OCTOBRE 2017
- Es-tu sûr d'avoir tout mon chéri ?
- Oui m'man, certain.
- As-tu bien pris les tartines que je t'ai préparées ?
- M'man... Je mangerai ce que je trouverai à la cafet' ou en dehors du lycée, je n'ai plus 10 ans.
- Bien, marmonne-t-elle, déçue.
C'est, sans aucun doute, la rentrée la moins stressante que je vis depuis des années. D'avance, je sais que mon surnom n'aura pas d'originalité, du style « le nouveau », les regards s'attarderont sur moi, les professeurs se feront un malin plaisir de me torturer dès le premier jour, je serai à l'écart puisqu'arriver en dernière année, au lycée, c'est vachement compliqué il faut se l'avouer. La plupart des étudiants se connaissent et ne prennent même plus le temps de regarder autour d'eux. Mais comment dire... je m'en fiche. Complètement.
- Merci ma petite maman. Faut que j'te laisse. Bye. Je t'aime.
- Tu n'oublieras pas de défaire tes derniers cartons en rent-
Trop tard. Je n'ai pas entendu les derniers mots de ma mère que la porte d'entrée est déjà fermée. Désolé maman mais je vais vraiment finir par arriver en retard si je traîne encore un peu. L'air frais me frappe en plein visage lorsque je sors de mon immeuble, j'enfile alors mes mains dans les poches de ma veste en daim et frissonne. Le mois d'octobre est assez frais cette année, surtout le matin.
Les rues sont inondées de monde, les gens se bousculent sur le trottoir et je peine à éviter deux jeunes gamines qui se moquent d'un vieux monsieur derrière elles. J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles afin de ne plus entendre les plaintes inutiles des passants.
Nantes, pour l'instant, tu me déçois.
Heureusement, le lycée n'est qu'à cinq minutes à pieds. Je soupçonne d'ailleurs ma mère d'avoir cherché notre nouvel appartement en fonction de la durée du trajet que j'aurai à faire jusqu'à ma nouvelle école.
Sacrée maman.
Je devine, aux élèves pressés, que je me rapproche dangereusement du lieu propice.
Le bâtiment est drôlement grand, je constate qu'il prend la forme de la lettre « U » en inspectant les alentours. Certains étudiants traînent des pieds jusqu'à l'entrée, d'autres se dépêchent de rejoindre leur groupe d'amis et moi je suis bêtement debout, à inspecter les lieux en écoutant le nouveau tube « Feels » de Calvin Harris, à fond dans les oreilles.
Lorsque je me sens enfin d'attaque, je me faufile parmi la foule afin d'atteindre la porte et de la pousser délicatement, laissant à mes yeux le plaisir de découvrir les couloirs dans lesquels je passerai les neuf prochains mois.
Trouver le bureau administratif fut un vrai jeu d'enfant, il m'a suffi de suivre les indications pendues au plafond, avoir un peu de jugeote pour penser que la plupart des élèves ne s'y rendaient sûrement pas à cette heure-ci, s'opposer à eux et frapper à la porte sur laquelle un simple « bureau » est inscrit en lettre majuscule.
Ayant pris un peu d'avance, la jolie secrétaire m'a rapidement expliqué le règlement du lycée, imprimé mes horaires et sourit à s'en décrocher la mâchoire. Oui, tout ça.
Je déambule dans les couloirs qui deviennent, petit à petit, de plus en plus déserts. A la recherche de mon local, je soupire en n'y comprenant rien. Pourtant, cette fameuse et jolie secrétaire n'a pas douté de moi et, selon ses dires, je trouverais le numéro de mon local sans souci. Mais j'avoue ne pas m'être forcément concentré sur tout ce qu'elle disait. Elle était vraiment jolie.
En arrivant dans le fond du dernier couloir, l'ambiance n'est plus la même : tout est calme. Trop calme. Malgré l'absence de professeurs dans certaines salles, les élèves sont silencieux, lisent ou étudient dans un coin. J'enlève délicatement mes écouteurs, qui ne diffusaient plus de musique depuis de nombreuses minutes, avant de m'arrêter devant la dernière porte du couloir. Bingo, le numéro accroché soigneusement en 3D sur le mur correspond bien au local qui est affiché sur ma feuille.
Je m'avance et franchi le pas de la porte qui est encore ouverte, allant m'installer au milieu de la salle, seul. Certaines personnes ont remarqué ma présence mais n'ont pas décidé de la relever. D'autres sont tellement concentrés sur leur cours que je doute qu'ils entendent quoi que ce soit. Ils ont l'air de bosser dur, je vais peut-être regretter d'avoir choisi de passer mon bac L.
- Psst !
Perdu dans mes pensées, je ne fais pas attention aux autres, mes yeux fixent un chewing-gum séché collé au sol. C'est dégoûtant.
- Psssst !
Un doigt me tapote l'épaule en continu et ça m'agace. Je me retourne rapidement, les sourcils froncés pour montrer mon mécontentement et la main de cette personne reste en hauteur, elle m'offre un sourire discret en se penchant vers moi.
- C'est toi le nouveau ?
- Sûrement, ouais.
- Moi c'est Maxence. Mais tout le monde m'appelle Max.
Je lui offre un sourire compatissant avant de retourner à ma position initiale, démotivé. Ce n'est pas que je ne suis pas sociable mais pour un lundi matin, ça fait beaucoup.
- C'est cool d'avoir un garçon en plus dans la classe. On est pas tellement... Les filles dominent cette année. Et c'est lourd parfois, tu verras...
Un sourire prend place au coin de mes lèvres.
- Maquillage par-ci, shopping par-là, soupire le garçon.
Je n'avais pas forcément fait attention mais c'est vrai que nous ne sommes pas énormément de garçons. Les filles, elles, ont l'air plutôt calmes et studieuses. Et en y regardant de plus près, quelques-unes sont plutôt mignonnes.
- Moi c'est Julian, dis-je sans un regard.
VOUS LISEZ
Près de toi
Teen FictionCroyez-vous au destin ? Pensez-vous que tout est déjà écrit ? Et si nous avions agi autrement, la fin aurait-elle été la même ? Julian Mercier ne le saura jamais. Suite au divorce de ses parents, Julian, 18 ans, décide de suivre sa mère et s...