Chapitre 30.

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Locas faisait les cent pas dans le couloir devant le bureau d'Ethan. Mais où était Laura ? Ça faisait deux heures qu'elle aurait dû arriver... Le mâle avait un mauvais pressentiment. Et s'il lui était arrivé quelque chose ?

Décidant qu'il avait assez attendu, Locas, se dirigea vers l'appartement de la jeune louve. Peut-être qu'elle dormait encore ?

La porte n'était pas fermée à clé, mais personne ne fermait jamais ses appartements à clé, puisque les fées du logis passaient régulièrement faire le ménage ou les lessives. Laura n'était nulle part en vue. Il chercha à la cuisine puis dans divers petits salons avant de déclarer forfait. Où diable s'était-elle enfuie encore ?

Ayant une illumination, Locas retourna dans le couloir où se trouvait le bureau d'Ethan et entra dans celui de Camille sans toquer.

— Camille, où est Laura ?

— Tu as regardé dans ton placard ? marmonna-t-elle sans lever les yeux de sa fiche.

— Hein ?

Elle releva le regard sur lui et rougit.

— Oh ! Pardon je pensais que tu étais mon fils ! Qu'est-ce que tu as dit ?

— Laura : elle est où ?

Camille plissa les yeux.

— Qu'est-ce que tu lui veux ?

— Camille, s'impatienta-t-il.

Camille haussa les épaules.

— Je ne sais pas, si elle n'est pas au manoir elle est peut-être allée travailler ! Tu sais, cette chose que font les gens dans la vie réelle...

Locas ne l'écoutait déjà plus. Pourquoi Laura serait-elle allée travailler alors qu'ils s'étaient donné rendez-vous pour dénoncer Mael. Sur le tableau derrière le bureau de Camille, Locas aperçut le nom du mâle sur une patrouille éloignée de la meute. Il dévisagea Camille une seconde, la louve rousse lui parlait, mais il ne l'entendait pas. Est-ce qu'elle se doutait de quelque chose concernant Mael ? Laura lui en avait-elle parlé ? Et si c'était le cas, pourquoi n'avait-elle rien dit ?

Et toi, pourquoi tu ne dis rien ?

Locas chassa cette voix insidieuse dans sa tête, conscient qu'aller contre la volonté de Laura n'était pas bon. Il risquait juste de la renfermer encore plus.

Quittant le bureau sans dire au revoir, il retrouva avec quelques difficultés la sortie du manoir, croisant Alan sur le chemin.

— Où tu vas ? demanda le bêta d'Ethan.

— En ville, dit-il sans s'interrompre.

— Hé ! s'exclama Alan en le suivant. Tu n'es pas prisonnier ici, mais préviens quand tu vas quelque part tout seul, c'est une des nouvelles règles.

— Je ne fais pas partie de la meute, signala Locas, agacé en retirant son t-shirt.

Il allait se pointer nu sur le lieu de travail de Laura, mais ce serait toujours plus rapide que d'y aller à pied.

— Peut-être, mais tu es sous notre protection en tant que Solitaire, souligna le mâle. Si tu disparais, Greenstep va nous tomber dessus, alors préviens quand tu sors, il y a des chasseurs de changelin et des tensions partout autour de la ville. C'est dangereux ces temps-ci.

Hochant la tête, Locas se changea en loup et détalla dans les bois. Le Loup et l'homme se confondirent dans le même objectif : retrouver Laura. Ça faisait longtemps que le mâle n'avait pas ressenti une telle symbiose avant son animal alors qu'il bondissait par-dessus un tronc couché et courait à travers la nature sauvage du territoire d'Éclipse. Devant lui, les petites bêtes de la forêt fuyaient, mais il n'était pas en chasse et il laissait leur doux fumet s'évanouir derrière lui. À l'approche de la ville, il cessa de courir. Jaykam côtoyait plusieurs territoires changelins, les habitants avaient donc l'habitude de voir passer parmi eux des animaux, mais ce n'était pas une raison pour les effrayants en débarquant comme un bourrin. Il devait absolument avoir l'air changelin, car les humains auraient plus de difficulté à justifier un meurtre de changelin que la chasse d'un loup sauvage.

Le salon de coiffure, tatouage, piercing et autre frivolité où Laura travaillait se trouvait loin des quartiers chics de la ville, dans un enchevêtrement de ruelles étroites remplies de devantures colorées qui proposait de nombreux produit ou service aux habitants et touristes de Jaykam.

La porte était ouverte pour laisser l'air chaud de l'été circuler. Locas entra, attirant le regard d'une poignée de client qui attendait patiemment leur tour. L'odeur de Laura était partout, mélangée à celle de ses différents collègues. Ça ne lui prit qu'une minute pour dénicher la plus fraîche et il trotta sans surprise jusqu'à la pièce séparer du reste de la salle par un rideau d'où s'échappait le bruit d'une aiguille et d'un bout de bois. Les tatouages n'étaient pas une partie de plaisir et Locas gémie en voyant Laura pencher sur le dos d'un homme enfonçant méthodiquement ses aiguilles dans sa peau.

Elle releva la tête en le voyant et blêmi.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle en interrompant son travail.

Locas reprit forme humain et Laura écarquilla les yeux lorsqu'il se dressa nu face à lui.

L'homme qui se faisait tatouer se redressa et le fusilla du regard.

— Hé ! attends ton tour, le nudiste ! râla-t-il.

Locas l'attrapa par l'oreille et le força à se lever alors qu'il couinait des « aie aie aie » pas très virile. Il le mit dehors.

— Reviens plus tard, ordonna-t-il en fusillant l'assemblée du regard, les défiant de s'interposer.

Il ferma le rideau pour plus d'intimité et fixa Laura du regard. Celle-ci semblait avoir du mal à choisir où regarder et elle finit par opter pour la contemplation d'un dessin sur le mur.

— Tu es en colère ? demanda-t-elle d'une petite voix.

Locas soupira et attrapa un paréo qu'elle devait utiliser pour protéger ses victimes lorsqu'elle les tatouait.

— Non, surtout inquiet. Tu vas bien ? Pourquoi tu n'es pas venu ? Je t'ai attendu.

Laura tordait ses doigts clairement mal à l'aise.

— J'ai changé d'avis, marmonna-t-elle en s'activant pour ranger et nettoyer son matériel.

Locas se figea. Changer d'avis ?

— Pourquoi ?

Elle haussa les épaules.

— Je n'y arriverais pas, Locas, chuchota-t-elle d'une voix hantée.

— Bien sûr que tu y arriveras ! s'agaça-t-il.

— Non ! n'insiste pas ! laisse-moi maintenant, tu effrayes mes clients.

Locas serra la mâchoire et songea un instant à insister, mais ce serait contraire à la règle de la fuite. Ce n'était pas physique, mais Laura fuyait, et il n'avait pas le droit de poursuivre sur le sujet.

Jurant à voix basse, Locas se retransforma et rejoignit la forêt en quelques minutes. Il était frustré de ne rien pouvoir faire contre Mael, il allait, pour le moment, devoir se contenter de s'assurer que le loup ne s'approche plus de Laura. Mais il pouvait difficilement le suivre à la trace où même la suivre elle partout où elle allait. Ce n'était pas gênant tant qu'il avait besoin d'elle pour contrôler son loup, mais désormais qu'il lui donnait la chasse une présence envahissante risquait de le desservir.

Plongé dans ses pensées, le loup n'aperçut pas tout de suite l'homme qui se dressa sur sa route.

— Loup ? demanda une voix brisée.

5 - La Meute Eclipse - Lueur SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant