DERNIER SET

CHAPITRE 51 : JOUR DE PLUIE

La semaine s'achevait sur une note bien triste. C'est ce que pensait Hinata, installé à côté de la fenêtre, le regard fixé sur la pluie qui s'abattait avec force sur la ville. Il porta sa tasse de café à ses lèvres pour en boire une gorgée, avant de poser son regard sur Kageyama qui dormait dans le lit. Il était aux alentours de midi mais Hinata ne comptait pas le réveiller.
La nuit avait été épouvantable. Kageyama avait eu toutes les peines du monde à s'endormir et quand enfin il avait trouvé le sommeil, un cauchemar l'en avait bien vite arraché. Hinata avait passé un long moment à le calmer alors qu'il était en nage, effrayé et complètement déboussolé. Lorsqu'il avait finalement réussi à s'endormir, le jour s'était levé.
Hinata, lui, n'avait pas beaucoup dormi non plus. Depuis le cauchemar de Kageyama, il ne s'était pas rendormi. Il s'était occupé en silence, refusant de quitter la chambre afin de veiller sur lui. Et il était de toute façon bien trop bouleversé pour trouver le sommeil.
Il avait longuement réfléchi. Voilà des mois maintenant qu'il avait renoué avec Kageyama et il n'avait décelé aucun indice sur ce qu'il avait vécu, lui qui le connaissait pourtant si bien. Il n'avait rien vu. Peut-être était-ce parce que Kageyama allait vraiment mieux. Hinata l'espérait du plus profond de son être.
Tous ces sentiments positifs à l'égard de Kageyama ne suffisaient malheureusement pas à mettre de côté la haine et la rage que Hinata ressentait. Il revoyait le regard narquois de Jozua dans le gymnase et il désirait lui faire mal, vraiment mal, comme jamais il n'avait voulu blesser qui que ce soit avant.
Son élan de haine s'évanouit cependant à la seconde même où il entendit Kageyama bouger en grognant. Il le regarda aussitôt et le vit en train de se redresser mollement, les yeux encore à moitié fermés.

- Quelle heure il est ? demanda-t-il d'une voix pâteuse.
- Midi et quart.
- Quoi ? Déjà ? Pourquoi tu m'as laissé dormir autant ?
- Il faisait jour quand tu as vraiment commencé ta nuit, je te rappelle. Tu avais besoin de repos. Tu en as encore besoin, dit Hinata d'un air un peu sévère en venant s'asseoir sur le bord du lit.

Kageyama attrapa alors la main de Hinata et le regarda avec les sourcils légèrement plissés, l'air inquiet.

- On dirait que t'as besoin de repos, toi aussi. T'as l'air crevé. T'as dormi, au moins ?
- Mais oui, t'inquiète.

Hinata jeta un nouveau coup d'œil à la pluie battante d'un air maussade avant de se retourner vers Kageyama avec un petit air malicieux.

- Tu sais ce que je me disais ? C'est le moment parfait pour passer la journée au lit. On est fatigués, il pleut comme pas possible et c'est une manière bien confortable de conclure notre première semaine à Amsterdam. T'en penses quoi ?
- J'en pense que j'aime beaucoup cette idée, dit Kageyama avec un sourire en soulevant la couette d'un côté pour inviter Hinata à se glisser dans le lit.
- J'en étais sûr. Je sais que t'as toujours rêvé de passer une journée au lit avec moi, répliqua Hinata avec malice en se réfugiant au chaud à côté de Kageyama.
- Peut-être que oui. Peut-être que non. Je ne le dirai jamais.

*

- Je peux te poser une question ?

Hinata était confortablement installé contre Kageyama. Il se redressa sur le coude pour le regarder, trop intrigué pour prêter attention à la couette qui glissait du haut de son corps.

- Je t'écoute.
- Pourquoi... tu as complètement abandonné le monde du volley ? Tu aurais certainement pu devenir coach ou bien juste... travailler dans le domaine, je sais pas. Pourquoi tu as tout quitté ? demanda Kageyama d'un ton hésitant, comme s'il craignait une mauvaise réaction à sa question.

Hinata haussa les sourcils de surprise avant de se laisser tomber sur son oreiller comme une masse dans un long soupir.

- Tu sais pourquoi, répondit-il après un instant de silence, les yeux fixés au plafond. Toi et moi, on est pareils. C'est être sur le terrain ou rien. Je ne voulais pas d'un lot de consolation. Je voulais absolument tout ou rien du tout. Pas de demi-mesure.
- ... Et maintenant ? C'est toujours ce que tu veux ?