Marie-Louise ne bougeait toujours pas, elle ne savait comment mais il lui fallait trouver une solution.
- J’aime sa couleur, avait-elle répondu.
Quel était le point faible de William ? Que fallait-il qu’elle dise ou qu’elle fasse pour le faire libérer l’équipage ? Elle n’en savait rien… Il lui fallait retracer chaque jour qu’elle avait vécu avec lui, ce qui était malheureusement très court. Qu’avait-il dit sur lui ? Quelque chose qu’il appréciait énormément ?
- Je trouve qu’elle vous sied à ravir, reprit-il après quelques bouchés.
- Elle est inconfortable.
- N’est-ce pas le but d’une aussi belle robe ?
- Il est tout de même plus agréable de porter un pantalon et une chemise. L’un n’est pas lourd, l’autre ne vous coupe pas la respiration, argua-t-elle en détournant légèrement le regard vers les murs.
Malgré ce calme qu’elle montrait, elle avait peur. Il lui fallait trouver vite une solution. Elle n’allait pas les abandonner à ce triste sort. Tout autour d’eux avait l’air d’être cher, tout brillait à la lumière des lustres. Vers les fenêtres, le ciel devenait sombre. Il se faisait visiblement encore plus tard qu’elle ne l’aurait pensé. Une raison de plus de se dépêcher.
- Vous parlez encore comme ces pirates, râla-t-il en reposant son verre de vin rouge.
- Au moins eux sont libres de dire ce qu’ils pensent.
- Marie-Louise, j’ai l’impression que cette petite entrevue avec ces forbans vous a fait perdre tout l’enseignement de vos parents.Elle fronça les sourcils en se tournant vers lui.
- J’appellerais un professeur. Vous avez besoin de reprendre toutes vos manières, fit-il comme s’il était déçu de cela.
- Je n’ai pas besoin d’un professeur pour apprendre à devenir aussi ennuyeuse que toi, William.
L’homme se leva. Il posa sa serviette, qui reposait sur ses genoux, sur la table pour ensuite s’approcher d’elle. À moins d’un mètre d’elle, il prit un regard noir.
- Je suis votre mari, vous me devez le respect.
- Tu n’es pas mon mari, mais mon fiancé tant que je n’ai pas dit « oui » , lui cracha-t-elle en gardant le regard fixé sur lui.Elle n’allait pas se laisser marcher dessus par un idiot dans son genre. En tout cas, elle n’allait plus se laisser faire de la sorte. S’en était finit de cette femme simplette et trop docile. Elle en avait marre de devoir cacher chaque jour ce qu’elle pensait, marre d’être toujours polie envers tout le monde, marre d’être la femme exemplaire qui devait seulement rester debout à côté de son mari tandis que lui s’amusait et parlait. Tout cela était si injuste. Les femmes étaient humaines, comme eux, alors elles devaient avoir autant de respect qu’ils en avaient. C’était enfin terminé de s’excuser pour tout, de s’excuser de vivre.
Alors, elle continua.
- Qu’est-ce qui t’intéresse le plus dans ce mariage. Ce n’est pas moi, ça j’en suis persuadée. Mais quoi ?
Le noble ne répondit rien, la tête haute, il jugeait Marie-Louise du regard. Si elle avait vraiment était la cause de ce mariage il lui aurait montré plus de respect, d’importance. Il l’aurait écouté.
C’était vrai après tout, il ne l’aimait guère, elle le voyait dans ses yeux. Ce n’était pas elle. Mais l’argent ? Cela semblait logique. Après tout, il voulait tuer les pirates pour récupérer la récompense.
Tout s’assemblait enfin. William Gardner ne souhaitait ce mariage que pour assouvir ses propres besoins. Il réclamait simplement plus d’argent. Utilisant Marie-Louise comme excuse. Mais rien ne l’aidait à trouver une solution pour sauver l’équipage du Red Edan.
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Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
عاطفيةDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...