Marie-Louise surprise, leva la tête vers l'inconnu. Il y avait, dans la prison en face d'elle, un homme. Il possédait une légère barbe et des cheveux mal coiffés et sales sur le crâne. Elle avait les yeux rouges qui commençaient à lui piquer mais continua de regarder cet homme aux yeux bleus.
- Tu es nouvelle ? demanda-t-il une fois qu'elle fut calmée.
Elle acquiesça d'un mouvement de tête. L'homme lâcha son regard pour reposer sa tête contre le mur à son dos. Il ferma les yeux et se mit à soupirer.
- Eh bien il va falloir t'y faire, cet homme n'est pas du genre gentil. Fais une seule erreur et tu finiras en proie au fouet.
La jeune frissonna à cette simple pensée.
- Qui êtes-vous ? fit-elle tout en gardant sa position, ses bras sur ses genoux.
Il ouvrit un œil face à elle, il la dévisageait même. Puis il ricana d'un air mauvais.
- Une noble, cracha-t-il en fermant l'œil.
Sa phrase sonnait comme une insulte. Mais Marie ne s'en preoccupa guère. Elle avait pour but de lui demander comment est-ce qu'il pouvait en être aussi sûr. Mais il reprit avant, la coupant dans son élan.
- Ta robe, ta façon t'adresser à moi... en fin de compte, je pense que tu ne survivras pas longtemps sur le Nightmare.
- Pourquoi dites-vous cela ?
- Tu es trop faible, ria-t-il offrant un noeud encore plus gros dans l'estomac de la noble. C'est dommage pour toi, tu as l'air plutôt jeune. Fais toi à cette idée, la mort se rapproche à grand pas.
Elle ne prêtait plus attention à ce qu'il disait, une question venant d'apparaître en son esprit.
- Depuis combien de temps êtes-vous ici ?
L'inconnu se redressa et ouvrit ses deux yeux bleus vers elle. Il avait un regard froid et vitreux, sans aucune émotion. Un regard déjà mort de l'intérieur. Il ne répondît rien détaillant la jeune face à lui.
- Bientôt un an, murmura-t-il.
Un an... Il avait donc visiblement passé des mois interminables sur ce navire pirate à se battre tant bien que mal pour rester en vie. Elle eut une douleur au cœur à cette réponse. Plusieurs chemins s'offraient à elle : elle perdrait la vie sur ce navire ou alors elle y passera sa vie entière. Dans tous les cas, elle ne reverrait plus la terre ferme. Marie replaça donc sa tête dans ses bras. Elle était plus qu'effrayée.
Les heures passaient sans qu'il ne lui arrive quoi que ce soit. La nuit tomba bien vite. Et la jeune femme le senti lorsque son estomac criait famine, se tordant de douleur. Elle venait de passer la moitié de la journée recroquevillée sur elle-même dans un navire pirate sans rien autour. Tous ses membres lui faisaient mal et la nuit laissait passer un air frais désagréable sur sa peau. Le froid venait de se rajouter à la liste de ses malheurs.
Rien n'allait plus. Elle qui pensait que ce voyage l'emmènerait seulement voir son fiancé et qu'elle vivrait sans doute heureuse avec lui. Elle était dorénavant prisonnière d'un navire pirate sans aucune idée qui pourrait la sortir de là. La boule présente en son estomac s'agrandissait à mesure que le temps passait, coincée dans cette prison. Sa gorge commençait à s'assécher, son ventre et ses membres se tordant de douleur.
Sans réussir à se contrôler, d'autres larmes chaudes se mirent à tomber sur ses joues rougies par le froid. S'en était fini d'elle.
Marie-Louise ouvrit les yeux lentement et durement. Ses pupilles s'étaient vite habituées à la lumière qui s'échappait des escaliers de bois menant au pont du navire. L'homme face à elle était toujours présent, il n'avait d'ailleurs pas changé de position, les yeux fermés. La jeune étira chacun de ses membres un par un, lui offrant une atroce douleur. Elle était prise de courbatures et des nombreux bleus qui devaient être présents sur chaque parcelle de sa peau.
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Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomanceDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...