Théodora a du mal à y croire, comme sa fille visiblement. Quand elle regarde les autres pages, la même annonce apparaît au même endroit, sans cesse. Page après page.
– Est-ce que tu vois ce que je vois, ma fille ?
– Comme de l'eau de roche, maman.
Elles se regardent mutuellement en silence, jusqu'à ce qu'Elizabeth saute du banc, dans un état euphorique.
– Je te l'avais dit, Maman, je te l'avais dit ! Tu as vu le salaire ?
Théodora se lève à son tour, serrant le journal entre ses mains.
– C'est totalement irréaliste ! Cent cinquante shilling par semaine, c'est énorme !
D'un seul coup, la joie de la mère s'effondre.
– Ma chérie, ça a l'air trop beau pour être vrai, c'est sûrement une mauvaise farce ou une erreur.
– Et alors ? Qu'est-ce que tu risques, que le prix soit plus bas ? Ce n'est pas si grave, le principal est de ramener de l'argent, que ce soit un penny ou un shilling, nous pourrons manger à notre faim.
– Qu'est-ce qui se passe ?, demande soudainement Victoria, ce qui fait sursauter sa mère.
Encore déboussolée, Théodora ne parvient même pas à répondre. C'est Elizabeth, le sourire aux lèvres qui se tourne vers sa sœur.
– Maman va démissionner car elle a trouver un boulot mieux payé.
Anne accourt vers sa mère en entendant la conversation.
– C'est vrai, maman ?
Théodora se tourne vers sa fille, qui lui hoche la tête et lui fait un clin d'œil, confiante de son idée. Sa mère lui sourit et s'accroupit devant ses filles.
– Et oui ! C'est vrai ! Mais ce n'est pas encore gagné, je dois passer un entretien avec la comtesse. Je m'y rends demain soir.
– Une comtesse ?, crie Anne, ses yeux globuleux semblent sortir de ses orbites
– Oui, une dame de la haute société, répond la jeune femme en se redressant.
Victoria et Anne se regarde avant de se jeter dans les bras de leur mère, rejointe par Elizabeth. Elle serre ses filles dans ses bras tandis qu'elles rentrent chez elle. Le reste de la journée, elles ne se sont pas quittés d'une semelle. Elles n'ont pas arrêtés de rire et de se raconter des blagues. Quand en fin de journée, Big Ben sonne vingt heures, la famille se couche sur le matelas mais Théodora ne s'endort pas tout de suite.
Ce jour restera gravé dans sa mémoire. Jamais elle ne s'est sentit aussi heureuse depuis longtemps.
« C'est peut-être la fin du cauchemar. Cela semble complètement fou, je... »
La Lune offre de nouveau son doux et enchanteur spectacle devant le cadran de Big Ben. Théodora se lève pour se rendre devant la fenêtre et à voix haute, de tout son cœur, elle lui dit:
– Merci. Merci mille fois, je serais à la hauteur, je le promets.
Alors qu'elle termine sa phrase, une étoile filante passe derrière la grande horloge de Londres avant de disparaître dans le bleu de la nuit. Les larmes aux yeux, Théodora sourit et va se recoucher.
« Je vais vraiment finir par croire aux miracles. », se dit-elle, le sourire toujours là.
D'un coup, elle met à penser à l'entrevue qui l'attends demain soir. Son cœur s'accélère et tambourine dans sa poitrine.
« J'espère que je serais à la hauteur, il le faut. Pour mes filles. Mais maintenant que j'y pense, pourquoi une entrevue la nuit ? C'est inhabituel. »
Sur cette question, Théodora s'endort, persuadée qu'entre le donateur au chapeau extravagant et l'annonce du journal, cette journée ne peut pas être plus bizarre et extraordinaire.
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La Veuve et le Pianiste Tome 1, Bluewaffle House
خيال (فانتازيا)Dans le Londres victorien, la veuve Théodora et ses trois filles vivent dans un des quartiers les plus pauvres de la capitale. De plus, à l'approche de Noël, la jeune femme perd son travail suite à un coup monté. Mais un étrange hasard l'amène à Blu...