quand Hinata avait dû intervenir, il n'avait pas dit un seul mot. Il n'avait pas tenté de se justifier. Et à présent, il n'avait même pas essayé de le contacter une seule fois depuis ce moment. Hinata trouvait cela assez perturbant et incohérent. Il ne comprenait absolument pas ce qui pouvait bien le pousser à rester ainsi en retrait.
Hinata se leva brusquement de son lit. Il en avait marre d'être entre quatre murs. Il passait son temps enfermé au café ou dans son studio, et il en avait plus qu'assez. Il avait besoin de s'aérer l'esprit pour mieux réfléchir à cette satanée situation. Alors il se prépara à quitter son appartement en ayant la désagréable impression que depuis le retour de Kageyama dans sa vie, il passait tous ses dimanches à déprimer ou à réfléchir jusqu'à s'en faire des nœuds au cerveau.

*

Les aiguilles de l'horloge accrochée au café semblaient aujourd'hui s'être lancées dans une course effrénée. Hinata les avait regardées tourner à toute vitesse, engloutissant les heures comme des minutes et les minutes comme des secondes. Plus elles se rapprochaient de l'heure de la fermeture, plus elles semblaient s'accélérer, et plus l'angoisse montait en lui. Il se sentait pris au piège.
La veille, pendant sa balade, Hinata avait fini par décider de simplement se lancer. Il ne savait pas quoi dire à Matsuo et Kageyama, il ne savait même pas à quel point il était encore fâché, mais il savait qu'il ne pouvait les ignorer indéfiniment. Alors il leur avait envoyé un message dans l'après-midi. Il avait demandé à Matsuo s'il pouvait venir le voir à la fermeture du café le lendemain et avait fait la même demande à Kageyama pour le surlendemain. Il leur avait tout simplement dit qu'il serait bien de discuter un peu, sans rien préciser de plus.
Matsuo avait répondu positivement dans la foulée tandis que Kageyama, lui, n'avait répondu que très tard le soir par un simple « ok ».
À présent, l'heure de la fermeture approchait, Matsuo allait débarquer et il se sentait comme un idiot parce qu'il n'avait toujours aucune idée de quoi lui dire. Il avait le sentiment désagréable que leur relation était lentement en train de prendre un tournant qu'il n'avait ni anticipé ni désiré. Il allait devoir tirer cela au clair, il en était conscient mais il ne savait absolument pas comment s'y prendre.
Alors il soupira et se concentra sur son travail, abandonnant totalement l'idée d'anticiper un tant soit peu la conversation qui approchait. Les clients quittaient peu à peu le café et très vite, l'horloge afficha vingt-et-une heures.
Hinata entendit la porte s'ouvrir sans lever les yeux de la caisse, en se retenant de soupirer. Évidemment, il était pile à l'heure. Il prit un instant pour prendre une grande inspiration, comme pour s'armer de calme et de patience, et posa son regard sur Matsuo.
Ce dernier avait l'air beaucoup moins enjoué que d'habitude. Ses yeux noirs ne pétillaient pas et laissaient transparaître un grand sérieux.

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