AVRIL 2018
- Tricheur ! s'esclaffe Camille en me frappant le bras.
- Ehhh, je suis juste trop fort, tu ne peux pas le nier.
- Fort ? Observateur, c'est tout.
- Observateur ? Tu vas voir ce qu'il te dit l'observateur !
En un mouvement de mains, je fais tomber nos tas de cartes pour venir m'allonger sur Camille et bloquer ses bras par-dessus son visage, elle me sourit les joues teintées de rose tout en essayant de se débattre sous mon poids, en vain.
- Non, mon amour, je t'aime, ne me torture pas, rit Camille.
- Mmh... non, ça ne suffit pas. Il faudra te montrer plus convaincante, là.
- Arrête, rit toujours ma petite amie. Je t'en supplie, je ferai tout ce que tu veux !
Sa voix monte dans les aigus, comme toujours quand elle stresse, seul son rire me confirme qu'il s'agit d'un bon stress, Camille déteste les chatouilles, elle en devient dingue.
- Comme quoi ?
- Un massage, des papouilles dans les cheveux, j'en sais rien mais tout ce que tu veux !
D'une main, je garde ses poignets liés près de la tête de lit, de l'autre, j'approche son aisselle avec danger, ce qui provoque en elle un fou rire énorme et je ne peux m'empêcher de l'imiter.
- Arrête ! Non, s'te plaît Julian, on se marie demain si tu veux mais arrête !
Surpris, je la regarde dans les yeux tout en perdant peu à peu mon sourire. Je sais qu'elle plaisante, la fossette que je vois au creux de sa joue me le prouve, seulement, je n'approuve pas tellement cette manière de m'avoir de cette façon.
- Ne plaisante pas avec ça.
Perdue, Camille défait facilement ses poignets d'entre mes doigts pour se redresser sur ses coudes tout en cherchant mon regard.
- Julian, je suis désolée, je ne pensais pas que... tu l'as vraiment mal pris ?
- Je n'aime pas rire de ça. Le mariage c'est important.
- Je sais bien. Peut-être que j'ai simplement voulu te déstabiliser en disant ça mais... je compte bien me marier avec toi, un jour.
L'illumination dans mon regard la fait sourire. Sa main se pose sur ma joue pour la caresser de son pouce et je frissonne à son toucher.
- Vraiment ?
- Avec qui veux-tu que je passe le restant de ma vie ? Il n'y a que toi qui me supporte.
- Ce n'est donc que par dépit... la taquiné-je.
Toujours à califourchon sur elle, je la pousse dos contre le matelas, niche mon visage au creux de son cou pour y déposer quelques baisers. Aussi, ses mains trouvent place dans mes cheveux pour les tirer légèrement quand je mordille sa peau, elle tourne la tête pour me laisser plus d'espace et j'en profite pour respirer son odeur de vanille que j'aime tant.
En ce début de mois d'avril, Camille a repris la chimiothérapie sous l'accord du médecin, les effets secondaires ne se sont pas encore manifestés et c'est très bien comme ça. Camille est rapidement essoufflée, Docteur Lecomte préfère toujours la garder en observation et je pense que ça la rassure d'être entourée de médecins. Nous avons pris au goût à cette nouvelle vie, je passe la plupart de mon temps entre ces quatre murs avec elle et, tant que nous sommes tous les deux, rien ne peut nous arriver.
- Julian...
- Mh ?
- Qu'est-ce que tu fais ? Je...
- Détends-toi, murmuré-je contre sa peau.
- Non, Julian, pas ici, soupire Camille sans résister pour autant.
- Qu'est-ce que tu penses que je fais ?
- Arrête, rit-elle.
- Mmmh...
Après quelques longs baisers au sommet de sa poitrine, je me redresse sur mes mains, chacune d'un côté de son visage, puis observe son visage en détails, un sourire radieux sur les lèvres. Deux billes bleues me scrutent avec désir. Ses joues sont encore plus rouges que d'habitude, ses cheveux en pagaille alors que sa lèvre est coincée entre ses dents, la connaissant, elle a fortement envie de moi. C'est dommage, nous sommes dans un hôpital et la seule chose que je peux faire, ce sont des chatouilles sans qu'elle ne le voit venir.
- Julian ! crie Camille beaucoup trop fort. Non ! Non, je t'en supplie, stop !
Elle se débat comme si elle se faisait tirer dessus, ne manquant pas de me donner plusieurs coups de pieds par moment, elle ne contrôle plus ses mouvements et je ne lâche pas l'affaire. Ses hanches sont son point faible, alors je me charge de titiller ces dernières, redoublant les cris mélangés aux rires de Camille.
- Julian, je... arrête !
Elle essaie d'atteindre mon visage avec ses mains, je l'évite, continuant ma torture car son rire me fait du bien. Seulement, elle ne rit plus, se débat plus fermement et se redresse en respirant difficilement. Je m'arrête instantanément, mes yeux cherchent une once de plaisanterie mais rien, Camille se tient le ventre en fermant les yeux, inspirant et expirant de manière irrégulière.
- Julian, je...
- Eh... attends, qu'est-ce qu'il se passe ?
- Je n'arrive plus...
Elle inspire bruyamment, je la prends dans mes bras, la berce tout doucement en essayant de lui mimer une respiration régulière pour qu'elle fasse de même.
- Doucement, chuchoté-je contre son crâne. Inspire, expire calmement mon ange. Suis mon rythme.
Ses mains s'accrochent désespérément aux manches de mon pull, son dos contre mon torse, je nous balance d'avant en arrière, chuchotant des mots doux à son oreille et en lui répétant le rythme correct à utiliser.
- Ça va ? demandé-je finalement.
- J'ai mal.
- Où ça ?
- Quand je respire... J'ai mal.
- Est-ce que tu veux que j'appelle quelqu'un ?
- Non ! Non... ça ira.
- Bois un peu d'eau Cam', ou mange quelque chose au moins.
- Ça va, je te dis. T'en fais pas.
- Je suis désolé, murmuré-je en la serrant dans mes bras. C'est ma faute, je n'aurais pas dû te brusquer de cette manière...
- Ce n'est rien, mon souffle... j'ai du mal, c'est tout, ne t'excuse pas.
- Tu préférais peut-être ce que je te faisais avant ça ? je souris contre ses cheveux.
- Je pense que même pour ça je vais avoir du mal, sourit Camille. Tu es très endurant au lit.
Oh. Bien. Je vais devoir me passer de ma blonde préférée pendant quelques temps.
- Je ne sais pas si je dois bien le prendre, je ris.
Elle semble sourire mais je ne le vois pas. Son dos s'appuie contre moi, je jette un coup d'œil par-dessus son visage et constate qu'elle ferme doucement ses yeux, elle doit être exténuée.
- Repose-toi.
Je me couche, l'attire contre moi et il ne faut pas plus de cinq minutes pour que nous tombions tous le deux dans les bras de Morphée.
VOUS LISEZ
Près de toi
Teen FictionCroyez-vous au destin ? Pensez-vous que tout est déjà écrit ? Et si nous avions agi autrement, la fin aurait-elle été la même ? Julian Mercier ne le saura jamais. Suite au divorce de ses parents, Julian, 18 ans, décide de suivre sa mère et s...