Le marché de Noël I

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DÉCEMBRE 2017


Ce week-end, Gaëlle a proposé que l'on aille tous ensemble au marché de Noël, Place Royale. J'ai refusé, Anaïs s'est fâchée mais ça n'a rien changé. Maxence a essayé de me convaincre, prétextant venir rien que pour moi mais ça n'a pas fonctionné. Je n'aime pas les marchés de Noël, je ne suis pas non plus un grand fan de la fête en elle-même alors... Camille est venue à la rescousse de ses amis et, en un appel, j'ai accepté.

- Tu vois, tu ne peux plus te passer de moi, lui avais-je dit.

- Tu oses me dire ça alors que c'est toi qui te fais désirer, refuses toutes les propositions et n'acceptes que lorsque, moi, je le demande. Julian, ouvre les yeux, c'est toi qui est accro.

Et elle a raccroché.

Je ne suis pas accro.

Tous les six, nous marchons en direction de l'endroit propice, celui où nous n'arriverons plus à nous retrouver tellement il y aura de monde, là où la plupart des gens se bousculeront pour s'intéresser aux mêmes stands et, finalement, ne rien acheter.

Anaïs a eu la bonne idée d'imposer un pull de Noël pour s'y rendre, j'ai beau l'avoir supplié de retirer cette idée de sa tête, c'était peine perdue. Jules était content, il a pu sortir son fameux pull Pikachu avec un bonnet du Père Noël, Maxence a trouvé, au fond de sa garde-robe, un pull offert et tricoté par sa grand-mère il y a de ça trois ans, d'ailleurs, on voit bien qu'il est trop petit. Les filles ont opté pour un simple pull blanc à froufrous, toutes les trois le même. Original.

Quant à moi, j'ai choisi de porter un sweat bleu marine avec la tête d'un cerf en plein milieu et, je vous assure, il n'y avait pas mieux, celui-ci était le plus proche de la normale. Camille m'a un petit peu forcé à l'acheter lorsque nous sommes allés au centre commercial, je pense même qu'elle m'y a emmené dans ce but-là.

- Je me demande si la grande roue sera utilisable, cette année.

- Lève les yeux, tu auras ta réponse, réplique Maxence.

En effet, de là où on est, nous apercevons la grande roue qui semble très bien fonctionner. Illuminée, tournant sur elle-même, j'ai beau ne pas aimer ce genre d'attraction, ça ne me laisse tout de même pas indifférent.

- Bon, les gars, on reste en groupe !

Le début du marché de Noël est annoncé par deux grandes arches sur lesquelles des guirlandes sont enroulées et un panneau marqué d'un « Bienvenue » en lettres capitales est planté juste à côté.

- Où veux-tu qu'on aille ?

- Perso, j'ai la dalle, je veux une barbe à papa ! s'exclame Anaïs.

- Tu permets ? On vient seulement d'arriver.

Jules s'arrête devant un stand de figurines, elles sont toutes vêtues d'une tenue de fête ou d'un pull de Noël, et c'est là que je me rends compte qu'ils commercialisent beaucoup trop cette fête. Vu d'ici, on peut dire que Jules semble être un expert, penché vers l'avant, les deux mains liées derrière le dos, il inspecte chacune d'entre elles, à la recherche du moindre défaut. Il retrousse son nez pour remettre ses lunettes en place, ce fameux tic qui rend Jules unique.

- Ana, tu viens m'aider ? demande Camille, ce qui attire mon attention.

- Laisse, j'y vais.

Surprise, Camille me sourit et nous nous dirigeons vers le premier stand de sucreries, la blonde ayant pris la commande de chacun. Dans la file, nous ne parlons pas, j'admire les illuminations en laissant le froid me consumer, petit à petit.

- Tu veux quelque chose ? me demande timidement Camille.

- Je veux bien des nachos. Qu'est-ce que tu prends, toi ?

- Une pomme d'amour, j'adore ça, sourit la jeune fille.

- Aaaah, l'amour...

Elle me frappe l'épaule en riant, ses gants font que sa poigne n'est pas si forte mais je fais semblant d'avoir mal en me tenant là où son poing à atterri.

- Quoi ? m'indigné-je.

- Arrête de m'embêter, je te rappelle que nous sommes amis.

- À mon plus grand regret, soupiré-je en avançant.

C'est à notre tour, elle n'a pas le temps de répliquer et je vois à l'expression de son visage qu'elle semble déstabilisée, peut-être surprise. Une fois la commande faite, nous passons dans la file voisine pour récupérer nos gourmandises lorsqu'elles sont prêtes. Camille m'évite, fuit mon regard alors je passe mon bras autour de ses épaules pour la faire penser à autre chose.

- Eh... je plaisantais, je te taquine.

- Mh... arrêtons d'en parler, murmure-t-elle.

Elle frissonne et se réfugie contre moi tout en passant ses bras en dessous de ma veste, ce qui me donne soudainement chaud, moi aussi. Depuis peu, Camille se montre très câline et ce n'est pas pour me déplaire, l'avoir dans mes bras me donne l'impression de la protéger, qu'il ne peut rien lui arriver.

- J'arrête de t'ennuyer, promis.

J'embrasse le haut de son crâne puis pose ma joue sur celui-ci en fermant les yeux, profitant de pouvoir sentir son odeur, plus forte que d'habitude.

- J'aime être dans tes bras, me dit-elle soudainement.

Pour simple réponse, je me redresse, embrasse son front et baisse ensuite les yeux vers elle, qui les relève vers moi.

- Tu es grand, je me sens en sécurité, continue Camille. Et puis tu es très confortable.

Elle rit en frottant son nez contre mon pull.

- J'ai vraiment trop froid.

Je ressers mon étreinte autour de ses bras, les lui frotte de haut en bas doucement en observant nos amis, au loin, qui nous regardent avec insistance.

- Je pense qu'ils essaient d'être discrets, chuchoté-je.

Camille se retourne, suit mon regard puis éclate de rire.

- Ils sont dingues.

- Commande numéro cinquante-six ! Je répète, commande numéro cinquante-six ! crie un jeune homme dans sa remorque.

- Merci, se réjouit Camille en prenant une partie de la commande, et moi l'autre.

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