Chapitre 31

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Le jeune femme sort du brouillard pour se retrouver à James V Avenue, couverte de la brume matinale de Londres. Il n'y a encore pas foule et cela arrange Théodora.

« Au moins la circulation ne sera pas aussi difficile, autant se mettre en route tout de suite. »

Elle saisit la carte et regarde sa première destination. Une adresse qu'elle connaît uniquement par sa popularité, elle ne s'y est jamais rendue personnellement. Ce sera l'occasion de la voir pour la première fois.

« Bon allons-y. »

Son châle toujours sur ses épaules, elle entame son chemin.

Théodora ne tarde pas à voir la grand cadran de Big Ben se dévoiler devant elle, qui a toujours l'habitude de le voir depuis sa misérable fenêtre, en pleine nuit et entouré de nuages. Le voir de plus près, alors au début de l'aube lui offre un tout autre visage mais qui ne perds en rien de sa majesté. Les murs du Parlement, à ses cotés, semblent encore endormis, sans aucune lumière aux fenêtres. Même si elle au cœur de la cœur de la politique britannique, le peu de personnes qu'elle croise ne sont que les allumeurs de réverbères et quelques passants quelconques. Seul le froid de l'hiver est présent de façon permanente mais ce n'est qu'un lieu de passage pour sa véritable destination, située à trois rues d'ici.

Après avoir longé une partie du James's Park, le plus vieux des parcs royaux de Londres, elle tourne enfin sur la célèbre Downing Street où le 10 habite la plus grande élite du gouvernement britannique, juste après la reine Victoria. Celui-ci est entouré de deux policiers, ce qui est plutôt ordinaire quand on sait que ses appartements sont la résidence officielle du Premier Ministre de la Grande-Bretagne. mais Théodora se trouve sur le trottoir d'en face, son esprit est donc détendu. Elle se rappelle encore de William Edward Gladstone, le dernier ministre qu'il y a eu à cette adresse avant que son secrétaire des affaires étrangères, Lord Rosebery ne le remplace après sa démission. Mais la particularité de son prédécesseur est qu'il a été élu quatre fois au rang de Premier Ministre.

« Ce qui n'est pas rien, pense la jeune femme, il me semble d'ailleurs qu'il était aussi très apprécié par tout le monde en général, sauf évidemment son rival Benjamin Disraeli et la personne la plus importante qui soit qui n'est autre que sa Majesté en personne. »

Elle sourit légèrement alors qu'elle s'éloigne de cette adresse légendaire pour suivre le chemin de la carte. Il la conduit de l'autre coté après plusieurs demeures gardées par un mur imposant de pierre, qui ferme le quartier de Westminster pour ouvrir sur celui de Whitehall. La rue y est très large et tout aussi calme que le reste de la capitale mais ce qui impressionne Théodora, ce sont tous les signes de la misère disparus. Les demeures sont entretenues et reflète la richesse économique de l'Angleterre, que ce soit la présence de nombreux magasins de grande qualité ou encore ces énormes bâtiments dont même l'un en colonnades, un autre une coupole et ils possèdent tous beaucoup de fenêtres. Les rues sont presque lisses, seulement marqués par le traçage des roues des calèches et même les décorations de Noël, qui ne se rallumeront qu'une fois le soir venu, sont d'ailleurs d'une plus grande envergure que celles sur Wishes Street. C'est une bonne chose qu'il soit encore tôt au matin, il n'y a pratiquement personne.

« C'est magnifique mais je n'appartiens pas et sûrement jamais à ce monde. Au moins, personne ne verra. »

Elle jette un nouveau coup d'œil à la carte et voit que le premier point s'arrête à sa gauche mais une fois arrivée, Théodora se retrouve face à un entre deux-murs de deux maisons, l'une à briques rouges et l'autre, blanches. Elle fronce les sourcils et la perplexité envahit son être.

« Est-ce que je me serais trompée ? Non c'est bien là. »

Soudain, un objet attire son intention dans le champs de sa vision. En levant légèrement la tête, elle aperçoit des petites clochettes en cuivre, en nombre de cinq, pas plus petites que la taille d'un pouce, trois d'entre-elles superposent les deux dernières. Elles sont suspendues par des potences en appliques sur les murs, en cuivre aussi visiblement et sont même décorés chacune d'une petite rose.

Mais Théodora ne voit aucune porte.

« C'est étrange de placer des clochettes ici. Et Oda n'en parles pas dans son poème. »

Elle regarde de nouveau celui-ci espérant trouver quelque autre indication qu'elle aurait manqué mais rien n'attire son intention. Mais en jetant un bref regard en bas de la feuille, elle voit en effet une note qui lui semblait invisible.

Pour ne pas vous perdre, sonnez, suivez et arrivez sans crainte.

« Décidément, je dois avoir un problème aux yeux. » pense la jeune mère, désespérée d'elle-même.

Elle tends le bras vers les clochettes et avec son index, vient tirer sur la cordelette accrochée au battant de la première. Un son doux en sort mais rien ne se passe.

« Peut-être faut-il toutes les sonner ? »

Elle regarde autour d'elle, la rue et les trottoirs sont encore bien calmes, les seules passants présents ne lui prête aucune intention et ils sont assez éloignés, comme noyés dans la brume du matin.

Théodora retend son bras et sonne toutes les cloches. Aucune d'elle n'a la même son, une note simple et unique. Mais il ne se passe toujours rien.

Quand tout à coup, un bruit lourd retentit comme si quelqu'un était en train de frapper les deux murs, si soudain que la jeune femme recule jusqu'au bord du trottoir. Son cœur s'accélère sans qu'elle ne puisse le contrôler.

Elle n'a même pas le temps de paniquer que quatre sons similaires se font entendre. Et d'un coup les deux murs se mettent à se disloquer, briques par briques le long de leur ligne commune. Cette fois-ci, c'est sa respiration que Théodora sent s'emballer aussi, elle se met même à se saccader.

« Qu'est-ce qui se passe ? Je n'ai rien fait ! »

Les briques continuent à se déplacer mais la jeune mère remarque que celles-ci bougent vers l'intérieur et qu'au fur et à mesure qu'elles bougent, la ligne entre les deux maisons semble s'ouvrir également.


La Veuve et le Pianiste Tome 1, Bluewaffle HouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant