Geek party

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DÉCEMBRE 2017


Ça fait deux jours que Camille et moi nous sommes embrassés et, depuis, je n'ai eu droit à aucune nouvelle. Chouette, je ne m'en doutais pas du tout.

Caractère de merde.

Elle doit regretter, voire même se moquer de moi, je suis simplement tomber dans mon propre piège, si je dois en vouloir à quelqu'un, c'est à moi et seulement moi. Qu'est-ce que je peux être con. Penser qu'elle plongerait tête baissée dans une relation sérieuse, non mais sérieusement ? Cette fille n'est pas stable.

- Je te pensais plus fort que ça.

- La ferme, je te rappelle que tu as beaucoup plus d'expérience, râlé-je en restant concentré.

- Regarde-moi ça... J'arrive... Dribble, passe et... BUT ! crie Jules à travers le micro.

Dans un élan de colère, j'envoie la manette de ma PlayStation 4 entre le tas de coussins qui, à mon plus grand bonheur, sauve cette dernière de par leur confort et évite qu'elle ne retombe à terre.

- Putain mais c'est pas possible, crié-je en me tirant les cheveux.

- On en refait une ? rit le blond.

- Ouais. Vas-y, soufflé-je, pas convaincu.

Le téléchargement de notre prochaine partie se met en route. Pendant ce temps-là, j'ouvre un nouveau paquet de chips tout en remontant le plaid que je traine sur mon dos.

- Des nouvelles de Camille ? me demande mon ami.

- Rien à foutre, lâché-je avec nonchalance.

Silence. Non, mon micro n'a pas de problème, mon ami doit être simplement choqué par mes paroles, n'étant pas au courant des dernières nouvelles.

- Qu'est-ce qui te prend ? finit par me lancer Jules.

- Rien. Je m'en fiche, c'est tout.

- Ok mais-

- Attends, lâché-je après avoir réfléchi, les sourcils vers le bas. Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ? Vous n'avez pas de nouvelles non plus ?

- Bah... Ana si. Elle se serait fait confisquer son téléphone depuis quelques jours.

Quel bordel. Pourquoi est-ce que je n'ai pas pensé à ça ? Pourquoi est-ce que mon cerveau n'a pas rédigé cette hypothèse avant d'agir de manière impulsive ?

- Qu'est-ce qu'elle a dit d'autre ?

- Rien. Ana passe la journée avec elle mais je n'ai pas de-

- Demande-lui ! J'ai besoin de savoir Jules, fais-le pour moi. Ana ne voudra jamais me répondre.

Son micro me fait mal aux oreilles lorsqu'il pousse un énième soupire, bien plus fort cette fois-ci. Je ne l'entends plus, j'espère qu'il m'écoute, qu'il fera passer le message.

Quel con je suis. Camille doit être si triste, si vulnérable.

- Elle ne répond pas à mes appels.

- Envoie-lui un message. Dis-lui de m'appeler Jules, s'il te plaît.

- Ouais, ouais. Ça va, râle toujours le jeune homme.

Je fixe mon portable posé à côté de ma cuisse, espère de tout mon cœur qu'Ana acceptera ma demande et que, pour une fois, elle sera plus mature qu'elle peut paraître. Ne fais pas l'idiote.

- Alors ? demande Jules et je l'avais presque oublié.

- Toujours rien.

- Elles doivent être occupées.

- Ouais, soufflé-je nerveusement en triturant les boutons de la manette.

- C'est parti ! se réjouit mon ami lorsque la partie de Fifa se met en route.

Je joue sans conviction, rate les touches et manque les occasions quand elles se présentent à moi, mon regard ne cesse de voyager entre l'écran de la télévision et celui de mon portable. Mais qu'est-ce qu'elle fou ? N'est-elle pas humaine ? Peut-être est-ce Camille qui ne souhaite pas me contacter parce qu'elle regrette vraiment et ne veut plus rien savoir de moi ? C'en est trop. Lorsque j'encaisse un énième but de la part de Jules, je pose ma manette, prend mon téléphone et le déverrouille rapidement en prévenant mon adversaire que j'arrive, que je ne serai pas long. Lorsque je retire mon casque de mes oreilles pour appuyer sur le prénom de la brune dans mes contacts, je suis surpris de voir qu'elle me devance en voyant son appel.

- Allô ?

- Julian ?

Camille. Sa voix m'avait manquée, je m'en veux presque d'avoir pensé de telles choses à son propos.

- Camille, est-ce que ça va ?

- Oui, ne t'en fais pas, me rassure-t-elle. Mes parents m'ont pris mon portable, je suis désolée de ne pas avoir su te prévenir.

- Pourquoi est-ce qu'ils font ça ? demandé-je, furieux.

- Ils nous ont vu. Devant chez moi, murmure-t-elle et je sais qu'elle rougit à cet instant.

- Oh... je... Désolé.

Ça craint.

- Ils n'acceptent pas que je te fréquente, ils m'ont interdit de te revoir.

Les enfoirés. Pourquoi ? Pourquoi interdire une telle chose à son propre enfant ? Ne sont-ils pas censés vouloir leur bonheur ? Leur ai-je fait quelque chose pour qu'ils agissent ainsi ? Je sais que ma rencontre avec sa mère ne s'est pas très bien passée mais je n'en suis pas responsable, elle n'avait qu'à apprendre à me connaître avant de me juger de la sorte.

- Je ne le ferai pas, chuchote Camille pour combler le silence.

- Je ne sais pas quoi dire, je réponds, vexé.

- Julian, fais-moi confiance. Ce baiser est la plus belle chose qui me soit arrivée depuis longtemps.

- À moi aussi Camille. Mais je n'accepte pas d'être la raison pour laquelle tu désobéis à tes parents. Ils me détestent déjà assez comme ça.

- Alors quoi ? s'énerve tristement la blonde. On abandonne ?

- Non, je-

- Qu'est-ce que je représente pour toi, Julian ?

Tout. Littéralement tout, Camille.

- Beaucoup.

- Je n'ai plus envie de fuir. Tu m'as ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Parfois futiles mais tellement importantes.

- Alors..., tenté-je en fermant les yeux. Tu accepterais d'être avec moi ? Que l'on forme un... un couple ? hésité-je en grimaçant.

- C'est déjà tout comme, je l'entends sourire.

Si je m'attendais à cette réponse ? Non. Camille est une jeune femme pleine de surprises.

- Très bien, murmuré-je. Alors... tu es officiellement ma petite amie, c'est ça ?

- C'est ça, oui, se moque la blonde. On dirait que ça te fait drôle... Hésiterais-tu ?

- Aucunement ! J'en suis très heureux.

Le sourire aux lèvres, Camille et moi discutons pendant cinq minutes encore avant que l'on ne raccroche d'un commun accord. Elle m'a promis de m'appeler dès qu'elle aura retrouvé son portable et j'espère, au fond de moi, que ce sera rapide.

J'observe l'écran de la télévision, remarque que Jules a gagné haut la main et, heureux à présent, je reprends mon casque en m'allongeant sur le canapé.

- Alors, on en était où ?

Près de toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant