Chapter 28

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Evana,

— Papy ?

Il avait comme son habitude, un cigare pendu entre ses lèvres et son chapeau qu'il ne quittait jamais. Ses yeux bleus me toisaient, puis ses lèvres s'étiraient faisant apparaître davantage les rides qui étaient présent sur son visage.

— Je ne vais pas te demander ce que tu fais chez ton ex mari, je suppose que tu as tes raisons.

Qu'est-ce qu'il sous entendait ?

— Vous avez mal compris, on ne s'est pas remis ensemble, elle est venue pour me parler d'un sujet qu'il fallait qu'on mette au clair, se justifiait Dario sans broncher.

Il avait un sourire exagéré et on s'était regardé avec Dario.

— Je ferais mieux de partir, je m'avançais d'un pas mais grand-père levait une main pour me dire de m'arrêter.

— J'ai appris ce qu'il s'est passé à l'entreprise et je voudrais parler avec Dario, entre hommes, en tête à tête.

Je m'attendais à ce que Dario me jette un regard qui voulais dire « au secours » mais ce n'étais pas le cas. Il ne semblait pas être intimidé par papy, ils quittèrent tout les deux la maison et parlaient sur le pallier. J'avais coller mon oreille contre la porte mais rien n'y faisais, je ne parvenais pas à cerner leurs voix.

Je m'étais dirigée vers le salon et m'étais installée sur le canapé. Des souvenirs me revenaient, le jour où nous étions venus à Dublin, il m'avait fait découvrir sa maison, c'est ici qu'il m'avait écrit un message pour la première fois, c'est ici que nous avions mangés des pizzas en regardant Orgueil et Préjugés, c'est ici que nous avions pris pleins de photos ...

Sur la table basse, mon livre était posé, le marque page indiquait qu'il avait déjà bien entamé le bouquin. J'étais curieuse de son avis sur cette œuvre, après tout, j'y avais divulgué une partie de notre vie.
J'ouvrais la première page et fus surprise d'y trouver des petits papiers, arrachés de bloc note.

Sur le papier couleur jaunie, des réflexions sur lui-même et sur sa vie y figuraient, j'avais l'impression de lire son journal intime.

— « C'était peut-être moi, le fautif dans toute cette histoire ».

Je tournais la page et arrivais à la deuxième.
— « J'ignorais que la vie pouvait faire mal à ce point... ».

J'entendais la porte claquer et lisais une dernière phrase du livre, mais c'était la plus poignante...
— « Je suis privé de bonheur, je suis vivant et pourtant j'ai l'impression de suffoquer à chaque fois que je respire... »

Je déposais rapidement le livre sur la table basse et Dario me rejoignait. Il avait meilleure mine que tout à l'heure et j'étais curieuse à propos de leurs conversations.

— Je ne te dirais pas de quoi nous avons parlé, c'est entre lui et moi.

Le silence régnait dans la maison, on entendait juste le bruit de la pluie frapper sur le toit en bois et le parquet craquer sous les pieds de Dario à chaque fois qu'il marchait.
Il avait quitté le salon puis était revenu quelques minutes plus tard avec deux tasses de cafés entre les mains. Il ne m'avait pas laissé m'en aller alors que j'avais insisté. 

— Tu as la chance d'être entouré des personnes que tu aimes, Arun et Léon, ils sont plus calme ?

Je soufflais sur le liquide noir, fumante.

— J'ai l'impression que la punition leur a servi de leçon. Ils s'entendent bien avec leurs camarades, d'après ce qu'a dit leur proviseure. Je l'avais appelée pour me rassurer que tout se passait bien, je lui rapportais.

Il avait posé son coude sur l'accoudoir, soutenant sa tête et tenait sa tasse de sa main libre.

— Tu as fais le bon choix en adoptant Arun, c'est un gentil petit gars, ils se soutiennent beaucoup avec Léon, on dirait qu'il y a un lien très fort entre ces deux là.

Je me souvenais du premier jour que j'avais rencontré Arun.

— Je suis tombée sur lui par hasard à Londres le jour de notre divorce...

Il m'écoutait d'une oreille attentive donc je continuais.

— Il était seul et dans un mauvais état, et malgré cela, il ne s'était pas préoccupé de lui et s'était inquiété pour moi, il m'avait demandé comment j'allais.

— C'est un enfant très gentil, il commentait.

Je buvais de ma boisson en hochant la tête, un sourire se dessinant sur mes lèvres.

— Je pensais que s'il avait croisé mon chemin, c'est qu'il y avait une raison à cela, on ne croise pas les gens par hasard.

Il m'avait fixé tout ce temps, comme s'il avait peur d'oublier mon visage. Il m'avait regardé durant des secondes, puis des minutes. Ma montre m'indiquait dix neuf heures et les enfants m'attendant à la maison, je me levais.

— Merci beaucoup pour le café, les enfants m'attendent sûrement, je devrais rentrer.

J'avais posé ma tasse sur le plateau en verre et avait marché vers l'entrée, il m'avait souhaité une bonne soirée et m'avait raccompagnée jusqu'à la porte. Dehors, la pluie arrosait légèrement la ville alors que la nuit était déjà tombée et les cigales chantaient.
Je marchais jusqu'à  ma voiture qui était garé en face de sa maison mais je l'entendais m'interpeller.

— Evana, attends.

Je revenais sur mes pas alors qu'il courait dans ma direction.  Il s'était placé en face de moi et m'enroulait autour du cou une écharpe noir qui l'appartenait.

— Il fait assez froid, tu risque de tomber malade.

Je le remerciais d'une petite voix et tentais de prendre congé mais il m'avait retenue d'une main. Il me contemplait comme il pouvait alors que seul les lampadaires nous éclairait difficilement.

— Tu as toi-même dis que toute rencontre a une raison et que ce n'est pas le fruit du hasard. Qu'en est-il de nous Evana ? Pourquoi nos chemins se sont croisés ?

Je voulais répondre à ses interrogations mais il m'avait prit par surprise et ses lèvres s'étaient plaquées contre les miennes. Sa main me soutenait le dos et nos lèvres bougeaient timidement ensemble, j'avais posé une main sur son avant bras et l'ayant prit comme un accord, il avait demandé accès à ma langue, accès que je lui avais donné. Mon estomac était contracté et j'étais toute étourdie, il approfondissait le baiser, alors que je me mettais à la pointe des pieds.  Je désirais secrètement qu'il continue mais il coupait court à notre échange.
Ses joues avaient prit des teintes rosées et ses lèvres étaient rougies, ses yeux noisettes le scrutaient.

— Je sais que tu en as conscience, mais je t'aime Evana, je t'attendrais le temps qu'il faudra. Je suis persuadé que c'est toi, uniquement toi, ça a toujours été que toi...

Il avait regagné sa maison alors que j'étais montée dans ma voiture. Je regardais mon visage sur le rétroviseur intérieur, j'étais toute rouge et je portais encore son écharpe imprégnée de son odeur de parfum boisé qui m'enveloppait.

— Dario...

Quand vas-tu cesser de me faire tourner la tête...?

Avis ? ❤️🫀

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