La Veuve et le Pianiste Tome 1, Bluewaffle House

Chapitre 35

Tout en y réfléchissant, elle regarde tous les commerces et ce nouveau monde autour d'elle. Elle remarque que les maisonnettes sont de tailles inégales, mais la couleur blanche et la présence de plantes grimpantes est toujours aussi foisonnante. Les réverbères sont aussi envahis par la végétation. Elle voit que certaines maisonnettes ont des escaliers en bois qui montent jusqu'aux toits. Mais ce qui interpelle la jeune femme, ce sont les habitants eux-mêmes. Lorsqu'ils s'envolent, ils semblent rapetisser une fois qu'ils ont atteint une certaine hauteur, et une fois au niveau du ciel, ils ont l'air de devenir des lueurs dorés qui virevoltent comme des lucioles.

Ce qui se passe au sol est tout aussi insolite. Elle voit des fées vendant des flacons de toutes les couleurs, d'autres des bijoux représentant des soleils et des lunes multicolores. Elle aperçoit d'étranges salons où des fées sont en train de « toiletter » leurs ailes, des épiceries où on vends des pâtisseries bleues, vertes et roses qui pourrait faire mourir d'envie n'importe qui, certaines d'ailleurs ont 'air d'avoir été faites par les meilleurs pâtissiers du monde.

« Je comprends pourquoi les fées ont tant de caries, tout à l'air si bon. »

Mais elle voit aussi des commerces plus ordinaires comme des barbiers, des boutiques de vêtements magnifiques, des chapelleries aux couleurs excessives et aussi des librairies qui ont l'air gigantesques, faisant parfois plusieurs étages.

_ C'est bon, Théodora, on est arrivées, dit Danielle, souriante jusqu'aux oreilles.

La jeune femme regarde là où elles se sont arrêtées et ne peut s'empêcher de sourire. On dirait une ancienne auberge comme on pourrait en trouver en Irlande, un peu comme un vieux pub. La seule différence c'est que cela ne sent pas l'alcool, c'est tout le contraire. Une odeur légère et floral en émane. Une pancarte suspendue leur souhaite la bienvenue et le nom de cette auberge:

The Watered Flower

_ C'est ici qu'on va boire quelque chose ?

_ Oui ma chère, entrez je vous prie.

Elle pousse la porte et immédiatement, plusieurs odeurs de fleurs différentes la prennent au nez. Mais c'est très agréable et cela la plonge dans une certaine nostalgie.

« Ça sent si bon, on se croirait dans le jardin de mes parents. »

Une horloge se met à sonner neuf heures et demi. Celle-ci est accroché derrière un bar, entre plusieurs bouteilles...

_ Oda, ce sont des bouteilles de lait ?

_ Oui, c'est la boisson principal des fées, vous allez voir. On est ici dans un « bar à lait », on y retrouve tous les laits: le lait de vache, de chèvre et même d'ânesse. Asseyez-vous, je vous en prie, nous allons commander.

Elle lui désigne une table avec quatre chaises, toutes en bois. Théodora s'assoit sur l'une d'elle près de la fenêtre. Enfin, un vitrail plutôt, de couleur mauve, vert, bleu et rose. Elle en voit d'ailleurs d'autres, tous aussi beaux les uns que les autres. Elle remarque aussi que chacun représente un arbre de chaque saison, ils sont entourés de fleurs de saison splendides. Tout comme l'auberge en général. Il y règne ici une ambiance à la fois familiale, enchanteresse et noble. C'est un petit lustre en cristal qui éclaire cet endroit merveilleux, il semble qu'au lieu de la brique et de la pierre, tout ai été construit dans les racines d'un arbre. Même les chaises et les tables sont comme des racines qui ont poussé vers le haut et malgré l'apparence rugueux, c'est très confortable. Ceux-ci sont décorés de fleurs diverses comme des roses, des jonquilles ou encore des bleuets. Les lampes sont quand à elles, également en forme de fleurs. La jeune femme reconnaît des violettes qui entourent le dossier de sa «chaise-racine».

« Je crois qu'il n'y a pas d'autres mots pour décrire cet endroit que magnifique. »