Démasquée

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NOVEMBRE 2017


Le trajet est silencieux, elle m'a demandé si tout allait bien avec Maxence, j'ai répondu que oui et la conversation était déjà terminée. Heureusement, nous arrivons rapidement devant l'immeuble de mon appartement, je déverrouille la porte automatique à l'aide de ma clé magnétique puis la laisse entrer avant moi.

- Deuxième étage, lui dis-je gentiment. Ascenseur ?

Elle grimace en faisant secouer son visage dans tous les sens.

- Surtout pas, j'ai horreur de ça.

C'est noté.

Je prends les devants en entamant les premières marches des escaliers jusqu'à mon palier. Lorsque je tente d'ouvrir la porte d'entrée, je suis surpris de ne pas devoir insister.

Oh non maman, tout sauf ça.

- Chéri, c'est toi ?

- Merde, heu... enfin, oui, c'est moi m'man.

Gêné, je mime une faible excuse à Camille qui semble tout sauf ennuyée de la situation, elle ne paraît même plus timide. Lorsque ma mère fait son apparition, un blanc s'installe tandis qu'elle dévisage mon amie, un peu trop longtemps à mon goût.

- Maman, je te présente Camille. Camille... ma mère.

Je gratte nerveusement l'arrière de mon crâne, du coin de l'œil, j'aperçois ma mère s'approcher puis prendre Camille dans ses bras, comme si elles se connaissaient déjà.

- Ravie de te rencontrer. Je t'en prie, mets-toi à ton aise, fais comme chez toi.

Incompréhensible. J'ouvre grand les yeux en faisant comprendre à mon amie que je ne comprends pas la réaction de ma maman. Quant à Camille, elle resserre son étreinte tout en m'offrant un sourire rassurant.

- Je pensais que tu travaillais, déclaré-je pour qu'elles se séparent.

- Ton but n'était donc pas de me présenter ta petite copine ? s'étonne l'adulte.

- Maman ! Ce n'est pas ma petite copine. C'est... une amie. On doit bosser, c'est tout.

Je n'ose pas croiser le regard de Camille. Depuis qu'elles se sont enfin lâchées, je sens qu'elle observe l'appartement alors j'essaie de faire de même, discrètement, en me demandant si j'ai bien fait de l'inviter chez moi. Son étonnement lorsque je mens me fait presque rire, elle garde tout de même un petit rictus mais elle ne doit sûrement pas accepter ce que je fais, elle qui est si sage et obéissante envers ses parents, mon mensonge ne doit pas lui plaire.

- Bien, me suspecte ma mère. Je suis en repos aujourd'hui alors... si vous avez besoin de quoi que ce soit, biscuits, jus d'orange, sandwichs, je-

- Ça va m'man, on a compris. Merci.

J'attrape la main de Camille, passe devant la télévision pour faire le tour de l'appartement et l'emmène jusque dans ma chambre, fermant ensuite la porte derrière nous.

- Je suis désolé, soupiré-je. Je ne pensais pas qu'elle était là alors...

- C'est rien, me sourit la blonde. Elle a l'air très gentille.

C'est vrai. En y réfléchissant bien, j'ai précipité les choses, n'ai pas présenté Camille correctement et ai eu honte d'elle comme si elle ne représentait rien.

Alors qu'elle représente tout.

- Tu veux boire quelque chose ?

- Non merci, murmure Camille, déjà occupée à faire le tour de ma chambre pour l'observer de plus près.

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