Chapitre 18

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Elle s'éloigne de la porte et descends les escaliers. Mais une fois rendue au rez-de-chaussée, elle s'arrête et regarde autour d'elle.

« Je dois passer par où pour aller à la cour arrière ? »

Tout à coup, l'écureuil et le lapin de tout à l'heure apparaissent à ses pieds mais visiblement, aucun des deux ne maîtrisent le freinage et viennent se cogner contre la cheville de Théodora, ce qui la fait bien rire.

« S'il habitent ici, ils doivent savoir par où passer pour aller à la cour arrière. Non, je ne vais tout de même pas demander mon chemin à des animaux, c'est ridicule. »

Comme s'ils avaient entendu, les deux bestioles foncent vers la porte au bout du couloir et se mette à gratter dessus, en regardant la jeune femme.

« Oh c'est sûrement par là. »

Elle ouvre la porte. Celle-ci débouche encore sur un couloir, mais celui-ci est entièrement fait de bois sombre avec au bout une double porte en verre. Trois grands lustres de cristal guident son chemin. Sur le coté, il y a quatre grandes portes ouvertes. Quand Théodora passe devant, elle peut voir à sa gauche, une grande bibliothèque avec des divans et des fauteuils écarlates, à sa droite, un atelier de peinture avec des tableaux, certains sont colorés et vivants tandis que d'autres plus sombres, représentent des monstres de toutes sortes. Ce n'est pas tous les jours qu'elle rencontre un peintre, et en plus une femme! Il va finalement devoir qu'elle s'habitue à ce que son employeur sorte vraiment des gonds de la société.

Quand elle continue d'avancer, la seconde porte à gauche ouvre sur le troisième boudoir qu'elle voit dans la maison et à droite, une énorme salle vide mais décorée comme dans un palace.

« Une salle de bal ? Décidément, Bluewaffle House est vraiment surprenante. »

Théodora arrive au bout du couloir et ouvre la double porte. Dehors encore, une surprise l'attend:

« C'est magnifique.»

La cour arrière est bien plus grand qu'elle l'a pensée, entourée des grilles noires et du brouillard, la nature jardinée à l'anglaise avec une allée principale divisé à première vue en six chemins parallèles, sont parsemés de buissons sauvages et de deux grands saules pleureurs. Mais ce que voit tout de suite la jeune femme, ce sont les splendides statues féminines baroques qui donnent au à la cour-arrière, un aspect de rêve. Juste à coté d'elle, de grands pots où sont plantés de beaux camélias, de pivoines et même des Morning Glories blanches.

Alors qu'elle admire ces fleurs, Danielle arrive derrière elle, maintenant couverte d'un petit manteau en laine rouge, lui tend son châle brun, qu'elle saisit immédiatement.

« C'est vrai que c'est bien mieux chauffé dans la maison. »

Elle se tourne vers Danielle.

_ Savez-vous où je pourrais trouver l'arrosoir ?

_ Oui, tenez. Commencez par les Morning Glories, Grand-mère y tient beaucoup, ce sont ses fleurs favorites.

_ Très bien. J'y pensais, il n'y a pas de jardiniers ici ? Votre cour est tellement grande.

_ Non, Grand-mère préfère s'en occuper elle-même sauf pour les arrosages, elle déteste l'eau. C'est pour ça qu'elle préfère que vous le fassiez et avant c'était moi qui m'en occupais.

« Elle n'aime pas l'eau ? C'est...particulier. »

_ Elle n'a pas pu engager de jardiniers ?

_ Non, nous sommes, comme vous l'avez vu, très isolés de Londres et personne ne veut travailler pour nous, malgré que ce que Grand-mère paye.

Théodora est perplexe.

_ Pourquoi cela ?

Danielle paraît d'un seul coup devenir pâle et légèrement angoissée. Elle écarquille les yeux avant de se remettre à parler.

_ Je l'ignore, Grand-mère me l'a jamais dit.

La jeune femme hausse les épaules et continue d'arroser les fleurs tandis que Danielle rentre dans la maison. Malgré le froid piquant, le silence qui règne dans ce jardin aux mille couleurs pétillantes offre une certaine quiétude à la jeune veuve.

« C'est si calme ici. Si on oublie le faste et la grandeur, ce serais ce genre de tranquillité que je voudrais pour les filles. Loin de la ville, loin des regards qui nous jugent, loin de la pauvreté. Seulement elles et moi. »

Alors qu'elle finit d'arroser les Morning Glories, elle entends tout à coup un bruit qu'elle a déjà entendu.

« Ce soupir...Il a l'air si...proche. Mais d'où peut-il venir ? »

Elle regarde à sa gauche et à sa droite mais elle ne voit rien. Puis elle regarde en haut du coté de la maison et là, son cœur s'arrête. Tout en haut de la façade arrière de Bluewaffle House, une grande fenêtre laisse entrevoir une tâche grise. Quand Théodora regarde, elle voit qu'il s'agit pas d'un rideau, mais d'une silhouette humaine. Un homme précisément, qui regarde dehors. La jeune femme peut d'ailleurs voir qu'il porte un costume noir et une chemise blanche. Malgré cette intervention inattendue, Théodora ne ressent aucune peur, ni panique quand elle voit le visage de l'homme.

« Il a l'air si triste. »

Tout à coup, l'homme tourne le visage vers elle et ils se regardent dans les yeux pour la première fois. Théodora ne bouge pas, elle semble totalement immobile, comme hypnotisée par ces profonds yeux noirs. Lui non plus ne bouge pas.

« Est-ce lui j'ai entendu tout à l'heure ? »


La Veuve et le Pianiste Tome 1, Bluewaffle HouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant