MAI 2025
« Tout est prêt. »
« C'est quand il veut. »
La voix qui me semblait être celle d'Anaïs résonne comme un écho, ses mots me donnent mal à la tête. Et moi, suis-je réellement prêt ? Est-ce que je le veux vraiment ? Quel homme peut-il affirmer se sentir serein en avançant jusqu'à l'autel ? Une part de doute est toujours présente au fin fond de moi mais lorsque je pense à elle, cette infime part n'est plus que poussière. Un vieux souvenir qui me fera bien rire dans quelques heures.
- C'était une évidence. Le mariage, vous deux,...
Jules pose sa main sur mon épaule, un sourire rassurant sur ses lèvres. Et comme s'il savait, cela a le don de me détendre.
- Elle était folle de toi, tu sais, continue mon ami.
Je le savais. Tout le monde le savait.
Mes paupières deviennent lourdes et je les presse un instant l'une contre l'autre en essayant de mettre de côté les mauvais souvenirs qui reviennent me hanter, comme souvent. Un long chemin semé d'embûches, des disputes tard dans la nuit, de la vaisselle cassée et des crises de couple à n'en plus finir, voilà par quoi nous sommes passés. Mais nous sommes là. Cela ne devrait pas me mettre le doute. Pourtant, la nostalgie que je ressens me monte à la gorge, mes yeux picotent et ce n'est que le raclement de la gorge de Jules qui me fait revenir à la réalité, la mine déconfite et le teint pâle.
- Eh... Ça va aller ? Hein oui ?
- Oui. Bien sûr que ça va aller, intervient Max, l'air sérieux.
Je suis sur le point d'épouser la femme de ma vie, la mère de mon petit garçon, celle qui a toujours été là pour moi. Depuis le lycée jusqu'à maintenant. Celle qui repoussait mes démons lorsqu'ils pointaient le bout de leur nez. La femme la plus patiente du monde. Mais si j'abuse un peu trop, elle finira par s'inquiéter et je me briserais moi-même en n'acceptant pas de franchir le cap avec elle. Se lier à vie, ça ne peut pas être pire que d'avoir officialiser notre relation devant toute notre famille, il y a quelques années maintenant. Ce n'est pas non plus équivalent au fait de l'avoir mise enceinte, d'avoir élevé notre fils ensemble et de former une petite famille parfaite aux yeux des autres. Qu'est-ce que c'est que de prononcer un simple « oui » devant le prêtre ? Après, nous reprendrons notre vie d'avant et nous n'en parlerons qu'aux repas importants, jusqu'à ce que les années passent et que notre vie ne devienne que routine.
- Bien sûr que ça va aller, répété-je en leur offrant un sourire plus que sincère.
- Papa ? Papa ? Je veux voir maman...
Clément ne comprend pas pourquoi il ne pouvait pas rester avec elle aujourd'hui. Non, ce petit mec n'avait pas intérêt à nous trahir en allant voir sa mère avant que je ne puisse l'admirer, dans sa longue robe. Egoïste ? Peut-être. Seulement, je voulais l'avoir pour moi tout seul et qu'il passe un moment avec nous, les hommes, pour qu'il comprenne toutes les étapes. C'est un jour important. Il est assez grand pour comprendre. Mais l'attente est longue, je compatis. Ce gosse est un vrai fils à sa maman, je vous le dis.
- Bientôt mon grand.
Je m'accroupis pour être à sa hauteur.
- Tu n'as pas oublié tout ce que tu as appris, n'est-ce pas ?
- Non ! dit-il fièrement.
Son sourire fait naître le mien. Il l'agrandit et un rire m'échappe lorsque je remarque les trous entre ses dents, certaines d'entre elles manquent à l'appel mais ça lui donne un charme fou. Ce gosse est le plus beau et je ne dis pas ça car c'est le mien.
- Je dois rester avec tonton Jules et tonton Max. Je ne dois pas bouger, seulement quand toi et maman vous dites le mot « oui » alors je vous apporte les bagues.
En plus d'être beau, c'est le meilleur. Il a récité cela comme s'il apprenait une leçon qui jouerait sur son avenir, ne me dites pas qu'il ne prend pas son rôle au sérieux.
- Tu es le plus fort.
Je le couvre de bisous partout sur son visage tout en le tenant par les mains, sachant qu'il ne supportera pas cela bien longtemps.
- Papaaaa !
Et comme je l'avais prédit, il se débat dans mes bras en riant d'un son très aigu, comme à son habitude. Après de longues secondes de torture, je le lâche et me redresse tout en gardant ma main sur les cheveux de mon fils.
- Je suis prêt. On peut y aller, déclaré-je en inspirant bruyamment.
- Allons-y, p'tite tête.
Maxence attrape la main de Clément et Jules m'offre un sourire rassurant avant de suivre son ami, me laissant ainsi seul moi et mes pensées. Heureusement, ma mère débarque rapidement dans la pièce et, comme si ce n'était pas assez prévoyant, elle apporte ses mains à sa bouche lorsqu'elle m'aperçoit, en costume, face à elle.
- Seigneur... Mon fils, tu es... ravissant, sanglote-t-elle.
C'est parti.
- Maman, ne pleure pas... soufflé-je dans un sourire, l'enlaçant contre moi.
- Tu es tellement beau, dit-elle en me serrant fort.
Nous restons ainsi pendant longtemps. Je profite de ce moment, chanceux d'avoir ma mère à mes côtés en ce jour si précieux.
Après avoir séché ses larmes, nous sortons de cette pièce devenue beaucoup trop étouffante à mon goût, bras dessus bras dessous.
Et c'est ainsi que nous arrivons près de l'allée qui me mènera jusqu'au bonheur. J'aperçois, au loin, mes amis se chuchoter quelque chose à l'oreille tout en surveillant que mon fils ne se fasse pas la malle et reste debout, près d'eux. Lorsqu'ils me remarquent, les invités se taisent tandis qu'une musique assez douce et mélodieuse résonne dans toute la salle.
C'est maintenant ou jamais.
Et je m'avance vers l'autel, accompagné de la première femme de ma vie : ma maman.
VOUS LISEZ
Près de toi
Teen FictionCroyez-vous au destin ? Pensez-vous que tout est déjà écrit ? Et si nous avions agi autrement, la fin aurait-elle été la même ? Julian Mercier ne le saura jamais. Suite au divorce de ses parents, Julian, 18 ans, décide de suivre sa mère et s...