Chapter 16

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Le marteau frappait contre le bois à plusieurs reprises, mon estomac était noué et mon corps entier tremblait, menacée par les milliers de frisons qui parcouraient mon corps.

Accompagnée de mon avocat et lui du sien, on se regardait. Le temps s'était comme arrêté. La séance avait débuté depuis quelques minutes déjà, cela faisait deux semaines que j'avais quitté la maison. Et aujourd'hui, c'était probablement la dernière fois que nous nous croisons.
On s'observait en silence, comme si on essayait de communiquer sans aucun mots. J'étais à bout et j'avais prise cette décision, tout s'était enchaîné rapidement et contre nous. Je n'étais pas aussi puissante que je prétendais être, en réalité, j'étais très faible. Mais cela ne se voyait pas, j'arrivais à tout masquer avec mon sourire. Mais alors, pourquoi je n'arrivais pas à sourire désormais ?

Ses yeux noisettes me scrutaient, comme s'il voulait s'encrer mon visage dans son esprit. Je baissais ma tête et regardais mes doigts emmêlés les uns aux autres. Puis, l'objet brillant attirait mon regard. Pourquoi n'avais-je pas réussis à le lui rendre ?
Je connaissais cette réponse qui m'étais secrète.
Mais je ne voulais plus écouter mon coeur qui prenait des décisions dans lesquelles je me blessais.
Pour la première fois de ma vie, je voulais écouter mon esprit et non mon coeur.

Mon avocat se levait pour tendre une feuille au juge.
J'avais enlevé la bague et l'avais déposé sur la table en bois placé devant moi. J'avais demandé la garde de Léon, il allait pouvoir le voir tout les mois, mais j'avais mis une clause dans cette demande, c'est Zack qui allait récupérer Léon pour le ramener chez son père. Je ne voulais plus prendre contact avec lui...

Catrice, c'est toi qui a brisé notre amour. À cause de toi, on a sombré dans le désespoir...

Notre relation était comme une voie sans issue, sans aucun espoir...
Dario avait vu la bague, son visage était fermé.

Aujourd'hui, je venais de faire l'acte la plus égoïste que je n'avais jamais faite, penser d'abord à moi. Mais je savais que je me voilais la face, en réalité, la plus heureuse dans cette histoire, ça allait sûrement être Lola. Elle avait enfin retrouvé sa mère, sa « vraie mère » comme elle aimait si bien dire..

Je me souviens de notre première rencontre, lorsqu'elle s'était ouverte la main en faisant tomber un bout de verre, elle semblait si rassurée par ma présence. Et maintenant, mon existence l'incommodait plus que tout...

Ma main allait sur mon ventre, comme si j'espérais que tout ce que je vis en ce moment ne soit qu'un cauchemar et que je vais me réveiller dans quelques secondes, je voulais y croire. Mais le marteau du juge, me faisant sursauter, m'accrochait à la réalité des événements.

Le divorce venait d'être prononcé, Dario n'avait rien voulus hormis la visite de son fils et moi, j'avais seulement demandé à mettre des distances entre lui et moi...

En quittant la salle d'audience, je serrais la main à mon avocat en le remerciant avant de marcher vers la sortie mais une fois dehors, devant le tribunal. Quelqu'un me retenait par l'épaule,

— Evana.

Je me retournais vers mon interlocuteur que je connaissais depuis longtemps.
Il prenait ma main et y déposait la bague avant de la refermer.

Garde cette bague, considère le comme un cadeau d'un de tes amis proches, tu sais, cet ami que tu as rencontré sur le réseau social, Dario. Considère que c'est un cadeau de lui. Tu peux oublier tout le reste mais pas cette amitié.

Je fourrais ma main dans la poche de ma veste, je ne voulais pas le regarder, pas maintenant, j'avais trop peur de ne pas être capable de partir. D'avoir mal à nouveau.

Je lui tournais le dos et descendais dans la rue. Je me mordais la lèvre pour m'empêcher de pleurer, j'avais tellement mal, mais pas plus mal que la douleur qui me transperçait le cœur.

Assise sur un banc, je prenais une grande inspiration. Je n'avais pas pu me retenir et je pleurais déjà alors que je m'étais battue contre ma propre volonté, ça n'avait pas fonctionné.

— Tenez madame, je relevais la tête, un petit garçon au teint légèrement basané et aux yeux brillants me tendait un paquet de mouchoir.

Il portait un sac, sûrement beaucoup trop lourd pour lui.

— Merci, j'effaçais mes larmes et me mouchait doucement tout en le regardant.

L'enfant me souriait, ses yeux bridés s'étiraient. Il s'installait au sol, sur le trottoir en face de moi.

— Comment vous vous appelez ? Il me demandait.

— Evana et toi ?

Arun*, il me répondait en souriant de toutes ses dents.
*(Prononcé Aroun).

Ses vêtements étaient déchirés et sales, ses chaussures étaient troués.
Je sortais deux barre de céréale de mon sac et lui en tendais une.

— Tu m'accompagnes ?

Il hochait la tête en l'attrapant.

— Merci.

— Derien. Tu as un très beau prénom, ça a une signification particulière ?

Il croisait les jambes et son sourire s'agrandissait.

Ça veut dire soleil en cambodgien, j'étais né pendant un jour où il faisait beau et mes parents m'ont mit ce nom d'après ce que j'ai entendu.

— Comment ça ? Tu en es pas sûr ?

Son sourire s'évanouissait.
Mes parents sont morts, c'est ma mamie qui me gardait mais elle est partie auprès de mes parents, ça fait longtemps.

— Tu n'as personne d'autre ? Je m'installais auprès de lui.

Il secouait la tête en finissant sa barre.

Des frères dans la rue m'ont accueillit, on vends des mouchoirs ensembles. Ils gardent l'argent pour acheter à manger à tout le monde.

Je le regardais avec précision, il avait l'air d'être un gentil garçon, son état me faisait de la peine, je ne voulais pas le laisser retourner dans ces affaires.
Il méritait d'aller à l'école, d'avoir un endroit où vivre et de manger à sa faim. Il était d'une maigreur surprenante.

— Je dois retourner travailler, merci pour la barre madame.

Il s'apprêtait à partir mais je l'arrêtais en lui prenant le bras, il poussait un cri strident.

— Tu vas bien ? Je me dépêchais de le lâcher.

Il s'asseyait sur le goudron en pleurant tout les larmes de son corps. Il tenait fermement son bras.

— Je suis infirmière, laisse-moi voir.
Je touchais doucement son bras, jusqu'à son poignet puis remontait jusqu'à son épaule où il criait.

Il s'est déboité l'épaule ! Mais comment un enfant peut-il y parvenir ? Il faut un gros choc pour provoquer cela !

Je l'aidais à se remettre sur pied et prenais au passage son sac, cet enfant devait partir à l'hôpital.
Je me dépêchais de passer un appel.

— Oui Evana ?

— Tu peux venir près du Hyde Park ? J'ai besoin de ton aide, tout de suite, c'est très urgent.

Avis ? 🌞💔

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