Chapter 15

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À la sortie de l'hôpital, on ne se parlait pas, j'avais l'impression d'être à la fois vivante et morte, j'étais présente sans ne pas l'être. Comme si le monde avait arrêté de tourner, comme si le soleil avait cessé d'apparaître. Sur le siège passager, je comptais les gouttes de pluie qui venaient s'écraser contre la vitre de la voiture. Le vent soufflait et créait des sifflements, comme d'habitude, il ne faisait pas un beau temps à Londres. Le ciel était d'un gris froid et les nuages avaient complément disparus des horizons. Le coeur plein de peine, on avançait vers la maison, je voyais déjà mon fils courir dans mes bras. Je me demandais quel était le sexe de l'enfant que je venais de perdre, était-ce une fille ou un garçon ? Comment allait-il/elle être ? À qui allait-il/elle ressembler le plus, à son père ou à sa mère ?

Mes yeux étaient larmoyants et j'écrabouillais entre mes mains les documents de sortie de l'hôpital.

J'étais vraiment poursuivie par le malheur, ce malheur qui ne comptait pas me lâcher et qui s'était fixé comme objectif de me pourrir la vie.
Peut-être que ce n'était pas Dario le problème, mais c'était moi. J'avais toujours connu le pire dans ma vie et le destin ne voulait pas me sourire.
Il y avait un aimant dans mon corps, qui attirait toutes les malchances du monde. Les oiseaux volaient par dessus le pont que nous venons de traverser et cherchaient un abri où se cacher des intempéries. La ville était composée à 95% de buildings, ils allaient sûrement avoir des difficultés.

La maison n'était plus très loin, la voiture s'insérait dans deux trois rues puis il coupait le moteur. Il courait pour m'ouvrir la porte mais je le devançais, je voyais ce regard qu'il me faisait, il s'en tenait responsable et je lui faisais pitié.

Sandy nous ouvrait la porte, je montais des escaliers tout en écoutant l'annonce que Dario faisait à sa mère. Je fermais la porte de la chambre à clé et m'asseyais au bord de la fenêtre et je pleurais, pleurais, en serrant contre moi ces bouts de papiers qui évoquaient ma fausse couche. Pourquoi de toutes les personnes vivant sur le monde, le sort devait s'abattre sur moi ? J'avais encore tant d'amour à donner, à recevoir, alors pourquoi m'enlever cette chance ? Suis-je une mauvaise personne ? Est-ce que je ne mérite pas d'être heureuse ?

— Maman.

La porte toquait et j'entendais la voix de Léon de l'autre côté. J'ouvrais la porte et il s'agrippait directement à ma jambe. Je m'installais sur le lit, à ses côtés.

— Pourquoi maman pleure ?

Je souriais en effaçant mes larmes du revers de mon pull. Je lui ébouriffais les cheveux et il riait.

— Je ne pleure pas mon trésor, je vais bien regarde.

Ma main allait instinctivement à mon ventre où un être venait d'y périr. Après le décès de ma mère et mon père, c'était le troisième jour le plus dure de ma vie...

Je me levais et prenais la valise qui se trouvait au dessus du placard. Je l'ouvrais et déposais quelques vêtements qui m'appartenait, je voulais aussi garder de la place pour les affaires de Léon.

— Maman, on va où ?

— Nous allons faire des vacances Léon, d'accord ?

Je ne souhaitais pas impliquer des enfants de bas âges dans nos problèmes d'adultes, ils n'avaient pas à connaître nos histoires. C'était déjà difficile à supporter pour nous alors que nous étions grands, eux, ils ne pourront pas le supporter.

J'indiquais à Léon d'aller dans sa chambre et il le fit, je ressentais une présence derrière moi alors je fis volte face.

Je ne te laisserais pas me quitter Evana, tu ne peux pas partir.

— Tu ne peux pas me dire ce que je peux ou je dois faire, tu comprends ?!

— Je suis ton mari, bien sûr que je peux ! Il criait.

Tu m'as arraché mon enfant, tes histoires m'ont causés du stress et j'ai finis par le perdre !

Moi aussi j'ai perdu mon enfant ! Et tu comptes m'arracher Léon maintenant ?

Je prenais une grande inspiration.
— C'est maintenant que tu te préoccupes de tes enfants ? Ton boulot était plus important pourtant !

Il me prenait le poignet et me le bloquait dans le dos.

— Tu ne peux pas partir Evana...On s'est promis qu'on traversera toutes ses difficultés ensembles.

Il s'approchait un peu trop de moi et m'embrassait à pleine bouche. Je ne voulais plus l'aimer, je ne voulais pas. Les informations qui étaient tombées aux actualités quelques heures avant me revenait à l'esprit et je le repoussais comme je pouvais.

— Lâche-moi, tu me dégoûtes Dario, tes mains, tes lèvres ont touchés une autre femme. Et sans qu'il ne passe un jour, tu embrasse une autre, je...je ne t'aime plus. Je ne suis pas un jouet, ni un objet... Tu me brises et tu t'attends à ce que je fasse comme si de rien était, qu'on continue de vivre normalement, j'en suis incapable, désolé.

— Evana, écoute-moi, s'il te plaît.

Son front était contre le mien et ses larmes me mouillaient les joues.

Ce n'est pas le moment de flancher Evana...

— On se fait plus de mal qu'autre chose Dario.

— Et ces promesses alors ? Qu'est-ce qu'on va en faire ? Laisse-moi t'éclaircir au moins sur ce mal entendu...

Je dois être loin de lui, sinon, on va finir par se blesser tout les deux.

Les promesses sortent de la bouche une fois mais elles s'oublient rapidement, comme si elles n'ont jamais été prononcées...

Avis ? 🫀💔

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