Elle leva la tête pour faire face au capitaine du bâtiment, leur yeux l'un dans l'autre. Alexandre ne quitta pas le regard de la noble. Étrangement la couleur qu'ils arboraient lui rappelait le bleu de l'océan, un beau bleu profond dans lequel il n'avait pas peur de plonger. Il n'y voyait en aucun cas ce rouge des monstres nobles dont il avait l'habitude. Mais Black ne changea pas d'avis pour autant. Se levant, il ne lâcha pas son regard.
- Vous ne pouvez pas rester ici, en tout cas pas caché sous cet escalier.
Voyant qu'elle ne bougeait pas et qu'aucune réaction ne vint à son visage, il continua.
- Vous dérangez mon équipage.
- C'est vous qui avez décidé cela... murmura-t-elle.
- Je n'aurais peut-être pas dû.
Elle eut un léger mouvement de recul. Même si elle n'aimait guère les pirates et cet homme, elle lui était reconnaissante de l'avoir prit sur son bâtiment. Reconnaissante de l'avoir enlevé des horribles mains d'Edward Meyer ; qui allait sûrement la tuer ou s'amuser d'une quelconque façon avec elle.
Marie se leva, réalisant la distance qui la séparait de l'homme. Que ce soit par leur différence, noble et pirate, mais aussi par la taille et corpulence. Il la surplombait facilement d'une tête, des épaules carrés et fortes. L'homme n'était donc pas le genre de personne à qui elle devait chercher les problèmes. Le pirate écarlate avait le pouvoir même de la tuer en un seul coup, si cela lui chantait. Elle prit pourtant une grande respiration, se détestant déjà de ce qu'elle allait dire.
- Très bien, si je dérange tant que cela, ramenez moi au port.
- Il en est hors de question, rétorqua le capitaine en faisant demi tour pour remonter sur le pont.
- Comment ça ? Qu'est-ce que cela veut dire ? Vous ne voulez pas de moi ici mais vous ne voulez pas me ramener ?
- Exactement, répondît l'homme en se rapprochant de sa cabine.
Les regards des matelots étaient tous posés sur cette étrange scène qui se produisait devant leur yeux. Ils avaient évidemment déjà vu leur capitaine énervé, mais pas cette de manière. Ce qui leur avait tous offert un rictus amusé. Le grand Black le Sanguinaire était entrain de se « disputer » avec une noble.
- Je suis donc votre prisonnière ? cria-t-elle en essayant de comprendre ce que pensait l'homme.
- Vous êtes totalement libre de partir, les chaloupes sont par là, argua-t-il en montrant des mains le chemin vers les petites barques de bois.
Même si elle savait pertinemment qu'elle pouvait partir, Marie avait peur.
- Je ne survivrais pas... frissonna la noble en se voyant déjà en proie aux vagues se déchaînant sur son petit bateau.
Et puis, seule en mer, où irait-elle ? Comment allait-elle trouver le bon chemin ? La mort était à deux pas si la jeune prenait cette route.
- Alors mourrez, cracha le pirate écarlate en entrant dans ses quartiers.
Elle était surprise de cette réponse qu'elle n'attendait guère, restant plantée comme un piquet en face de la porte sans savoir quoi faire de plus. Les minutes passèrent lentement, Marie devenait de moins en moins à l'aise sur ce pont où l'équipage la dévisageait de temps en temps en essayant de rester discret. En réalité elle sentait chaque regard se poser sur elle, des regards lourd et dérangeant. Pendant ces longues minutes, elle s'était imaginée disparaître, ou même mieux, se réveiller d'un cauchemars dans son lit à la demeure de Gardner.
Un homme s'approcha d'elle d'un pas décidé. Celui-ci avait une jambe de bois lui donnant cette marche boiteuse, son crâne luisait à la lumière du soleil. Il avança de plus en plus. La noble cru qu'il allait en finir avec elle, le cœur battant elle baissa les yeux pour ne pas voir la mort arriver. Mais il ne se passa rien, il avait ouvert la porte de la cabine sans même adresser un seul regard à la jeune. Son cœur fut soulagé et elle relâcha vite la pression, ses jambes faillirent la laisser tomber. Mais heureusement pour elle, Marie tenait la rambarde des marches menant à la barre.
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Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomanceDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...