OCTOBRE 2017
- T'es sûr que tes parents ne vont rien dire que je passe la nuit chez toi ? demandé-je à Maxence.
- Certain. On a toujours cette habitude après nos soirées alors un de plus, un de moins...
- Merci. Car je t'avoue, j'ai vraiment la flemme de rentrer pour écouter ma mère me faire la leçon parce que j'ai bu de l'alcool, grimacé-je en me tenant à mon ami.
- Ta mère est stricte ? me demande Anaïs à quelques pas derrière nous. Camille aussi connaît ça ! Tu devrais voir sa mère. Seigneur... rit la brune.
Toutes les paires d'yeux la regarde, Camille fronce tristement les sourcils puis secoue le visage sans rien ajouter.
- Tu peux te taire ?
Anaïs semble se rendre compte de la bêtise qu'elle venait de dire puisque son visage se décompose et ses mains rejoignent sa bouche en regardant tristement sa meilleure amie.
- Désolée, je... je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça.
- Ne parle plus d'elle, c'est tout. Ferme-la maintenant, crache Maxence.
Ils éveillent drôlement ma curiosité mais je pense que demander des explications là maintenant serait vachement déplacé. Et puis, ça ne me regarde pas.
Nous marchons, tous les six, dans le froid et dans le silence. La maison de mon ami n'est pas loin, il me semble que nous marchons pendant quinze minutes, à tout casser.
***
Cela a été compliqué mais nous avons réussi à rentrer dans la maison, monter les escaliers et atteindre la chambre, oui, tout ça sans réveiller personne. Anaïs est complètement bourrée, elle n'arrête pas de rire pour rien et fait des blagues. Mais elles ne sont pas drôles. Et elle est chiante. J'ai beau avoir bu quelques verres, j'arrive à tenir l'alcool sans pour autant emmerder mon monde.
La chambre de Max est immense. Bon, ça ne m'étonne pas vu les pièces par lesquelles je suis passé pour arriver dans celle-ci mais... merde, ses parents ont de l'argent, ça se voit. Quatre matelas doubles sont installés sur le sol, les uns à côté des autres, couverts d'édredons, de couvertures et de nombreux coussins. On pourrait croire que ses parents ont tout préparé d'avance.
J'observe les filles s'éclipser, sûrement pour se changer, alors que Maxence enlève son costume de Robin jusqu'à se retrouver torse nu et enfiler un simple short. Jules, lui, retire simplement son sweat mais reste habillé. Il se couche sur un matelas en soupirant bruyamment.
- Putain je suis crevé.
- Tu veux un short à moi, Julian ?
Je me regarde dans le miroir et hausse mes épaules avant de finalement accepter, ce sera beaucoup plus confortable pour dormir. Alors, après m'être déshabillé, j'attends patiemment en caleçon que Maxence me trouve un short mais il tarde. Et c'est à ce moment-là que les filles décident de revenir dans la pièce pendant que je suis là, debout, à moitié à poil sous leurs regards surpris. Anaïs, elle, roule des yeux en passant devant moi tandis que Camille évite mon regard et baisse la tête pour aller s'installer sur un matelas.
- J'en trouve pas...
- Grouille-toi, soufflé-je.
- Ce n'est pas si déplaisant, rit Anaïs, ce qui lui vaut un regard noir de Maxence.
Je décide d'enfiler mon t-shirt quand mon ami trouve enfin ce pourquoi je suis toujours en caleçon devant tout le monde. Il me lance le vêtement puis je l'enfile rapidement, dos aux filles. En me retournant, je croise le regard de Camille mais elle le détourne quand elle comprend que je l'ai vue. Elle me matait ? Flatteur.
Il sont déjà tous installés. Maxence est couché sur le côté, face à Anaïs qui, elle-même, est allongée sur le dos avec Gaëlle sur sa gauche. Jules suit, quasi à moitié endormi, et Camille est étendue sur le dernier matelas, les yeux rivés sur le plafond, ses jambes remontées vers elle. Je n'ai donc pas le choix de m'installer à ses côtés, à la dernière place qu'il reste.
- On joue ? demande Gaëlle.
- Comme d'hab ?
- Comme d'hab !
À peine couché sur le dos, je réalise que Max vient d'éteindre la lumière. Les quelques reflets des lampadaires qui éclairent la rue passent à travers les rideaux, ce qui nous permet de tout de même apercevoir les ombres de chacun.
Puis, de quoi est-ce qu'ils parlent ?
- Ju' ! On pose une question l'un après l'autre, le voisin de gauche répond à celui de droite. Simple. Je commence.
Ils n'ont pas juste envie de dormir ? Parce que moi, j'ai sommeil.
- Paris ou New-York ?
- New-York ! crie Anaïs en levant les bras malgré sa position allongée.
- Parle moins fort, souffle Max.
- Tes céréales préférés ?
- Chocapic, sourit Gaëlle. L'athlète que tu admires le plus ?
Silence. Jules ne répond pas, jusqu'à ce qu'on entende son ronflement, ce qui provoque un fou rire général.
- Homme à terre. Je répète : homme à terre !
- Qu'il passe son tour. Camille, à toi !
La blonde soupire doucement. Je me permets de la regarder du coin de l'œil, elle semble pensive, voire ennuyée.
- J'en sais rien. Usain Bolt ?
Elle ferme les yeux puis continue.
- Quelle est la chose la plus folle que tu aies faite ?
Elle me pose une colle. Qu'est-ce que ce que je peux bien répondre à ça ? Ma vie est hyper monotone, je n'ai jamais rien fait de dingue mise à part voler un chewing-gum à mon camarade de classe pendant mes primaires. Encore maintenant, je m'en veux toujours.
- J'en sais trop rien... peut-être de t'avoir inviter à danser.
C'est vrai. Jusqu'à maintenant, je ne peux pas me vanter d'avoir vraiment oser beaucoup de choses. Je ne peux pas dire que d'avoir danser avec elle est la chose la plus « folle » mais... peut-être la plus importante jusqu'à maintenant. J'ai réellement senti cette sensation de bonheur lorsqu'elle a lâché prise et qu'elle a accepté ma demande.
- Ohhhhhhhhhhhh ! rit la brune, toujours en forme.
Camille rouvre les yeux et je pourrais jurer que, malgré l'obscurité, j'aperçois ses joues prendre de la couleur.
- Le pays que tu as préféré visiter ? demandé-je à Maxence pour recommencer le tour.
- L'Italie ! En un seul mot, comment décrirais-tu ta famille ?
- Folle, rit Ana. Le film d'horreur que tu as adoré ?
- Je dirais... Tous les Saw. Le défaut que tu détestes le plus chez un garçon ? demande Gaëlle à Camille.
De nouveau, un long silence s'installe. Camille sourit mais je ne discerne pas les traits de son visage.
- Lorsqu'il joue sur deux tableaux. C'est dégueulasse.
Sans un regard, elle se tourne dos à moi tout en remontant la couverture jusqu'en dessous de son menton.
- Je suis fatiguée maintenant. Bonne nuit.
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Près de toi
Teen FictionCroyez-vous au destin ? Pensez-vous que tout est déjà écrit ? Et si nous avions agi autrement, la fin aurait-elle été la même ? Julian Mercier ne le saura jamais. Suite au divorce de ses parents, Julian, 18 ans, décide de suivre sa mère et s...