Marie respira un grand coup essayant de cacher au mieux la déferlante de sentiment qui la traversait à ce moment même. Entre son cœur qui se déchaînait tel des canons qui faisaient rage. Entre ses tremblements dues à cette distance si minime qui était présente entre eux. Ses joues qui devaient sûrement être pivoine à ce moment précis, heureusement caché par son ombre. Son envie de se tourner et de faire face à ce visage qu'elle appréciait de plus en plus. Mais cette peur de ce que l'homme avait en tête, cette peur de n'être seulement qu'un amusement pour lui, dont il se débarrassera aussi vite qu'il en trouvera une autre moins ennuyeuse. Elle ne savait plus où donner de la tête bien trop perdue, se noyant bientôt avec ses flots de sensations.
Évidemment qu'elle se souvenait de leur voyage sur l'île des tentatrices aux dents pointues. Mais parlait-il de ce qu'il s'était passé sur la chaloupe, sur l'île ou alors sur cette plage ? Car la seule chose qui l'avait vraiment marqué était ce baiser où seule elle avait été réellement éprise. Marie savait que trop bien que l'homme n'avait agit de la sorte que par le chant envoûtant des sirènes. S'en souvenait-il au moins ? Elle l'ignorait. Marie écarta cette pensée cherchant ce qu'il voyait par là.Alexandre remarqua le manque de réaction de sa part. Pourtant, maintenant près d'elle, il arrivait à voir qu'elle n'avait pas été insensible à cette question. Lui aussi venait de foncer dans le tas sans réellement savoir où il emmènerait la conversation. Le fait d'avoir parlé du trésor lui avait rappelé cette île où règnait le défunt navire Ganj-i-Sawaï, là où a été malheureusement abandonné un trésor des plus brillant et riche. Pourtant, lui aussi avait son souvenir bien précis de leur voyage sur cette île. Et il espérait qu'elle ait le même que lui. Après tout, il était peut-être temps qu'ils en reparlent ?
- Je m'en souviens oui, avait-elle répondu en espérant que cela suffise à l'homme même si elle en doutait fort.
- De tout ce qu'il s'est produit ? continua-t-il en cherchant à lui faire parler de ce fameux moment.
Elle frissonna de plus belle. Que voulait-il ? Que cherchait-il en faisant allusion à cette île ? Il ne se souvenait de rien, n'est-ce pas ? Elle avait tenté de s'en convaincre mais étant donné qu'il n'en avait jamais refait allusion elle pensait le sujet oublié voire même inexistant pour lui. Alors que tentait-il de faire ? Parlait-il du trésor qu'ils avaient vu ? Elle n'en savait rien et n'arrivait guère à déchiffrer ce qu'il ressentait. Plus dure était la tâche alors qu'elle était face à une porte et non un visage.
Marie voulait se retourner, elle voulait le voir. Mais leur proximité était tellement... elle était perdue. Prise de bien trop de sentiment à la fois pour savoir comment agir raisonnablement. Cette sensation qu'elle avait dans le ventre... Elle ne l'avait jamais ressenti.
Elle ne pensait plus clairement, elle ferma les yeux baissant très légèrement la tête, son front à quelques centimètres de la porte. Au fond d'elle, Marie appréciait ce manque de distance entre eux. Pourtant, elle résigna ce sentiment à l'égard du capitaine. Après tout, il ne faisait que s'amuser avec elle, n'est-ce pas ? Elle ne comprenait pas son comportement du moment mais accusa la fatigue qui lui faisait peut-être perdre un peu pied.
Relevant la tête, elle s'était résolue à celà, il n'était pas lui-même. La fatigue avait pris le dessus. Marie avait réussi à s'en convaincre. Alors reprenant peu à peu des forces. Elle se redressa, respira un bon coup avant de prendre quelques secondes puis de se tourner lentement vers lui. Elle fit un petit tour sur elle-même et se retrouva encore plus proche de l'homme. En effet de dos il ne lui avait pas paru aussi près d'elle. Mais leurs nez étaient presque sur le point de se toucher.
Ses yeux bleus dans ceux d'Alexandre, elle ne perdit pas le peu de force qu'elle avait récupéré et fit face à l'homme.
- Capitaine, commença-t-elle alors que ses jambes commençaient à perdre leur équilibre. Que...
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Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomanceDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...