Jalousie

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NOVEMBRE 2017


- Ceux-ci sont dégueulasses !

Pauline grimace en me tirant sa langue qui est devenue bleue à force d'avoir mangé trop de bonbons. Sa main arrache la bouteille d'eau de la mienne et boit comme si elle ne l'avait plus fait depuis longtemps.

- Goûte !

Je mâche mon bonbon peu acidulé, tout sourire, et secoue le visage.

- Nan, ça ira.

- T'es vraiment une poule mouillée. J'y crois pas, souffle la blonde, la bouche en feu.

Nous sommes retournés à la bibliothèque ce matin, n'ayant pas su beaucoup travailler la veille sur notre devoir, je doute que l'on puisse faire mieux étant donné que Pauline ne cesse de me divertir depuis que nous nous sommes installés.

- Pioche !

Je finis à peine d'avaler la sucrerie qu'elle me tend le sachet pour que je me serve, elle semble vouloir que je tombe sur le bonbon le plus acide possible mais ça n'arrivera pas, je suis bien trop chanceux.

Je retire lentement l'emballage puis le lui jette à la figure pour la taquiner. Je croque délicatement dans cette petite douceur et suis ravi lorsque le goût parvient jusqu'à mes papilles, fermant les yeux pour déguster.

- Mmmmh, goût pomme, lui lancé-je en riant.

- Bordel, soupire Pauline en regardant le bonbon entre ses mains.

Cette fois-ci, elle a de la chance, le goût n'est pas très prononcé et il ne pique pas du tout. Je suis déçu, j'aimais beaucoup la voir souffrir.

- Bon, on ferait bien de bosser, on a encore rien foutu.

- Les cours commencent dans vingt minutes, on n'aura pas le temps.

- À qui la faute...

Je fronce les sourcils puis la taquine en lui offrant un clin d'oeil. Mon portable vibre et, pour une fois, je décide de directement y jeter un œil.

Camille : Tu es libre après les cours ?

Pour être certain, je vérifie deux à trois fois le nom de l'expéditeur, surpris qu'elle m'envoie un message d'elle-même, surtout pour me faire une telle proposition.

Julian : Pour toi, toujours.

Plus de réponse.

Pauline et moi rangeons nos affaires avant de se mettre en route vers le lycée, il n'est qu'à deux minutes à pieds de la bibliothèque mais le froid me fait vite regretter d'être sorti.

Nous entrons dans l'établissement avec empressement, je frotte mes mains entre elles pour les réchauffer puis enlève mon écharpe autour de mon cou. Près de mon casier, j'observe Camille et Gaëlle discuter alors je prends mon temps tout en me dirigeant vers elles.

- Julian, tu viens ?

Pauline avance toujours et je reste immobile à me demander quelle serait la meilleure façon d'agir. Finalement, je secoue le visage en remontant mon sac sur mes épaules.

- Je te rejoins en classe, ne m'attends pas.

Elle a l'air vexé mais ne bronche pas.

Je fais des petits pas, Camille me remarque et s'empresse de murmurer quelque chose à son amie qui déguerpit sans plus attendre. Par habitude, je passe mes mains sur mes épaules, sous les lanières de mon sac à dos et lui sourit en arrivant à sa hauteur.

- Hey, dit-elle timidement.

- Hey.

Seulement pour savoir si elle va m'en parler de vive voix, j'aimerais qu'elle continue à prendre les devants comme elle l'a fait en m'envoyant ce message. Malheureusement, elle n'en fait rien. Ses mains caressent le bas de son manteau alors que ses deux dents mordillent sa lèvre inférieure.

- Bon et bien... je vais aller en cours. À tout à l'heure, tenté-je.

- Attends ! Julian ?

- Mh ?

Vainqueur, je souris après m'être éloigné de quelques pas mais toujours assez proche pour l'écouter.

- On se voit toujours cet après-midi ?

- Bien sûr, je t'ai confirmé par message.

- Je sais, je... je voulais être sûre.

Elle voulait surtout que j'aborde moi-même le sujet.

- Où veux-tu que l'on aille ?

- Aucune idée... dit-elle doucement. Je ne pense pas que ma mère serait très contente de te revoir si rapidement.

Elle grimace et, au fond de moi, je suis vexé qu'elle n'insiste pas plus et lui obéisse au doigt et à l'œil. La faire venir chez moi ? Dans cet appartement pourave et moisi ? Elle ne m'adressera plus jamais la parole.

- On peut trainer devant le lycée ?

- Je sors d'une bonne grippe, je ne pense pas que ce soit une bonne idée.

D'un côté, je suis rassuré qu'elle refuse, je n'aurais jamais réussi à combattre le froid tout seul et, en plus de ça, la réchauffer sans me plaindre. Bon, si je peux l'avoir dans mes bras et me rapprocher d'elle en prenant cela comme excuse, ce n'est pas plus mal. Mais de toute façon, elle ne veut pas. Il reste une seule solution.

- On peut aller chez moi mais... c'est encore le bordel, avoué-je en grimaçant. On vient d'emménager alors-

- Parfait, sourit la blonde. Bonne journée !

Bon, et bien elle a l'air ravi.


***


Je patiente dans le froid, mon écharpe couvre mon cou et la moitié de ma bouche tandis que j'essaie de réchauffer mes mains dans les poches de mon jean. Maxence ne m'a pas adressé la parole de la journée, en cours, il tente de m'éviter en allant parler avec d'autres camarades. Alors j'en profite pour aller le voir à la fin des cours, celui-ci fume près de l'abri à vélos, le nez dans son portable.

- Max ?

Il m'a l'air concentré jusqu'à ce qu'il mette en pause sa vidéo et qu'il lève le regard vers moi, interrogateur.

- On se croise plus trop en ce moment...

- Je sais.

- Un problème ? demandé-je en fronçant les sourcils.

- Pas ma faute, Pauline te colle aux basques.

- Et alors ?

- Et alors, je t'ai dit de t'en méfier.

- Et je dois t'obéir, c'est ça ?

Je déteste la manière dont il me répond, il n'a peut-être pas eu une bonne expérience avec Pauline mais ça ne veut pas dire pour autant que je vais tomber dans le panneau. De plus, je ne connais pas leur histoire, qui me dit qu'elle en est la méchante ?

- Fais c'que tu veux Julian. Comprends bien que je ne resterai pas dans le même périmètre que vous tant que vous serez tous les deux.

Dégoûté, je le regarde en secouant le visage, marchant à reculons.

- Tu n'es pas si différent que tes amies finalement.

Sans attendre de réponse, je me dirige vers les escaliers, croisant le chemin de Camille qui semble se poser des questions sur mon dernier échange.

- On y va ? demandé-je avant qu'elle veuille en savoir plus.

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