Camille était une combattante redoutable.
Locas n'en avait jamais douté, mais alors qu'il esquivait, parfois en vain, ses coups de pied et coups de poing, il était obligé d'admettre que ce serait un peu plus difficile que de mater une jeune louve inexpérimentée.
Son poing rencontra la mâchoire délicate de la lieutenante, et il était certain que si elle avait été humaine, ça la lui aurait brisée. Mais Camille était coriace et elle répliqua immédiatement avec un coup de pied au niveau de ses cotes. Il entendit de craquement sec d'un côté qui se fendait et la douleur aiguë lui coupa la respiration. Il ne se laissa pas surprendre par son coup de griffe pour autant.
Locas entendait l'agitation d'une foule grossissante à mesure qu'un groupe de soldats curieux s'approchait pour les regarder. Le mâle ne s'en soucia pas et tordit le poignet de Camille jusqu'à ce qu'elle se dérobe habilement. La faiblesse de la louve était indéniablement son cardio, elle s'épuiserait plus vite que lui, mais elle frappait fort ! Et elle ne prenait en compte aucune règle de combat, elle était rapide et vicieuse et n'hésitait ni à mordre si à griffer si ça pouvait le déstabiliser.
Bien, pas de quartier, songea-t-il.
Il lui laboura le dos de ses griffes lorsqu'elle tenta une attaque qu'il esquiva plus lentement que prévu. Elle poussa un cri et lui abîma la cuisse à travers son pantalon.
— Abandonne, gronda-t-elle en mettant de la distance.
Il fallait être fou pour penser que c'était là un signe de faiblesse. Oh non, Camille Balefule lui laissait une chance de survivre à leur combat. Locas était salement amoché, mais elle aussi, et si aucun des deux n'acceptait de déclarer forfait, le duel s'achèverait après une mise à terre définitive. Camille ne le tuerait probablement pas, mais il en ressortirait avec des blessures graves et l'inverse pouvait être vrai.
— Non.
— C'est idiot !
Elle cracha du sang.
— Tu risques la mort pour une femme ?
— Pas une femme. Laura.
— Ne me force pas à te tuer, Locas, demanda-t-elle avec un air déterminer.
Et elle était sincère, elle le tuerait s'il lui en laissait l'occasion.
— Non.
Elle attaqua de nouveau, mais ses mouvements était plus lent, ils perdaient tous les deux beaucoup de sang et si aucun d'eux ne prenait le dessus, alors ce serait leurs corps qui lâcheraient. Restait à savoir lequel aurait encore des forces.
Les coups plurent plus violents les uns que les autres et Locas riposta sans scrupule. Une minute plus tard, ils se séparèrent de nouveau pour reprendre leurs souffles.
— Abandonne, répéta Camille.
— Non.
Et ils répétèrent l'action.
Cinq minutes plus tard, Locas n'était plus qu'un tas de bleu et de sang, et Camille n'était pas en meilleur état. Personne ne tenta de les séparer, chacun comprenant l'importance de ce duel. Un genou à terre, Locas reprenait difficilement son souffle. Il sifflait, signe qu'une cote n'était pas loin de percer son poumon.
— Pourquoi tu n'abandonnes pas ? demanda Camille, dans la même position que lui à deux mètres.
— J'ai vraiment besoin de ton aide, Camille, souffla-t-il.
— Pas au point de prendre le risque de mourir !
Elle avait presque l'air désespérée et à ce moment Locas comprit qu'elle ne voulait pas le tuer. Conscience amicale ou morale ? Il n'en savait rien.
— J'ai rien à perdre, rétorqua-t-il. J'ai besoin de ton aide.
Et alors même qu'il pensait qu'elle allait de nouveau attaquer, Camille éclata de rire. Un rire qui s'étouffa dans un borborygme de douleur.
— Tu es un loup surprenant, Locas.
Elle se leva et il l'imita alors même que son corps hurlait au supplice, prêt à la réceptionner pour une nouvelle attaque.
— Peu d'hommes auraient les couilles de demander de l'aide, et moins encore de continuer un combat voué à l'échec. Tu dois vraiment tenir à Laura.
— Plus que tu ne peux l'imaginer, avoua-t-il.
Camille se fendit d'un sourire sauvage imprégné de sang – pas seulement le sien, elle avait essayé de lui arracher la carotide.
— Tu as gagné, Locas, je déclare forfait. Je t'aiderais. (elle hocha la tête comme si elle avait pris une décision) Je t'aiderais, répéta-t-elle.
Puis clopin-clopant, elle traversa la foule de curieux qui s'écarta devant elle. Locas remit un genou à terre, alors qu'il peinait à comprendre ce qui venait de se passer. Une vague de rire lui secoua les épaules et se termina dans un gémissement de douleur alors qu'il se laissait tomber en arrière dans le sable taché de sang de leur arène improvisée.
— Ne restez pas planter-là, ordonna la voix d'Alan, emmener le à l'infirmerie.
Le loup à la peau noire se pencha sur Locas avec un sourire halluciné.
— T'en prendre à Camille... tu es fou ma parole ! Elle pourrait tous nous enterrer si elle le voulait.
Locas ricana ce qui lui causa de nouvelles douleurs.
— Je viens de m'en rendre compte.
Si Camille n'avait pas abandonné, elle aurait gagné, Locas n'avait aucun doute là-dessus. Il avait été un Alpha, mais ça faisait plus d'un an que son corps avait été maltraité, et même s'il reprenait du poile de la bête ce n'était pas suffisant. Camille l'aurait tué. Mais elle l'avait épargné.
— Tu dois vraiment être désespéré, ou dingue de Laura.
Locas fut soulevé pour être mis dans une civière. S'il avait été un jeune loup arrogant, il aurait cherché à rentrer à pied, mais il était suffisamment malin pour savoir que si son corps s'engourdissait, c'était parce qu'il perdait trop de sang. Pas suffisamment pour le tuer, mais suffisamment pour rendre ses déplacements difficiles et le faire tomber.
— Tu n'as pas idée, marmonna-t-il.
Il allait avoir une sale tête dans les semaines à venir, il sentait déjà son visage gonfler, il était heureux que Camille l'ait épargné de ses griffes, sa beauté ne s'en serait pas remise.
Prochaine étape, refaire la cour à Laura. Et essayer de ne pas merder une seconde fois.
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5 - La Meute Eclipse - Lueur Sauvage
FantasíaLocas est brisé. Depuis la mort de sa compagne, il a abandonné sa forme humaine pour se complaire dans son animal, au point que plus personne ne l'appelle par son nom. Désormais Loup, ses seuls plaisirs résidents dans les visites régulières d'une do...