Marie-Louise marchait sans réellement regarder où elle allait. Elle ne faisait que suivre les deux soldats qui l’accompagnaient. Repensant à ce que venait se dire William, elle avait vite comprit qu’elle n’avait aucune chance de fuir avec eux. Au moindre faut pas le Red Edan, son équipage et elle finirait en poussière. Ce qui voulait dire une chose : elle regardera donc ces voiles rouges partir au loin sans elle. Son beau capitaine pirate qui s’en irait vers l’horizon. Sa chaleur, son odeur, son regard, sa voix… tout allait disparaître. Elle verrait l’Edan pour la dernière fois, restant à quais, tandis que ce navire glissera sur les vagues.
Les yeux vers la ville, elle vit très vite le groupe de William décharger les coffres du Red Edan. D’ailleurs celui-ci avait dû agrandir ses troupes, car ils étaient une bonne dizaine maintenant à fouiller le bâtiment pirate. Elle avait mal au cœur et espérait que l’équipage pirate n’assiste pas à cela.
L’équipage…
Ces hommes avaient été si bienveillants avec elle. Mais comment allaient-ils la voir dorénavant ? Une traitre ? Une horrible noble ? Son corps frissonna à cette pensée. Elle se força à voir le bon côté, même si sur le coup, il était vraiment petit ce bon côté. Ils vogueraient sur les flots, libres, comme ils l’avaient toujours été avec l’Edan. Leur vie d’avant allait revenir. Que demander de plus. Ils seront libres… et elle passera peut-être pour la méchante. Mais n’était-ce pas mieux que de les abandonner au supplice de la corde ? Elle préférait que chacun la déteste, plutôt qu’il n’y ait plus de chacun.
Ses pieds claquèrent contre les pierres. Le moment sonnait comme la fin. Le groupe descendit les marches de pierres froides et s’engouffra dans un long couloir. Ils passèrent plusieurs geôles avant d’arriver à celles d’Alexandre et son équipage. L’homme écarlate était assit au sol. Il releva la tête et fut surpris de la voir elle. Tout les pirates furent étonnés d’ailleurs. Chacun la regardait étrangement, beaucoup la pensait presque comme un ange de la mort. Leur joli pirate femme habillée d’une robe rouge venant leur rendre une dernière visite avant l’heure.
Alexandre se leva doucement, posant son regard sur son joli cœur. Il était vrai qu’il la préférait avec son pantalon et sa chemise blanche, cela mettait ses formes bien plus en valeur. Mais il la trouvait tout de même ravissante dans cette tenue. Durant leur petit séjour dans les geôles, l’équipage ne s’était pas dit grand chose. En sortant du Red Edan, la plupart des hommes avaient déjà accepté leur sort. Alexandre de son côté ne désirait que la revoir avant de partir. Il voulait l’embrasser, la tenir dans ses bras. Un peu comme un dernier réconfort avant qu’il n’y laisse la vie.
- Marie, tu es venu nous dire au revoir ? pleurnicha l’un d’eux en passant sa tête par les barreaux, enfin, presque.
Son cœur lui fit mal. Très mal. Ils étaient tous plus bas que terre. Où était passé les affreux pirates qu’elle connaissait ? Ces hommes qui n’avaient peur de rien. Ces hommes qui étaient forts et puissants ! Elle en oublia presque de respirer en les voyant. Mais elle se reprit vite.
Marie-Louise se tourna vers le garde et lui tendit sa main. Il y déposa les clefs et elle ouvrit donc chaque porte libérant l’équipage, pour terminé avec la geôle d’Alexandre. Celui-ci fut le dernier à sortir. Il s’approcha d’elle, le visage crispé.
- Que fais-tu joli cœur ?
Elle aimait ce surnom et se retint de pleurer à l’entente de celui-ci. Le voir était une libération mais paraissait être aussi un poids énorme qui s’écroula sur ses épaules. Un vide commençait déjà à se former dans son coeur. Il allait terriblement lui manquer. Tous, d’ailleurs. Elle garda pourtant la tête haute.
VOUS LISEZ
Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomanceDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...