Chapitre 44

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_ Comment allez-vous aujourd'hui ?

_ Très bien, j'ai dormi comme un mort, à se demander si ce n'était pas vraiment le cas!

Un rire sonore sort de sa bouche, ce qui amuse la jeune mère. Comment arrive-t-elle à être de si bonne humeur le matin ? Son sourire lui fait presque oublier la tête de corbeau.

« Oh, elle est toujours dans mon dos !»

Danielle fronce soudain les sourcils. La nervosité de la jeune femme refit surface.

_ Qu'y a-il derrière votre dos, demande t-elle en se penchant sur le coté, le regard essayant d'atteindre l'objet de son questionnement.

_ Rien du tout, très chère Danielle, juste une broutille que votre grand-mère veut que je déplace.

Théodora essaye de rester naturelle mais son inquiétude grandit car elle sait qu'elle sait que le mensonge n'est pas sa tasse de thé.

La petite fille continue de froncer les sourcils jusqu'à ce qu'ils se détendent et hausse les épaules.

_ Très bien je vous crois, après tout, ce n'est guère étonnant, comme disait mon père, Grand-mère a autant de bibelots qu'un roi n'a de chevaux. Je vous laisse à vos occupations, je vais à la bibliothèque.

Danielle s'éloigne après avoir effectué une élégante révérence comme si Théodora était une dame, non sans faire virevolter sa robe bleue. La jeune femme entend ses pieds chaussés frapper contre le sol avant de disparaître, précédés par la fermeture d'une porte. Elle soupire de soulagement.

« Mentir c'est péché mais au moins, elle n'a rien vu. Je ne sais comment aurait réagi Oda si en rentrant, elle voyait sa petite-fille en larmes. »

Elle repose la boite métallique sur le plan de table et essaye de se retenir de la regarder en sachant ce qu'il y a, à l'intérieur mais elle n'y parvient pas. Elle est vraiment belle, Théodora retient ses doigts d'aller parcourir les reliefs des baies bordeaux. Si l'apparence l'attire, ce qui se trouve à l'intérieur l'en éloigne. Elle ne risquera pas de s'y frotter, même pour ne serait-ce, qu'en caresser la beauté.

Elle pousse d'avantage la boite pour ne plus être tentée de la toucher et hors de vue en cas où Danielle reviendrait dans les parages. Puis, elle repense qu'elle a encore le sang à nettoyer à l'entrée avant qu'Oda ne revienne.

« Il faut que je fasse vite. Il me faut un autre torchon. »

Le même son venant du tiroir se fait à nouveau entendre. De nouveaux torchons gris foncé sont pliés à l'intérieur. Théodora esquisse un sourire tout en se saisissant de l'un d'entre eux.

« Merci, Monsieur le tiroir. », pense-t-elle, se sentant à nouveau bien ridicule de remercier un tiroir. Elle en oublie presque la tête de corbeau mais la réalité lui revient rapidement à la vue des gouttes de sang par terre et c'est avec une mine dégoûtée qu'elle se met à quatre pattes et commence à le nettoyer.

« Ce n'est vraiment le genre de journée à laquelle je m'attendais alors que j'allais revoir Théodore. »

Elle lève alors la tête comme si elle pouvait le voir à sa fenêtre malgré la toiture au-dessus du porche; son beau visage triste qu'elle aime revoir dans ses pensées chaque nuit. Et malgré que le torchon dans ses mains se teinte peu à peu de rouge, les lèvres de Théodora parviennent à esquisser un semblant de sourire.


La Veuve et le Pianiste Tome 1, Bluewaffle HouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant