CHAPITRE 56 : PAS ENCORE

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Marchant à travers la ville plongée dans l'obscurité et recouverte par la brume, Kenma était soucieux. Il rentrait chez lui après être passé chez Hinata avec Amaya. Le problème, c'est qu'ils n'y avaient trouvé personne.
Lorsqu'ils étaient arrivés, ils avaient toqué pendant de longues minutes en l'appelant avant de se rendre à l'évidence : il était soit absent, soit inconscient. L'existence de cette seconde possibilité les avait poussés à utiliser le double de clé que Hinata avait confié à Kenma pour les cas d'urgence.
Même s'ils n'avaient pas trouvé Hinata chez lui, ils avaient en revanche vu sa valise ouverte, sans dessus dessous, attestant de son retour à Tokyo. Sur le lit, des vêtements jetés à la hâte avaient donné à Kenma la sensation qu'un ouragan était passé dans l'appartement. Sur la table s'étalaient des tickets de caisse et des babioles qui semblaient avoir été abandonnés là à la va-vite. Sans vraiment comprendre pourquoi, en regardant le studio dans son ensemble, Kenma avait éprouvé un sentiment de malaise.
Malgré cette impression, il s'était empressé de rassurer Amaya en supposant que Hinata allait bien et qu'il était juste allé faire un tour, avant de lui promettre qu'il essaierait de le contacter plus tard dans la soirée. Il était cependant persuadé qu'il n'avait aucune chance de le joindre.
Kenma n'avait pas la moindre idée de ce qui avait bien pu se passer entre Kageyama et lui à Amsterdam, mais il le connaissait par coeur. Quand il allait mal, il s'isolait et se refermait sur lui-même. Il devenait hors d'atteinte et avait tendance à se laisser dépérir, seul dans son coin. Et dans ces moments, il était très difficile de le faire sortir de son mutisme.
Arrivé au pied de son immeuble, Kenma poussa la porte d'entrée et se hâta de monter les escaliers. Sans grande conviction, il tenta d'appeler Hinata une fois dans son appartement et tomba aussitôt sur le répondeur.

- Salut Shoyo, c'est Kenma. Ça fait quelques jours que j'ai pas eu de tes nouvelles, alors je voulais savoir comment tu allais et comment se passaient tes vacances... Rappelle-moi, dit Kenma d'une voix douce avant de raccrocher.

Il repensa à l'état de l'appartement de Hinata. Il était persuadé que ce dernier n'était pas juste sorti faire un tour. Il lui semblait plutôt qu'il avait préparé un sac à la hâte et était mystérieusement parti.
Kenma se disait que, tant qu'il revenait pour ouvrir son café lundi, il ne devait pas trop s'inquiéter. Cependant, les quelques jours d'attente jusque-là allaient lui paraître un peu longs. Il aurait aimé savoir où était Hinata, ou au moins avoir un signe de vie. Kenma espérait simplement qu'il n'était pas aussi déprimé que son imagination le poussait à le croire.
En tout cas, ce retour prématuré piquait tellement sa curiosité que s'il n'avait pas méprisé Kageyama, il l'aurait appelé pour avoir des explications. Il n'excluait cependant pas cette option si jamais le silence et l'absence de Hinata persistaient.

*

À Amsterdam, la joie et la bonne humeur n'étaient pas vraiment au rendez-vous non plus. Kageyama avait fini par se reposer un peu et était retourné au gymnase pour la suite des sélections, en s'excusant platement auprès du coach pour son absence de la veille. Celui-ci s'était montré étonnamment tolérant, ce qui poussait Kageyama à croire qu'il savait peut-être quelque chose.
Il avait ensuite tenté de donner le meilleur de lui-même en tant que joueur et enseignant, mais le coeur n'y était pas. Il sentait le poids de l'absence de Hinata et il était aussi déprimé qu'en colère.
Quand enfin la journée avait touché à sa fin, Kageyama n'avait plus qu'une hâte : retrouver sa chambre d'hôtel pour ruminer. Cependant, Xander était venu le cueillir à la sortie du gymnase et l'avait entraîné avec lui sans lui laisser le choix, malgré la mauvaise humeur dont Kageyama avait fait preuve.
Ils étaient à présent dans un bar plutôt calme et buvaient une bière à une petite table dans un recoin de la pièce. Xander le fixait d'un regard pénétrant, comme s'il savait beaucoup de choses et qu'il n'allait plus tarder à craquer en amenant sur la table certains sujets épineux. Kageyama l'ignorait méticuleusement en observant avec une attention démesurée le liquide ambre dans son verre.

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