CHAPITRE 4 : CONFRONTATION

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Comme chaque soir, la pénombre commençait à envahir le café. Le dernier client venait de quitter les lieux. Hinata, lui, comme d'habitude, alla jusqu'à la porte pour changer de sens l'écriteau sur lequel étaient écrits « ouvert » et « fermé » de chaque côté. Maintenant que le café était officiellement fermé, il commença comme toujours par un nettoyage rapide de la salle.
Fort heureusement, sa jambe le faisait moins souffrir. L'utilisation des béquilles lui avait permis un peu de repos. De plus, la veille en rentrant du parc, Hinata avait utilisé à peu près toutes les méthodes qu'il connaissait : exercices de respiration, massages, application d'huiles et de crèmes, étirements et bien plus classiquement, des antidouleurs légers.
Il repensa à son retour du parc avec Akio la veille. Il était resté perturbé tout le reste de la journée. Le petit garçon l'avait remarqué, et Amaya aussi lorsqu'il avait ramené Akio chez lui. Hinata avait menti en assurant que tout allait bien et était rentré chez lui le plus rapidement possible.
À peine arrivé, il avait envoyé valser ses béquilles rageusement à travers la pièce avant de s'effondrer sur son lit. Pour une fois, il s'était laissé aller et s'était autorisé à fondre en larmes. Les pensées qui l'avaient habité à cet instant ne semblaient plus vouloir le quitter. Il ne comprenait pas pourquoi Kageyama tentait à présent de revenir vers lui. Il avait beau avoir du mal à l'admettre, c'était bel et bien ce qui s'était passé au parc. Mais il n'arrivait pas à trouver une explication sensée qui pousserait Kageyama à revenir spécifiquement maintenant, et cela commençait à le ronger de l'intérieur.
Un frisson parcourut Hinata à cette pensée, tandis qu'il passait derrière le comptoir pour laver les quelques tasses dont il n'avait pas pu s'occuper plus tôt. Pendant qu'il les essuyait minutieusement, il entendit la porte d'entrée s'ouvrir et vit une silhouette s'avancer vers lui. Hinata se figea, sentant la peur monter en lui.

- Désolé, on est fermé ! s'exclama Hinata en se forçant à garder son calme.

Après tout, ce n'était pas forcément un braqueur ou un voleur comme son esprit essayait de le lui faire croire. C'était peut-être tout simplement un client qui voulait un café.

- Je sais, lui répondit une voix masculine étrangement familière.

L'homme mystérieux s'avança suffisamment pour entrer dans le halo de lumière. Hinata sentit ses yeux s'écarquiller en reconnaissant instantanément le visage de Kageyama. Donc maintenant, il se trouvait ici, dans son café, sur son lieu de travail. Son cœur s'accéléra considérablement et sa main lâcha la tasse qu'il venait d'essuyer, qui alla s'écraser bruyamment à ses pieds en éclatant en mille morceaux.
Hinata se demanda si finalement, il n'aurait pas préféré se faire braquer. Au moins, les intentions d'un criminel imaginaire auraient été claires. Mais là, maintenant, il ne savait pas à quoi s'attendre. Il sentait simplement son cœur battre fort et vite et avait du mal à réfléchir calmement. Il n'arrivait pas à savoir ce qu'il ressentait ; toutes ses émotions, négatives comme positives, étaient embrouillées. Une petite partie de lui n'en revenait pas de se retrouver si proche de Kageyama après toutes ces années et aurait voulu courir vers lui, le prendre dans ses bras et lui dire à quel point il lui avait manqué. Mais principalement, il aurait voulu se jeter sur lui, le secouer et lui demander en hurlant de toutes ses forces pourquoi il avait ainsi disparu de sa vie, et pourquoi il se permettait d'y revenir maintenant, de cette manière, sans raison apparente. Cependant, en réalité, il n'arrivait même pas à soutenir le regard de Kageyama. Il était tout bonnement incapable de trouver les mots justes.

- Tu me dois une tasse, dit alors sèchement Hinata après un long silence.

Le jeune homme aurait presque pu rire de lui-même à cet instant. Pendant les sept années qu'il avait vécues sans contact avec Kageyama, il avait imaginé des dizaines et des dizaines de retrouvailles différentes. Mais jamais Hinata ne s'était imaginé dire une telle banalité, une telle phrase dénuée d'intérêt après sept ans de silence. Oui, il en aurait presque ri s'il n'avait pas ressenti une telle envie de crier et de pleurer.
Kageyama s'approcha du comptoir et s'assit à une chaise haute. Il posa ses mains sur la table et plongea son regard dans celui de Hinata. Ce dernier se sentit faiblir. Le regard océan empreint de douceur du jeune homme ne l'aidait à pas rester en colère. Ni son regard, ni son doux visage semblant déborder de sincérité ne l'aidaient à rester en colère. Il ne put s'empêcher de penser qu'en sept ans, Kageyama n'avait fait que s'embellir. Il était magnifique. Ses cheveux noirs avaient poussé et mouraient maintenant gracieusement sur ses épaules. Ils étaient noués en un demi-chignon savamment négligé, laissant des mèches s'échapper qui encadraient élégamment son visage. Oui, il était magnifique.

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