CHAPITRE 16 : DE LA PART DE SHOYO

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Le plafond du studio de Hinata comportait bien plus de fissures que ce qu'il ne pensait. Il y avait également beaucoup d'endroits où la peinture blanche, ou plutôt grisâtre, s'écaillait. Il avait pourtant passé du temps à fixer ce plafond, mais les défauts les plus discrets avaient jusqu'ici réussi à lui échapper, visiblement. À présent, il les voyait clairement. Probablement parce qu'il avait passé ces derniers jours allongé sur son lit à regarder ce plafond miteux à chaque moment qu'il n'avait pas passé au café. Bien sûr que malgré tout, il était allé travailler. Après tout, il n'avait pas les moyens financiers d'aller trop mal non plus.
Il était donc allé travailler en refoulant cette irrépressible envie de tout arrêter. Il ne savait plus où il en était. Le retour de Kageyama et cette dispute qu'ils avaient eue avaient fait remonter tout ce qu'il avait essayé d'enfouir. Tout ce sur quoi il avait travaillé durant des années et tout le long chemin tortueux qu'il avait parcouru vers la guérison semblaient à présent dénués de sens. S'il avait vraiment guéri, comment était-il possible qu'il aille aussi mal ?
Ces derniers jours, ses souvenirs les plus sombres avaient tourné en boucle dans sa tête. Il était incapable de se détacher de son passé. Il était toujours hanté par ses regrets. Il n'avait toujours pas fait le deuil de ce que sa vie aurait pu être. Il n'avait fait que se mentir à lui-même. Comment pourrait-il en être autrement quand il haïssait tant la vie qu'il avait choisi malgré lui de mener ?
Il avait beau prendre conscience de cette réalité, aucune solution ne lui venait à l'esprit. Il se sentait coincé, pris au piège dans une vie qui ne lui correspondait pas. Et il ne savait plus comment vivre ainsi. Pour l'instant, il se contentait de survivre. Mais combien de temps pourrait-il tenir dans ces conditions ?
Pour une fois, Hinata était soulagé que Kenma soit loin de Tokyo et que Amaya soit si occupée. Cela lui permettait d'avoir au moins ces quelques jours pendant lesquels il n'était pas dérangé. Kenma avait cependant essayé de le joindre, mais ignorer ses appels et ses messages était bien plus simple que de l'ignorer quand il se trouvait derrière sa porte.
Hinata voulait juste rester seul et il se laissait sombrer. Là, tout de suite, il n'avait pas la force de lutter contre le mal qui l'envahissait. Il lutterait plus tard. Le lendemain. Ou d'ici quelques jours. Un jour, peut-être. Actuellement, il en était en tout cas incapable.

*

Kenma regardait fixement son téléphone, comme si cela allait magiquement le faire sonner. Cela faisait plusieurs jours qu'il n'avait pas eu de nouvelles de Hinata et évidemment, il s'inquiétait. Il avait un mauvais pressentiment.
À vrai dire, dès qu'il y avait le moindre événement inhabituel concernant de près ou de loin Hinata, il s'inquiétait et avait un mauvais pressentiment. Ce n'était pas qu'il pensait que le jeune homme était incapable de s'occuper de lui-même, mais il ne pouvait pas ignorer le fait que les épreuves qu'il avait traversées l'avaient fragilisé. Et il ne pouvait pas ignorer non plus l'inquiétude qui ne faisait que croître en lui.
Il avait furtivement échangé avec Amaya à ce propos, mais il avait vite compris que la jeune femme était particulièrement débordée et qu'elle n'avait pas le temps de s'occuper de Hinata. Il avait donc évité de l'inquiéter elle aussi.
Ce qui était sûr, c'est que ce silence s'éternisait un peu trop pour l'ignorer. Plus il réfléchissait, plus il était persuadé que Kageyama avait quelque chose à voir avec cette situation. Et puisque Hinata était décidé à se murer dans son silence, Kenma se disait qu'il n'y avait plus qu'une manière pour lui d'en savoir plus. Il lui suffisait tout simplement de se tourner vers la partie adverse, c'est-à-dire... Kageyama.
Kenma soupira. C'était le soir. A priori, il avait de grandes chances de l'avoir au téléphone, sauf s'il était déjà couché. Il n'y avait qu'une seule façon de le découvrir. En se disant qu'il faisait cela un peu trop souvent, Kenma s'empara de son téléphone et appela Kageyama, qui ne tarda pas à décrocher.

- Kozume ? Qu'est-ce qu'il y a ? dit-il avec méfiance.
- Kageyama. J'aurais voulu savoir si... euh... si tu avais des nouvelles de Hinata, répondit Kenma d'un ton hésitant.

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