Épilogue

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_J'avais une question Théodora.

_Je vois que vous aussi vous aimez en poser, n'est-ce pas ?

Oda étouffe un ricanement. Assise sur son fauteuil, elle rédigerai la lettre pour le Coven de Londres depuis cinq bonnes minutes. L'atmosphère n'était pas au beau fixe entre la tête de corbeau, sa dispute avec sa patronne qui semble déjà faire partie du passé et l'accident de Danielle. Mais Théodora est soulagée qu'elle puisse alléger la tension.

Après tout, un grand danger qui lui est encore inconnu l'attend.

_Je vous écoute, lui répond-elle alors qu'elle épluche des pommes de terre.

_Comment êtes-vous tombée sur mon annonce ?

_Oh ça ! Elle est comme... "apparue" dans le journal que je venais d'acheter. À chaque page que je tournais, elle était là. Comme si..., comme si...

_ Elle vous étais destinée.

Même si elle ne la regarde pas, la jeune femme devine le sourire d'Oda.

_Oui, on peut dire ça. Comme je pense que c'est grâce à lui.

_ À qui donc ?

Théodora laisse son éplucheur un moment pour se tourner vers sa patronne, toujours affairée à la rédaction de sa lettre.

_Un homme s'est approché de moi et de ma fille et nous a lancé une pièce d'un penny. C'est ainsi que j'ai pu acheter le journal.

Un son métallique se met à retentir. Oda venait de faire tomber sa plume. Quand elle se tourne vers Théodora, celle-ci reconnaît le regard noir de peur qu'elle a croisé tout à l'heure.

_Théodora, avez-vous fait un vœu ?

La jeune mère fronce les sourcils.

_ Oui plusieurs fois, oh vous savez, avec ma situation, avant que je ne vous rencontre, je faisais un vœu tous les soirs.

_ À la pleine lune ?, demande prestement Oda en se levant brutalement.

_ Euh ou.. oui, balbutie-t-elle.

_Oh non...

La sorcière se laisse alors tomber sur la chaise, sous le choc. Théodora se lève à son tour et s'agenouille devant elle.

_Que se passe-t-il ? Vous allez bien ?

_Vous êtes en danger, chuchote-elle.

Des frissons parcourent le dos de la domestique et elle ressent une certaine tension dans ses doigts. Ce que va lui dire Oda ne va pas lui plaire.

_Vous avez un vœu à la Pleine Lune, mon amie. Vous avez demandez un miracle et il s'est réalisé mais quelqu'un en est responsable. Quelqu'un de sûrement pas recommandable, et sans doute très dangereux.

_De qui s'agit-il ?

_Je ne sais pas qui précisément mais je sais ce qu'il est. C'est un Enchanteur.

_Un Enchanteur ?

_Ils sont arrivés après les Sorcières mais si nous, nous essayons de nous intégrer avec diplomatie parmi les humains, les Enchanteurs eux, sont perfides et sournois. Ils utilisent les humains à des fins personnels peu enjaillantes car ils se nourrissent de leur détresse. C'est la source de leur pouvoir. La Pleine Lune est non seulement leur symbole mais aussi un moyen de repérer les humains en perdition, au comble du désespoir. Les rayons parcourent la nuit, à la recherche d'un vœu formulé par un humain et l'Enchanteur le réalise.

Théodora tressaille.

_Quel est alors le problème ?

_Un service n'est jamais gratuit, ni sans conséquence. Il viendra, ma chère. Il viendra pour vous demander quelque chose en retour et ce n'est jamais une broutille ou quelque chose d'anodin. Ce sera important, plus que vous ne le croyez.

La jeune mère retombe sur ses genoux, le regard perdu sur le tapis.

Ce doit être un cauchemar, rien de plus.

Une nouvelle vie s'ouvrait à elle mais elle semble aussi douteuse et incertaine que la précédente.

La main chaude et ridée d'Oda vient se poser sur sa joue pour relever sa tête vers elle.

_Mais je l'empêcherai de vous faire du mal, je vous le promets. Il ne toucheras pas à un seul de vos cheveux.

Théodora ne peut plus retenir ses larmes. Pas seulement par la peur mais aussi le soulagement d'être avec Oda.

D'être en sécurité.

_Et je vous ai mentit tout à l'heure, dit Oda la gorge nouée, j'ai ma petite idée sur qui c'est.

_Qui est-ce ?

_Quelqu'un que je croyais mort et j'aurais préféré qu'il le soit. Un des Enchanteurs les plus puissants d'Angleterre et aussi l'un des plus dangereux. Orost Doridge.

Oda laisse une larme couler sur sa joue, tout en continuant de regarder la jeune femme, perplexe et terrifiée.

_ Mon frère.


La Veuve et le Pianiste Tome 1, Bluewaffle HouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant