5 - La Meute Eclipse - Lueur Sauvage

Chapitre 8.

Locas suivait la louve bleue sans un mot, se demandant ce qui la rendait si spéciale que son loup gardait le silence en sa présence. S'il avait bien compris, elle l'avait soignée, était-il possible que sa bête se soit attachée ? Il n'avait pas souvenir de précédent cas où l'animal s'attacherait à un changelin ni à qui que ce soit sans l'avis de son humain. En même temps, il avait été absent un long moment.

Locas marchait derrière la soumise, conscient que ça la mettait mal à l'aise. En général, les dominants s'abstenaient de suivre les soumis, il menait la marche ou marchait à côté d'eux, il ne marchait pas derrière. Il lui faisait peur, il le voyait dans sa posture rigide et son pas rapide. Et il s'en fichait. Qu'elle le craigne, cette soumise qui l'avait entraîné dans son lit contre son gré. Même si ça n'avait aucun sens. La petite chose avait tremblé en silence dans la pièce remplie de dominant et il savait que son loup était trop sauvage pour être tendre. Comment une créature terrifier par les dominants avait fini par coucher avec l'un d'eux ? Il avait conscience de l'illogisme de la situation, mais cette fureur contre elle, il ne souhaitait pas l'éteindre. Non, cette fureur était la seule chose qui empêchait son regard de glisser sur la courbe de son dos jusqu'à ses fesses rondes et pleines moulées par son pantalon bleu pastel et s'agitant de gauche à droite à chacun de ses pas.

Mary-Ann était grande et fine, elle avait des petites fesses et des petits seins avec de longues jambes dorées, vraiment rien à voir avec les formes généreuses et tassées de la louve face lui.

Il connaissait le corps de sa compagne par cœur. Ils avaient été en couple pendant dix ans, depuis qu'il avait atteint le poste d'Alpha, âgé de vingt-six ans. C'était jeune, mais c'était plus par défaut que par réel choix. L'ancien alpha, une femme très âgée qui avait régné avec sagesse, était morte de vieillesse. Son bêta direct l'avait nommé Alpha, parce qu'il était le plus puissant loup de la meute, à ce moment-là. Il avait lui-même désigné ce Bêta comme sien, pour qu'il le guide dans le métier d'alpha, et quand il était décédé à son tour, il avait désigné son frère aîné, qui désormais était Alpha.

Il avait du mal à accepter qu'une année entière se fût écoulée depuis ses derniers souvenirs. Une année que le loup vivait en lui... comment diable avait-il fait pour revenir ? Il n'avait pas souvenir d'un tel cas, lorsqu'un changelin renonçait à son humanité, c'était définitif. Et pourtant, il était bien là, suivant ce joli cul rebondit dans les couloirs du manoir Éclipse.

Ils entrèrent dans une grande salle que Locas définit comme étant la salle à manger, ainsi que l'indiquaient les nombreuses tables avec plusieurs loups qui y déjeunaient. Il détecta immédiatement la table vers laquelle la louve aux cheveux bleus se dirigeait et il la dépassa, la bousculant légèrement, pour s'asseoir dos au mur.

Le mâle savait qu'elle allait choisir cette place, et ce n'était pas particulièrement contre elle qu'il l'avait réquisitionné, même si l'idée de l'emmerder ne lui déplaisait pas. À vrai dire, elle était bien située, le mur dans son dos lui permettait de ne pas s'inquiéter ce qui viendrait par derrière tout en lui donnant une vue d'ensemble sur la pièce.

La jeune femme sembla mécontente, mais comme la gentille soumise qu'elle était, elle se tut et s'installa face à lui. Mary-Ann n'aurait jamais hésité à lui faire un scandale pour ce genre de comportement. C'était pour ça que sa compagne avait été une dominante. Les soumis étaient chiants, inintéressants et beaucoup trop compliqués à comprendre.

Locas n'était pas complètement débile, il comprenait l'utilité de leur présence dans une meute, et savait qu'ils étaient des membres précieux. Seulement, il ne lui serait jamais venu à l'idée de flirter avec l'un d'eux. Enfin, ce n'était pas vraiment comme s'il comptait tourner autour de la louve face à lui, qui gardait soigneusement les yeux sur la table en bois, comme si elle était fascinante. Locas étendit ses jambes sous celle-ci, envahissant son espace vital, la força à ramener les pieds vers elle dans une position raide pour ne pas le toucher.