Un ami en or

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NOVEMBRE 2017


- Alors, tu aimes ?

Maxence grimace en sortant sa langue de sa bouche et ce n'est extrêmement pas exagéré. Du tout.

- Putain mais tu as mis quoi là-dedans ?!

- Un peu de curry, beaucoup de paprika...

- T'abuses vraiment, tousse mon ami en allant cracher dans l'évier.

- Là c'est toi qui abuse, je trouve...

Vexé, je me retourne pour vérifier la cuisson du poulet que je suis en train de faire mariner dans une poêle. Il n'y avait plus grand-chose à manger, j'ai voulu faire des courses et, après avoir passé des heures sur Youtube à regarder des recettes de cuisine, j'ai décidé de m'y mettre. Et tant pis pour les critiques.

- T'as des nouvelles de Cam' ? demande Maxence en se servant un verre d'eau.

- Nada.

- Sérieux ?

- Ça t'étonnes vraiment ? Tu la connais, pourtant.

- Justement, oui. Elle t'aime bien.

Je lève ma spatule et la lui pointe dessus en haussant les sourcils.

- Rectification : elle me tolère. En fin de compte, elle était presque obligée. On était tous les deux sous la pluie, qui aurait refuser de s'abriter et de se faire payer une bonne soupe maison ?

- Tant que ce n'est pas toi qui la prépare... Plus sérieusement Ju', fais-moi confiance, elle n'aurait jamais accepté de passer la journée avec toi si elle ne t'appréciait pas un minimum.

Au même moment, mon portable vibre sur le plan de travail et Maxence s'empresse de le prendre pour regarder le contenu. J'ai eu le temps de le voir, moi aussi, et je ne sais pas par quel miracle, il s'agit justement de la belle blonde qui vient de m'envoyer un simple « Merci. ».

- Ehhhh ! Mais c'est que tu as une touche !

Je le lui prends des mains en lisant, encore une fois, le message. Ça me semble presque irréel.

- Pourquoi est-ce qu'elle m'envoie ça maintenant ? Ça fait trois jours que ça s'est passé.

- Soit ta connexion est vraiment nulle, soit elle pense à toi.

Maxence arrête le minuteur qui vient de s'enclencher et m'aide à égoutter le sachet de riz qu'il verse ensuite dans nos assiettes. Le poulet est presque prêt mais je n'ai soudainement plus envie de m'en occuper. Alors Max s'en charge pendant que je cherche une réponse simple mais efficace.

Julian : On refait ça ce week-end ?

OK. Ça me semble correct.

- Arrête de stresser, rit mon ami.

- Je ne stresse pas.

Sourcils froncés, mon doigt près de ma bouche pour ronger le bout de mon ongle, je tourne autour de l'îlot de la cuisine en me rendant compte que si, ça me stresse en fait.

Camille : Pas possible. Désolée...

Je soupire de mécontentement et m'installe à table lorsque le repas est prêt. Je décide de ne pas répondre, sachant pertinemment que ce serait bien trop beau qu'elle accepte de me voir en dehors du lycée. Je ne sais pas ce que j'imaginais.

- Il s'passe quoi ? demande le brun face à moi.

- Elle ne veut pas me revoir.

- Mh, ça doit être ses parents qui l'en empêche, t'inquiètes.

Je ne réponds pas, bien trop frustré.

C'est vendredi, il ne reste qu'un week-end avant que nous reprenions les cours et j'ai l'impression de n'avoir rien fait de mes vacances.

Le reste de la journée file tellement vite puisque Maxence et moi la passons à jouer sur la console, à manger des bonbons et à regarder des vidéos drôles. Jules a préféré jouer seul à son nouveau jeu favori et c'est bien dommage. J'avoue me sentir proche d'eux mais, sans hésitation, Maxence est celui qui me met le plus à l'aise. Ce dernier part de chez moi vers 18H00 quand ma mère me téléphone pour m'avertir qu'elle ferait quelques heures supplémentaires. Elle a raison, je suis grand et je sais me débrouiller seul, qu'elle en profite.


***


Je somnole devant Game of Thrones lorsque j'entends les clés remuer devant la porte. Sans prendre le temps de me lever, je regarde ma mère entrer dans notre appartement, l'air fatigué.

- Ça va m'man ?

- Ça va et toi mon fils ?

- Mh.

Mes yeux se ferment petit à petit, je suis emmitouflé dans mon plaid et la sensation de chaleur est incroyable. Lorsque les bras de ma mère enlacent mon torse, je souris tout en tenant son avant-bras avec l'une de mes mains.

- Ton travail te plaît ? demandé-je doucement.

- J'aime bien. Les gens sont sympas, en général...

- Mais tu croises des gros cons, parfois, c'est ça ?

- Julian ! Ton vocabulaire !

Je ris et lui embrasse la joue grossièrement, rien que pour l'ennuyer.

- Tu m'as dit que tes amis sont venus à la maison, tout s'est bien passé ?

- Ouais. Seul Maxence est venu mais c'était cool.

- Même pas de fille ? Je pensais qu'en changeant de lycée tu te déciderais enfin à aller vers elles...

- Arrête, à chaque fois que je te présentais une amie, tu trouvais toujours quelque chose qui n'allait pas. J'ai peur que tu fasses fuir la prochaine.

- Donc il y en a bien une, sourit ma mère.

- Naaaan, pas du tout. Enfin, c'est une amie.

Elle est beaucoup trop compliqué pour être plus, maman.

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