Le capitaine se tourna vers son compagnon, l'air froid qui trônait son visage disparu en une fraction de seconde, laissant un doux sourire sur ses lèvres. Il se mit à rire.
- Rien, joli cœur à seulement déversé sa colère sur moi, fit-il en reportant son regard vers ce bleu océan.
L'homme qui se tenait à ses côtés n'était autre que Rick Fisher, son second, mais aussi grand ami depuis des années. Les deux s'étaient rencontrés il y avait de cela maintenant quinze ans ; Alexandre venait de devenir marin à bord du Red Edan. Un petit garçon d'après Rick - qui lui possédait déjà la vingtaine, vingt-trois pour être exact -. Leur différence d'âge n'avait en rien interféré dans leur amitié, ils prenaient soin l'un de l'autre. Jusqu'au jour où le capitaine du navire perdit la vie, faisant d'Alexandre le nouveau chef du Red Edan. Pour remercier son ami d'avoir toujours était présent, il avait fait de lui son second.
- Pourquoi l'avoir emmené avec nous ? continua Rick.
Le capitaine avait l'air de réfléchir, trop peut-être. Il répondît malgré lui, n'ayant trouvé aucune réponse convenable.
- Je ne sais pas, fit-il franchement.
- Veux-tu que je la tue ? demanda son second sans aucun tact.
Alexandre se releva, le fixant dans les yeux.
"Quelle était cette question stupide ?" s'était-il demandé.
- Et toi, veux-tu que je t'étripe ?
- Oh, fut la seule réponse de Rick qui avait un regard perdu.
Il était évident que le capitaine ne voulait pas la tuer. Non pas qu'il n'en avait la force mais il ne se voyait guère enlever la vie d'une femme, pas de celle-ci en tout cas. Mais son esprit de forban sans cœur refit vite surface.
- Mais ne t'inquiètes pas, on s'amusera avec elle bien assez tôt.
- J'en attendais pas moins de toi, capitaine, sourit l'homme au crâne chauve.
Les deux hommes se mirent à rire ensembles, discuter comme ils en avaient tant l'habitude.
Marie-Louise, après une bonne heure de sommeil, voire même plus, se réveilla lentement. Elle ouvrit les paupières pour regarder le plafond, les grandes planches de bois traversaient une partie à l'autre de cette cabine. Se levant, assise sur le lit, elle put constater la fermeture du rideau autour d'elle. La noble était tellement fatiguée et heureuse d'enfin pouvoir s'allonger sur un lit digne de ce nom qu'elle en avait oublié de fermer le tissus qui la séparait de l'odieux capitaine de ce navire. Pourtant, elle était d'autant plus étonnée de constater qu'il l'avait fait à sa place et qu'elle était saine et sauve. Soupirant fortement, extériorisant toutes ses pensées désagréables, elle se mit enfin debout.
En ouvrant le rideau, ses yeux furent couverts d'une légère brume blanche, avant de s'habituer à la lumière du soleil qui tapait dans la fenêtre derrière le bureau de bois. Elle était décoiffée, quelques mèches partant ci et là, mais ne s'en préoccupa pas plus. Passant seulement ses doigts pour aplatir le tout sur sa tête, elle posa sa main sur la poignée de la porte et traversa pour sortir. Avant même qu'elle n'ait pu faire quoi que ce soit, l'homme à la jambe de bois s'était joint à elle.
- Comment tu t'appelles ? demanda-t-il directement, sans passer par quatre chemin.
- Je...
Marie le regardait, surprise, elle ne s'attendait évidemment pas à cette question. Il l'avait prit de court.
- Et vous, qui-êtes-vous ? intervient-elle.
- Je suis le second du capitaine mademoiselle, Rick Fisher, répondît l'homme en souriant légèrement.
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Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomansDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...