Chapitre 6

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Plus tard, à la pause du midi, Théodora mange seule, comme toujours. Mais cette fois-ci, c'est un choix personnel. Les évènements de ce matin la bouleversent encore, sauf qu'en réalité, une certaine quiétude s'est posée sur son esprit. Elle a tout raconté à Mme Clubb et celle-ci lui a montré toute sa compassion.

« Je l'ai fait, je l'ai fait... », ses pensées se bousculent dans sa tête.

« Enfin. », ce dernier mot lui pousse un soupir de soulagement.

Elle a réussi à clouer le bec de ses mégères. Elle a riposté et montré qu'elle est capable de se défendre.

« Peut-être que les choses iront mieux à présent. Dieu m'entende. »

Sur cette dernière pensée, Théodora finit son pain et son bacon et avec le cœur plus léger, se relève pour aller reprendre le travail. Les autres blanchisseuses baissent la tête devant elle, sauf Constance qui lui lance un sourire malfaisant. Cette vision interpelle la jeune femme. Elle la connaît, cela ne sent pas bon pour elle.

« Qu'est-ce qu'elle me veut ? Va-t-elle néanmoins continuer à me faire du mal ?»

Sur cette pensée, elle reprends courage.

« Si elle recommence, cette fois-ci, je ne me laisserais pas faire. »

Après avoir passé la porte du réfectoire, elle se rends dans l'atelier, mis sous silence depuis midi. Big Ben sonne alors midi trente. Mais quand elle passe la porte de son lieu de travail, le sang de Théodora ne fait qu'un tour: les draps et le linge blanc sont couverts de mauve, même ceux qui sont en train de sécher. De grandes tâches violettes ici et là, partout. En regardant par terre, Théodora trouve vite le coupable: une part de tarte aux myrtilles est en mille miettes. Seul son bassin est intact, de quoi lui faire porteur le chapeau.

« Constance, voilà ce qui expliquait son sourire. »

Mais elle ne veut pas perdre de temps à penser à cette mégère. Elle se rue vers un des bassins pour essayer au moins de limiter les dégâts et une autre mauvaise surprise l'attend: l'eau est décolorée à cause du jus des myrtilles.

« Oh non, non, non. »

Son cœur s'accélère alors que ses mains s'affairent à rincer une chemise blanche, devenue mauve. D'un coup, la porte de l'atelier s'ouvre sur Mme Clubb, qui devant le désastre la regarde folle de rage.

« Non...», son esprit est envahit par la peur.

– Non..., dit-elle en secouant la tête.

Mais en voyant le regard de sa cheffe, elle comprends qu'elle a perdu et laisse la chemise tomber de ses mains qui s'enfonce jusqu'au fond du bassin comme ses larmes, en sachant ce qui va lui arriver.

Mme Clubb peut pardonner un coup poing, mais gâcher le fruit d'un travail laborieux, elle ne le laisseras pas passer.


La Veuve et le Pianiste Tome 1, Bluewaffle HouseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant