La rencontre I

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OCTOBRE 2017

- Il paraît qu'il sort le 27 octobre. J'ai trop hâte.

Je marche aux côtés de Maxence et Jules tandis que ce dernier s'extasie depuis plus de 10 minutes sur la sortie du nouveau jeu « Assassin's Creed ».

- Apparemment les graphismes sont dingues, ce n'est pas bon pour mes révisions tout ça...

- Prépare-toi à ne plus le croiser pendant de longues semaines, me dit Maxence en haussant les sourcils.

- Tu comptes vraiment rater les cours pour un nouveau jeu vidéo ?

Il approuve.

Je suis étonné, bien que Jules ait tout d'un geek, je ne pensais pas que ce soit à ce point. Ses grosses lunettes me font sourire, j'aperçois dans celles-ci le reflet de l'article qu'il étudie soigneusement sur son portable alors qu'il évite avec agilité les élèves qui se mettent sur son chemin.

Arrivés près de nos casiers, je m'empresse de prendre mes prochains cours en vérifiant mon horaire collé à l'arrache sur la porte métallique intérieure.

- Les filles sont là-bas, intervient Maxence en les désignant du menton.

- On les rejoint ?

- Ce sera sans moi, soupiré-je en refermant la porte de mon casier. Vu le regard d'Anaïs, je ne suis pas le bienvenu.

- Elle ne t'aime vraiment pas, rit Jules en la regardant. Elle n'a jamais agi comme ça, c'est bizarre. Peut-être que tu lui plais, en fait...

- Dis pas de conneries, relève froidement Maxence.

Se passerait-il quelque chose entre eux ? Vu les regards de la jeune femme et les réactions qu'elle ne peut cacher quand il intervient dans une conversation, j'en mettrais ma main à couper qu'elle ne ressent pas que de l'amitié pour notre cher Maxence. Et cela semble être réciproque.

- Puis on s'en fou. Anaïs finira bien par t'accepter. Jules, tu sais très bien comment elle est, non ? Elle va râler pendant quelques semaines puis elle n'aura de toute façon pas le choix.

- Vous savez, vous n'êtes pas obligés de faire tout ça pour moi.

- Faire quoi ?

Je hausse les épaules.

- Tout ça. Essayer de m'intégrer dans votre sorte de petite bande, sympathiser avec moi, j'en passe. D'ailleurs, pourquoi ?

Je les regarde à tour de rôle, soucieux. Après tout, c'est vrai, je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle ils m'ont si vite bien accueilli. Je n'ai rien demandé moi. Maxence m'a pris sous son aile dès le premier jour, je ne le blâme pas mais j'aimerais connaître la raison de cette soudaine charité.

- Franchement ? Il n'y a pas de raison Julian. J'étais content de voir un nouveau mec dans ma classe, t'avais l'air sympa alors j'ai voulu l'être aussi en te proposant de rester avec nous.

- J'ai été surpris mais c'est vrai que t'es cool, Julian, intervient Jules en me tapotant l'épaule.

- Si Anaïs ne te supporte pas, c'est parce qu'elle n'apprécie pas que l'on change nos habitudes. On est toujours collé ensemble, tous les cinq, mais, personnellement, ça fait du bien d'avoir quelqu'un qui amène un peu de fraîcheur. Elle s'y habituera. Après, rien ne t'oblige à rester avec nous...

Réfléchis Julian. Tu ne les connais pas, ils te racontent peut-être des conneries ou se foutent de ta gueule. Seulement, ils n'ont pas l'air de vouloir le faire, sont respectueux et s'il faut passer une année complète dans ce lycée, autant me faire des amis. Ça peut toujours servir.

- Ok, soupiré-je en serrant les lanières de mon sac à dos. Très bien, je suis.

Les garçons étirent un sourire jusqu'aux oreilles en me regardant avec des yeux pétillants. C'est qu'ils me font peur, ces cons. Soudain, le regard de Jules s'illumine et se pose derrière moi, laissant place à un sentiment que je n'avais encore jamais vu dans les yeux du garçon.

- Camille, murmure le blond.

Je pivote sur mes pieds et tombe nez-à-nez avec un petit bout de femme que je n'avais encore jamais vue jusqu'à maintenant. Surprise, elle hausse ses sourcils en s'arrêtant net lorsqu'elle me remarque, n'ayant pas l'air de savoir qui je suis. Et elle ne compte visiblement pas me le demander puisqu'elle me contourne tranquillement avant de serrer Maxence et Jules dans ses bras, leurs corps cachant totalement celui de l'étudiante.

- Tu vas bien ? demande Maxence en s'éloignant pour la regarder.

- Ça va.

Je gonfle mes joues tel un hamster, ma présence semble gêner mes amis, empêchant la nouvelle arrivante de parler. Je le sais puisque les garçons me jettent un regard en coin d'un air désolé.

- Je te présente Julian, intervient Jules pour détendre l'atmosphère. Julian, je te présente Camille.

- Salut.

C'est tout ce qui sort de ma bouche. Quel imbécile. Camille se retourne pour me regarder, que dis-je, pour examiner chaque partie de mon visage, comme à la recherche d'un indice sur la personne que je suis. Moi je la trouve belle. Ses cheveux blonds, dont quelques mèches sont plus foncées, tombent en cascade sur ses épaules, ses yeux bleus –voire gris– me donnent soudainement envie de plonger dedans et ses lèvres pulpeuses brillent du simple gloss qu'elle a dû appliquer ce matin. Cependant, le reste de son visage semble dépourvu de maquillage, son teint est pâle mais sans imperfections. Une vraie beauté naturelle.

- C'est toi le nouveau ?

Je ne peux empêcher un rire discret lorsque sa douce voix m'est adressée.

- Mais Julian c'est bien aussi, répondis-je, agacé.

- De toute manière, je ne pense pas que l'on aura beaucoup l'occasion de se parler. Je te souhaite bonne chance pour cette année.

Elle m'offre un sourire assez rapide avant de se retourner pour saluer ses amis et rejoindre les filles qui l'attendaient un peu plus loin. Gaëlle touche ses longs cheveux blonds pour remettre une de ses mèches en place et Anaïs la serre aussi fort que possible dans ses bras.

Bah tiens, pourquoi ne suis-je pas étonnée que ces filles soient amies ? Même caractère de merde.

- Et ça c'était Camille, marmonne Maxence en me prenant le bras pour rejoindre notre classe. Maintenant que tu connais tout le monde, je peux officiellement te souhaiter la bienvenue parmi nous.

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