Première fois

647 60 1
                                    

JANVIER 2018


- C'était délicieux, soupire Camille en se tenant le ventre, repoussant ensuite son bol complètement vide au milieu de la table.

- Tu es sûre de ne pas vouloir te resservir ?

- J'ai eu assez, merci.

Il est dix-neuf heure passée, ma mère vient de quitter l'appartement, son shift a été déplacé, ils n'ont pas assez de personnel et elle n'arrête pas d'enchaîner les heures supplémentaires. Je ne la vois plus beaucoup mais ça me laisse du temps pour Camille. D'ailleurs, cette dernière consacre également tout son temps libre pour moi, ça me fait très plaisir, certes, mais elle délaisse complètement ses amis. C'est la troisième fois qu'elle laisse son portable sonner lorsque Gaëlle essaie de la joindre mais je ne dis rien, ne préférant pas envenimer la situation, Camille doit avoir ses raisons.

- Tu sais, soupire la jeune femme. Ça fait seulement deux jours que je ne suis plus dans cet hôpital et j'ai l'impression que les gens me traitent toujours comme une poupée fragile... Pare que j'ai fait un malaise.

- Je pense que tu es fragile Cam', avoué-je. Évidemment, ça ne signifie pas que l'on doit te traiter comme un chiot abandonné mais je pense que c'est normal que l'on s'inquiète pour toi.

- Tu arrives toujours à me comprendre.

Elle se lève, m'approche tel un félin puis se met sur la pointe des pieds pour passer ses bras autour de mon cou et me voler un baiser.

- Viens là.

D'un mouvement délicat, je m'accroupis, passe mes bras sous ses jambes pour la porter telle une princesse et m'empresse d'aller nous enfermer dans ma chambre. D'un coup de pieds, je claque la porte, l'emmène jusqu'à mon lit toujours défait de la veille et l'allonge délicatement sur celui-ci. L'image de Camille couchée dans mon lit est irrésistible, je n'arrive toujours pas à m'y faire, elle qui me semblait si détachée, froide et hautaine, elle était en fait tout l'inverse, je n'avais qu'à briser ses barrières. Elle était si peu et est devenue tellement tout en un rien de temps.

Ses ongles accrochent le haut de mon t-shirt, elle halète, elle a besoin de plus. Et moi aussi. Je m'allonge par-dessus son corps tout en répondant à ses besoins d'un baiser plus que passionnel, il est hâtif. Sa bouche s'entrouvre presque immédiatement pour que nos langues jouent, tournoient entre elles. J'ai du mal à tenir sur mes bras, j'ai peur de flancher, mes deux mains sont posées de chaque côté de son visage mais si elle continue à me rendre fou, je ne pense pas tenir longtemps.

- Cam'... murmuré-je entre deux baisers.

- Tais-toi, souffle Camille en me retenant par la nuque pour ne plus que je m'éloigne.

À vos ordres.

Ses doigts s'immiscent dans mes cheveux, ce détail a le don de me rendre fou alors je m'applique et balade dangereusement ma main vers sa cuisse que je soulève à la hauteur de ma taille et elle comprend, accroche sa jambe autour de mes hanches en déboutonnant le haut de ma chemise à l'aide de sa main libre.

- Julian, attends, je... murmure Camille lorsque je descends mes lèvres dans son cou.

Elle soupire de plaisir, laissant tomber le reste de sa phrase. J'essaie, j'inspire, je relâche sa peau et suis totalement fou de son odeur qui est beaucoup plus forte à cet endroit même. Lorsqu'elle se crispe, je lève les yeux tout en descendant mes lèvres jusqu'à la naissance de sa poitrine, son t-shirt me laisse place à celle-ci de par ma position et le fait que nos corps se touchent, se découvrent. J'aperçois la dentelle bleue de son soutien-gorge et c'en est trop, je vais devenir dingue, le pire est qu'elle se laisse faire et ça ne m'arrange pas, surtout si elle arrête tout.

- Julian..., répète Camille en poussant faiblement mes avant-bras.

C'est foutu. Elle s'apercevra rapidement que j'avais envie de plus. J'ai envie de plus et je ne peux certainement plus le cacher.

- Qu'est-ce qu'il y a ? murmuré-je en captant son regard.

- Je... commence-t-elle timidement. Écoute, c'est tout nouveau pour moi, d'accord ?

- De quoi ?

Elle fronce les sourcils, me toise sans me comprendre.

- Ça ... souffle-t-elle. Je n'ai jamais... couché avec un garçon.

Ça. C'est tout ce que je voulais entendre. J'avais besoin qu'elle l'avoue, qu'elle me le dise clairement.

- Dans ce cas, on est deux, lui avoué-je à mon tour.

Une mèche de cheveux semble gêné et chatouillé son nez, je l'aide en la lui calant derrière l'oreille. Elle rougit. Si ce n'était pas Camille, je n'aurais jamais avoué, ce n'est pas avantageux pour un garçon d'annoncer ça à sa première fois, elle risque de ne pas apprécier ou même d'être perturbée. Seulement, il s'agit de Camille et j'avoue être rassuré d'être son premier tout comme je ne pouvais pas rêver mieux pour une première.

- Tu n'as... commence-t-elle, surprise. Jamais ? crie-t-elle presque.

Elle est heureuse. Je pense. Si ce n'est pas le cas, je ne sais pas comment le prendre.

- Non, jamais.

- Waouw... Je n'aurais jamais cru, rit la blonde. Tu es si... sexy.

- Fais attention à ce que tu dis parce que je ne vais plus tenir très longtemps... murmuré-je en en me redressant, assis sur mes genoux.

Elle m'imite, termine de déboutonner ma chemise avant de me l'enlever, mon t-shirt sous celle-ci subit ensuite le même sort et rejoint mon haut sur le parquet de ma chambre. Mon torse frissonne, le frileux que je suis n'assume pas et décide de l'occuper en soulevant délicatement le t-shirt de Camille pour qu'elle s'en débarrasse enfin.

J'invite ma blonde préférée à me rejoindre sous les draps lorsque nous sommes libérés du tissu de trop, mes bras la protègent, mes paroles la rassurent tandis que mes lèvres lui offrent un baiser à chaque fois qu'elle en a besoin, essayant d'estomper et lui faire oublier la douleur.

Et je vous assure que cette première fois était magique, dépourvue de sensations, laissant ressortir tous les sentiments que je gardais au fond de moi sans que je ne puisse rien n'y faire. Mon amour pour elle s'est décuplé sans que je ne sache s'il sera partagé.


***


- Alors ?

- Ils sont divins, chuchote Camille en mâchant ce célèbre bonbon à la fraise, les yeux fermés.

- Je n'arrive pas à croire que tu ne connaisses pas les Tagada ! C'est si connu, à croire que tu ne vis pas dans le même monde que nous.

- C'est tout comme, dit-elle avec douceur en soulevant faiblement ses épaules. Mes parents me privent de beaucoup de chose alors...

- Et je suis là pour te montrer toutes ces choses, rajouté-je avant qu'elle ne soit triste. Je t'assure, j'aimerais te montrer tellement d'endroits, t'emmener à Paris, te faire voir la Tour Eiffel, découvrir l'Amérique, visiter le Canada et manger de la poutine avec toi.

OK, j'abuse, je m'emporte, je le sais, mais toutes ces choses, il n'y a qu'avec elle que je souhaite les partager. Ses yeux ronds me font regretter mes paroles, assis à califourchon sur ma petite amie, elle éclate de rire quand je remarque que j'en fais trop.

- Désolé...

- Eh, Julian ! m'interpelle la blonde en jouant avec ses cheveux. Je serais ravie d'être ta partenaire de voyage.

- Ma partenaire tout court, insisté-je.

- Ta partenaire de vie.

- Ma partenaire de vie, déclaré-je, satisfait, avant que l'on ne se couche à nouveau sous les draps.

Camille s'est finalement endormie, je voyais que ses yeux avaient du mal à rester ouverts, ils papillonnaient, elle tenait bon malgré que son corps la menace du contraire. Alors j'ai insisté pour qu'elle s'endorme, elle m'a demandé si elle pouvait se blottir contre moi et j'ai accepté sans réfléchir. Maintenant, mon bras s'est lui aussi endormi mais je lutte contre la douleur n'osant pas bouger, quand il s'agit de Camille, je suis prêt à tout. Même à perdre un bras.

Près de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant