Vive les vacances

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OCTOBRE 2017

Ces sandwichs sont définitivement les pires que j'ai pu goûter jusqu'à présent. Entre eux et la bouffe de la cantine, le deuxième choix est, sans aucun doute, celui que je ferais. Nous sommes en vacances depuis deux jours et il fait toujours aussi mauvais. Je me fais royalement chier à la maison. Maxence a donc eu la merveilleuse idée de nous emmener manger dans cette si bonne sandwicherie. Et je ne déconne pas, il a l'air de réellement apprécier ce qu'il mange.

- Le week-end pro, il y a une fête chez un gars du lychée, dit-il la bouche pleine.

- Ouais, je sais.

- Comment tu chais ?

Lorsqu'il remarque que je ne touche plus à ma nourriture, il attire mon assiette vers lui et se frotte la bouche à l'aide de son bras.

- Pauline m'a invité.

- Pauline ?

- Ouais, tu sais, la grande blonde qui est dans notre cl-

- Je sais qui est Pauline. Mais... Pauline ?! Sérieusement ?

- Je la trouve sympa.

- Elle peut l'être. Seulement pour t'avoir dans sa poche.

- Pourquoi est-ce qu'elle voudrait m'avoir dans sa poche ?

- Elle est comme ça. On la connaît depuis le collège et, crois-moi, dès qu'un nouveau pose un pied à moins de vingt mètres d'elle, il faut qu'elle se l'accapare, qu'il la remarque. Surtout si c'est un beau gosse. Elle a essayé avec moi mais ça n'a jamais marché.

Je détaille le visage de Maxence, à la recherche de plus de détails. A-t-il tenté quelque chose avec elle ? Physiquement, Maxence et moi nous ressemblons beaucoup. Il ne doit pas avoir de mal à se trouver une petite copine, ni même de simples flirts pour s'amuser. Je me demande toujours si entre Anaïs et lui, il y a quelque chose.

- Peu importe, soufflé-je. Je ne compte pas me laisser « accaparer », comme tu dis. Puis c'est une jolie fille, c'est normal qu'elle veuille qu'on la remarque. Encore plus si c'est un beau gosse.

Et je souris en le regardant, mes mains croisées derrière ma tête pour la soutenir.

- Comme tu voudras. Fais juste attention.

- Et toi sinon ? Tu n'as pas de copine ? tenté-je.

- Non.

Maxence hausse les épaules puis détourne le regard en buvant dans sa bouteille d'eau, comme pour ne pas continuer la discussion.

Dehors, les arbres tanguent tellement le vent souffle, la fine pluie qui tombe sur les trottoirs forment de petites flaques et les gens sont tellement pressés qu'ils ne regardent pas où ils vont. Je n'aime pas l'automne. Il fait froid, la nuit tombe beaucoup plus vite et tout le monde est toujours de mauvaise humeur.

Je me redresse sur ma chaise en soupirant lorsque je remarque que l'endroit où nous sommes se vide petit à petit. Déclarant avoir une envie pressante, je me lève et me dirige vers le comptoir pour payer mon plat ainsi que celui de mon ami. Ensuite, je vais réellement aux toilettes.

Lorsque je reviens près de notre table, je frotte rapidement mes mains mouillées contre mon jean, les toilettes étant à court de papier essuie-tout, et je crois rêver en apercevant les filles s'incruster à la table d'à côté, un immense sourire sur leurs lèvres. Je pense que c'est la première fois que je vois Camille être si joyeuse, elle rayonne.

J'ai bien peur que toute cette bonne humeur redescende crescendo lorsqu'elles me verront.

Tant pis.

- Salut Julian.

Ses paroles ont le don de me clouer sur place, étonné. Anaïs venait de prononcer mon prénom et, en plus de ça, il n'y avait aucune once de méchanceté dans sa phrase. Certes, elle n'a prononcé que deux petits mots mais c'est un miracle. Mais suspect.

- Heu... salut ?

Elle roule des yeux et Camille ouvre un bouquin sur la table, ne prêtant aucune attention à notre « conversation ». Du moins, je ne pense pas.

- Écoute, je...

Elle jette un coup d'œil vers Maxence qui hoche le visage, l'encourageant à continuer. Moi, je suis toujours debout devant eux, les sourcils froncés d'incompréhension.

- Je voulais m'excuser. Je n'ai pas été très sympa avec toi. Maxence a sûrement raison, tu m'as l'air sympa alors... pourquoi pas ?

Je ne dis rien, stupéfait. Est-ce qu'il la menace sous la table avec un flingue ? Non parce que si j'avais su ce matin qu'elle me ferait une décla aussi bête, je me serais moqué d'elle. Serait-elle bipolaire ?

- J'ai vraiment un caractère de merde et, crois-moi, je ne le dis pas souvent donc profite.

Elle inspire un bon coup en fermant les yeux.

- Je suis désolée, souffle-t-elle comme si elle souffrait.

Camille attire mon attention en mettant l'une de ses mèches blondes derrière son oreille, toujours les yeux rivés dans son bouquin. Elle ne dit rien et, au fond de moi, j'espérais le contraire.

- Julian ? demande Anaïs en s'appuyant sur la table. Tu as entendu ce que je viens de te dire ?

- Oui.

Je me reprends, m'avance et m'assois en face de Maxence, comme avant. Je regarde la petite brune à ma diagonale et lui sourit poliment.

- J'accepte tes excuses.

- Bien, se méfie-t-elle. Puis, au fond, t'avais raison Cam', il est pas si mal. Je t'accepte définitivement dans la bande.

Amusé, je arque un sourcil tout en regardant Camille relever la tête et fusiller son amie du regard. Ses joues se sont légèrement teintées de rose mais ses beaux yeux n'osent pas croiser les miens. Je pense qu'Anaïs vient de faire une grosse boulette sans même s'en rendre compte. Alors comme ça, elle me trouvait pas si mal ? Flatteur.

- Qu'est-ce que vous faites là, d'ailleurs ? demande Maxence qui ne semble pas réaliser ce qu'il vient de se passer.

- On voulait te voir. Et je me doutais que tu serais ici.

- Elle t'espionnait sur Snapchat, rectifie Camille en écrivant des notes au crayon.

- Camille ! Bon... Je voulais absolument m'excuser auprès de Julian alors j'ai supplié Cam et Gaëlle de m'accompagner. Mais Gaëlle n'a pas suivie. Quelle lâcheuse celle-là, soupire la brune.

- Et j'aurais dû faire pareil, marmonne son amie.

- Max ! Dis-lui ! Elle ne veut pas venir à la soirée d'Halloween, s'te plaît, fais quelque chose, supplie Anaïs.

- Si elle n'en a pas envie, c'est son choix.

Le garçon hausse ses épaules, comme si c'était la dernière chose au monde qui l'inquièterait.

- On va s'éclater ! D'ailleurs, Julian tu viens, n'est-ce pas ?

- Heu... je n'en sais rien, à vrai dire je-

- Voilà, tu vois ! dit-elle à l'attention de Camille. Tout le monde vient. Alors tu vas bouger tes fesses et nous accompagner.

L'intéressée me regarde de ses grands yeux bleus puis semble réfléchir un moment, elle a l'air de tirer le pour du contre, ce qui me fait espérer que ma présence est l'unique raison de son chamboulement.

- C'est d'accord. Je viendrai.

Ses mots ont l'effet d'une bombe. Maxence et Anaïs sont sous le choc, cette dernière répète sans cesse qu'elle ne l'a jamais vu changer d'avis aussi vite, Max confirme ses propos et moi je suis bêtement silencieux à essayer de comprendre cette mystérieuse jeune femme.

Près de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant