Ils ouvrirent la grande porte de la demeure de Gardner, laissant passer Marie-Louise. Elle espérait que William ait écouté à la lettre ce qu’elle avait dit, ne fouillant que la cale du Red Edan. Évidemment, c’était là-bas que reposait la grande majorité du trésor des abysses. Mais étant bien trop grand les pirates l’avaient éparpillé sur le navire. Certains coffres étaient donc cachés dans la cabine du capitaine, d’autres dans quelques caisses de la cambuse, près des branles de l’équipage et une grande partie dans la cale du bâtiment. Marie-Louise ne lui avait pas tout dit, laissant quelques pièces d’or aux pirates. Elle espérait donc seulement que le noble l’ait écouté, se contentant de cette partie du trésor.
Elle était debout dans le hall vite abandonnée par les gardes qui étaient partis. Elle prit une grande inspiration tentant de calmer la tristesse qui s’était logée en elle. Après tout, elle se devait dorénavant de vivre avec. Il était temps d’abandonner toute sa partie pirate pour reprendre ses anciennes habitudes, qui ne lui avaient guère manqué. Les abordages, les pillages, la liberté… elle laissa tout derrière. Le plus dur fut de faire un premier pas, abandonnant ce merveilleux rêve en même temps que l’Edan.
Elle s’était dirigée par la suite dans la salle à manger où elle pensait retrouver William, mais il n’y fut guère. Alors elle repassa vers le bureau de celui-ci où, heureusement, elle le trouva entrain de feuilleter ses nombreux papiers. Marie-Louise se posta à côté des portes de cette pièce. La jeune noble paraissait plus douce, plus docile, mais son regard ne laissait paraître aucun sentiment comme si elle était vide de l’intérieur.
- Vous l’avez trouvé ? demanda-t-elle les yeux détaillants la bibliothèque à sa droite.
- Évidemment. Et, il n’y en avait d’ailleurs pas seulement dans la cale.
Elle eut un frisson. C’était sûr… l’homme avait trouvé l’entièreté du trésor. Elle en était persuadée et encore plus désolé pour l’équipage qui avait finit sans rien.
- Mais aussi près des branles et dans la cabine du capitaine. Pourquoi n’avez-vous pas parlé de ces endroits là ?
Un espoir brilla en elle lorsqu’elle n'entendit pas parler de la cambuse. Il leur restait donc au grand max quatre coffres remplis d’or. C’était peu comparé à tout ce qu’ils avaient trouvé. Mais déjà bien. Elle releva la tête pour le fixer.
- Je n’ai aidé à ranger que la cale, je ne savais guère qu’il y en avait plus, le convainc-elle.
Il acquiesça d’un mouvement de tête. Après avoir déposé les cartes des pirates dans un coin de la table, il continua.
- Vous êtes donc aller dans le triangle des Bermudes ? Qu’avait-il là-bas ?
Elle n’était guère étonnée de cette question, même si aucune des cartes présentes d’Alexandre ne montraient spécifiquement le triangle, le Snap Grail les avait vu en sortir. Qu’allait-elle lui répondre ? Qu’elle avait rencontré un navire fantôme dont l’équipage ne se composait que de squelette ? Il la prendrait pour une folle, finissant par l’enfermer dans sa chambre. Alors elle ne se contenta que du strict minimum.
- Une tempête. L’océan était agressif et la pluie s’abattait sur nous. Mais à par cela, il n’y avait rien en particulier.
- Je compte sur vous pour ne plus jamais reparler de ces forbans à l’avenir. Nous serions mal vu, surtout vous. Alors tachez de rester silencieuse.
Elle ne répondit donc rien. Il commençait déjà à lui mettre des barrières. Bientôt, elle ne ferait office que de caniche suivant son mari partout où il allait sans rien dire ou faire. Son seul espoir venait de prendre le large pour de bon. Et Marie-Louise savait pertinemment qu’ils n’allaient pas revenir. Elle avait fait en sorte que ce soit le cas après tout.
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Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomantizmDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...