Bonne année !

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DÉCEMBRE 2017


- Un oiseau ! Nan, un lapin ! Attends, ce sont des ailes ça ?

- Tu ne peux pas te taire deux minutes ?

- Je propose ! Je veux gagner, se plaint Maxence en se levant du canapé.

Jules dessine du mieux qu'il peut mais ce n'est pas fameux, je l'avoue. Ça doit faire deux heures que l'on joue à Pictionnary, le jeu de société préféré d'Anaïs, quel plaisir. À part en dessin, je suis nul, je ne trouve rien et les mimes n'en parlons pas, c'est un désastre. Camille et moi faisons équipe, elle remonte le niveau à certains moments mais sinon zéro, même un enfant ne voudrait pas de nous.

- C'est une grenouille, les gars... soupire Jules, désespéré, lorsque le sablier est écoulé.

- Tu déconnes ? Putain Jules, tu vas nous faire perdre.

- On a dix points d'avance, ça ne risque pas, se réjouit Anaïs.

Et elle a eu raison, ils ont gagné haut la main, chance pour eux, les derniers dessins étaient simples. Tracer un rond, rajouter une multitude de petites barres verticales et le tour est joué. Un soleil, putain, je tombais sur des mots que je ne connaissais même pas et, eux, ils doivent dessiner un soleil.

- Je pense qu'il est l'heure de s'amuser, se réjouit la brune en augmentant le volume du stéréo posé sur le plan de travail de la cuisine.

Maxence revient avec un paquet de bières qu'il dépose sur la table basse du salon, Camille vérifie de temps en temps par la fenêtre, anxieuse de voir débarquer ses parents à l'improviste. Maintenant qu'ils savent que je suis là, ils vont se méfier, c'est normal, ils ne me connaissent pas. Cependant, je ne ferai rien qui pourrait me séparer d'elle, il faut absolument que j'arrive à convaincre ses parents que je suis quelqu'un de bien, qu'il ne me voit pas comme le gars qui brisera le cœur de leur petite fille.

- Viens, je lui glisse doucement à l'oreille en passant mes mains sur ses hanches, ce qui a le don de la faire sursauter.

- Je... ils ne-

- Arrête d'avoir peur Camille, ils te font confiance.

- On s'est disputé Julian, je m'en veux...

- C'est de ma faute ?

Elle baisse les yeux et je prends ça pour un « oui ».

- Écoute, commence ma petite amie, ils se méfient. Beaucoup. Ils n'acceptent pas notre relation mais je suis persuadée qu'ils changeront d'avis.

- Tu as vu dans quel état tu te mets ? Tu te rends malade pour nous.

- Et alors ? demande-t-elle, vexée. Tu préfères que j'abandonne ? Que je refuse d'être avec toi parce que mes parents ne l'acceptent pas ?

- Pas du tout Camille. Je suis content que tu le fasses mais je refuse de te voir triste ou perdue dans tes pensées parce que l'avis de tes parents te tracassent.

Ses épaules s'affaissent pendant qu'elle joue avec les pointes de sa longue queue de cheval. Sa robe rouge met ses formes en valeur et je me sens soudainement chanceux de l'avoir pour moi tout seul. Cette fille est un ange tombé du ciel et je ferai tout mon possible pour la garder auprès de moi.

- Viens, on va penser à autre chose, lui dis-je en prenant doucement sa main, l'attirant contre moi.

Sur le rythme de la musique, nous dansons l'un contre l'autre tout en me doutant que cette proximité la gêne, elle n'a pas l'air de se sentir à l'aise. Pour y remédier, je cale mon visage dans son cou tout en déposant quelques doux baisers dans le creux de celui-ci, lui provoquant de légers frissons sur les bras.

- Détends-toi, lui murmuré-je à l'oreille.

Je vois, dans son dos, Max me lancer des regards moqueurs pendant qu'il change la musique pour passer celle du fameux film Moulin Rouge.

Oh, non. Mais quel crétin.

Soudainement mal à l'aise, je ris silencieusement quand mon ami me mime un baiser langoureux qu'il souhaite sûrement que je reproduise avec Camille. Oui, ça j'ai très vite compris.

- Gère Max, il a trop bu, soufflé-je à Camille.

- J'ai l'habitude, tous les ans c'est la même chose, rit cette dernière en levant les yeux au ciel.

Par cette occasion, nos regards se croisent, Camille caresse le haut de ma nuque ainsi que les quelques boucles brunes qui me font penser que je dois bientôt aller les couper. Cette sensation de plaisir s'empare de moi, mes joues me brûlent tellement j'ai chaud et j'aime de plus en plus le fait qu'elle soit contre moi, ses touchers me rendent dingues aussi minimes qu'ils soient.

Sur la pointe des pieds, Camille se redresse tout en tirant légèrement sur le col de ma chemise pour que nos visages se rapprochent. Je décide alors de prendre les devants en passant mes mains sur le bas de son dos, les yeux fermés, je mets fin à cet écart entre nos lèvres quand je l'embrasse avec envie. Ses doigts s'amusent toujours, cette fois-ci en plein dans mes cheveux, tirant par-dessus de temps à autre. J'ouvre les yeux pour vérifier qu'elle va bien et ça m'en a tout l'air ; les sourcils froncés et les joues colorées d'un rouge passionnel, Camille prolonge le baiser en partant à la recherche de ma langue. Explosion de sensation, nos souffles s'emmêlent, nos nez se bousculent à chaque fois que nous avons le malheur de bouger mais c'est bon. Tellement bon.

Quand nous n'avons plus d'autre choix que de reprendre notre souffle, Camille et moi posons nos fronts l'un contre l'autre en souriant, fatigués de cet échange.

- Tu me rends fou, murmuré-je en cherchant son regard.

- Deux minutes ! crie notre ami blond. Les gars, apprêtez-vous.

- Tiens, tes raisins.

Anaïs nous donne un gobelet rempli de fruits verts, les sourcils froncés, je regarde Camille qui remarque mon incompréhension.

- C'est une tradition en Espagne, me chuchote la blonde. Tu as douze raisins dans ce gobelet, le but est de réussir à les manger sur les douze coups de minuit, les douze dernières secondes. Si tu réussis, ton année sera remplie de chance et de prospérité.

- Ah ouais ? je souris pour me moquer.

- Eh ! Je t'assure que c'est vrai.

- Pourquoi est-ce qu'on fait cette tradition espagnole, au fait ? Ana est espagnole ?

- Non, pas du tout. Mais je pense qu'elle a toujours rêvé de le devenir, elle adore ce pays. Alors, c'est devenu une tradition lorsque l'on fête la nouvelle année tous ensemble. Essaie, c'est chouette, tu verras.

- Ça a l'air trop facile.

- Ne te vente pas trop, tu vas vite déchanter.

Elle me taquine, m'envoie un clin d'œil suivit d'un sourire qui ferait craquer des tas de mecs. Mais c'est la mienne, elle est à moi.

- Trente secondes les gars, rit nerveusement le blond en tenant son portable entre ses doigts.

- Quinze... Quatorze, treize... Douze !

- C'est parti ! crie Anaïs en prenant son premier raisin.

OK, je regrette, c'est vachement compliqué, j'essaie de gober chaque raisin sans qu'il ne reste coincé à travers ma gorge mais c'est difficile. Camille avait raison. J'ai du retard, j'en suis à mon sixième raisin alors qu'il ne reste que quatre secondes. C'est raté d'avance pourtant je continue, juste pour le plaisir.

- Fini ! crie Maxence en ouvrant la bouche.

Il a réussi. Il m'en reste un, Camille en est encore à son cinquième tandis qu'elle le mâche tranquillement, pas le moindre du monde pressée.

- Je ne réussis jamais, autant savourer.

Elle hausse les épaules, j'en rigole, elle me saute dans les bras tout en passant ses jambes atour de ma taille et son visage dans mon cou.

- Bonne année Julian.

- Bonne année Camille.

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