La jeune femme avait ses mains posées sur le bastingage où elle ne faisait que fixer cette île. Elle n’y revenait pas, durant tout ce temps, tout ce qu’ils avaient dû faire pour la trouver. Ils étaient enfin arrivés devant la forteresse. Elle avait l’impression que ce n’était qu’une illusion. Pourtant il n’y avait rien de faux dans tout ce qui l’entourait. Que ce soit ces vagues qui étaient montées à plusieurs mètres de hauteur pour venir s’écraser contre eux, que ce soit ce bâtiment fantôme avec son équipage squelettique. Et dire qu’il y avait encore de cela plusieurs mois, elle n’aurait guère cru que tout était vrai, que tout n’était pas qu’histoire pour enfant afin de leur faire peur.
Tandis que les gouttes continuaient de tomber du ciel, elle recula de quelques pas afin d’aider l’équipage pour ralentir le navire et l’arrêter. Il leur fallait éviter de détruire le bâtiment en s’aventurant trop près de la forteresse. De plus, s’ils avaient un quelconque problème, il leur faudrait repartir au plus vite et donc avoir assez de place pour faire un demi tour sans encombre.
Après qu’elle eut fini son nœud pour accrocher le cordage, elle regarda les matelots sur les mâts qui rentraient les voiles afin d’arrêter le bâtiment. La pluie continuait de taper doucement sur les planches, leur doux son caché par les pas nonchalants des marins qui finissaient leur travail. Marie attendait sur le pont, ses yeux toujours rivés sur la forteresse de corail. Le capitaine avait rejoint son équipage - mais elle ne saurait dire quand - tant cette tour aquatique était étrange et belle à la fois, hypnotisante.
Pourtant, elle se détourna pour écouter ce que l’homme écarlate allait dire. Marie se surprit à le contempler de toute sa grandeur. Cet homme qu’elle détestait il y a de cela plusieurs semaines, plusieurs mois. Le destin avait fait que son cœur batte pour lui. Elle l’aimait. Sa voix, son odeur, la texture de sa peau, ses yeux sombres, ses cheveux en pagaille…
- Seulement un groupe d'hommes partira sur l’île, commença Alexandre en croisant les bras.
Tandis qu’elle regardait les détails qui composaient le visage du pirate, il énumérait les prénoms de ceux qui allaient l’accompagner. Elle ne savait qui viendrait avec eux. Mais elle avait hâte de découvrir et de voir ce trésors Introuvable. Cet or que personne n’avait réussi à trouver auparavant, ou alors n’en était pas revenu. Maintenant qu’elle y pensait, en regardant autour de cette île, il y a eu quelques traces de passages avant eux. Des carcasses de navires espagnol, français, pirates, marchands… beaucoup étaient venus ici. Mais visiblement personne n’avait réussi à s’en sortir vivant. S’étaient-ils échoués après la bataille contre le Princess Augusta ? Ou plutôt à cause de la tempête ? Ou peut-être même qu’ils n’étaient jamais revenus de la forteresse ?
À cette pensée un frison parcouru son dos, mais ce n’était pas cela qui allait l’arrêter. Après tout ce qu’elle avait déjà traversé, il était seulement hors de question qu’elle abandonne à ce niveau-là de l’aventure. Une étincelle se mit à naître en elle. Marie était prête à partir, elle n’attendait plus que le feu vert du capitaine.
La jeune femme reprit conscience pour ensuite s’avancer en suivant le groupe qui partait vers les chaloupes. Alexandre se dirigea vers elle comme pour lui barrer la route. Son regard avait changé, il était attendrissant, doux, beau.
- Joli cœur, je pense qu’il serait préférable que tu ne viennes pas… commença-t-il vite coupé par Marie.
- Comment ça que je ne vienne pas ? Je n’ai pas vécu tous ses malheurs pour finir en te regardant partir ! Je vais entrer dans cette forteresse que tu le veuilles ou non, argua-t-elle en le quittant sans un regard.
Il se tourna pour fixer cette femme qui aidait ses mathurins et montait aussi vite dans la chaloupe qui fut lâchée sur l’eau.
- Eh bien, intervient Rick en s’approchant de son ami d’enfance. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé mais elle a l’air d’être prête à tout.
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Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomanceDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...