Chapitre 47.

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Locas observa le gâteau brûlé qu'il venait de sortir du four avec un air concentré, comme si en le fixant il allait rendre la pâtisserie plus appétissante. Brigitte, qui observait le désastre par-dessus son épaule, lui tapota doucement l'omoplate.

— Certaines personnes sont faire pour cuisiner, et d'autre pour manger, toi tu es dans la deuxième catégorie, mon petit.

Locas soupira et regarda les trois derniers gâteaux ratés.

— J'aurais quand même aimé cuisiner au moins une fois bien, marmonna-t-il.

Plus tôt dans la journée, il était allé voir Gracias pour lui demander de l'aide, mais celle-ci n'avait pas le temps de former qui que ce soit à la cuisine, la meute organisait une soirée pour la lune d'été qui arriverait vite, c'était une petite célébration personnelle, contrairement aux lunes d'automne et de printemps, mais qui revêtait son importance pour conserver les liens entre le manoir et les différents loups qui vivait dispersés sur le territoire. Tom et elle étaient donc débordés. Brigitte en revanche, une femelle dominante, avait accepter de lui apprendre les rudiments. En vain.

— C'est déjà bien que tu aies essayé, le consola-t-elle avec un air maternel.

Elle n'était pas beaucoup plus âgée que lui, mais il avait l'impression d'être un enfant quand elle était là. C'était le propre de certains loups dominants non violent. Tous les dominants ne cherchaient pas à contrôler ce qui les entourait, certaines se rapprochaient plus des soumis. Dominant, mais calme, protecteur et affectueux. Il était difficile de ne pas apprécier Brigitte quand elle offrait son contact maternel sans condition.

— Je glisserais un mot à Laura pour toi, assura-t-elle et Locas esquissa une grimace.

— Elle n'est pas très coopérative, avoua-t-il en s'adossant au rebord du plan de travail. Elle mange tous les gâteaux que je lui apporte, mais elle refuse de me parler. Je me disais que si je lui en faisais un moi-même ça l'attendrirait.

Brigitte se plaça face à lui avec un air doux.

— Et ça ne t'est pas venu à l'idée qu'elle n'avait peut-être pas envie d'avoir une relation avec toi ?

Locas se mordit doucement la langue pour se retenir de montrer les dents.

— Si... évidemment. Mais je ne sais pas comment faire. Sans elle.

Le mâle croisa les bras, se sentant soudain vulnérable face à cette louve à qui il se confiait.

— C'est peut-être ça, ton problème ? Comment veux-tu réussir à créer des liens avec elle, si tu n'es même pas capable de te suffire à toi-même.

— Je n'ai peut-être pas envie de me suffire à moi-même ? rétorqua-t-il sur la défensive. Peut-être que j'ai envie d'être là quand elle rentre exténuer du travail, de prendre soin d'elle, de l'écouter me parler pendant des heures d'un client chiant. Peut-être que j'ai envie de lui préparer à manger pour qu'elle n'ait pas à le faire.

Locas s'interrompit et regarda les quatre gâteaux.

— Bon, d'accord, commander à Gracias à manger pour qu'elle n'ait pas à le faire.

Brigitte gloussa.

— Quand j'ai rencontré Mike, il était un peu comme ta Laura, soupira-t-elle avec un air songeur.

— Buté ? suggéra-t-il avec un air pince-sans-rire.

— Frileux, gloussa-t-elle. Il ne voulait pas s'engager et surtout pas avec une femme de dix ans plus jeunes que lui !

— Je suis plus vieux que Laura.

Il n'avait jamais vu leur âge comme un problème, ils étaient tous les deux adultes, c'était leur écart de puissance qui semblait déranger Laura au début. Lui, ça le gênait moins qu'il aurait pu le penser d'être amoureux d'une soumise.

5 - La Meute Eclipse - Lueur SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant