Marie plaça ses pieds sur le tonneau et posa ses bras dessus de façon à y appuyer sa tête tel un cousin de chaire et de peau. Elle fixait encore le groupe plein de joie et de bonne humeur. Un petit sourire vint malgré elle se dessiner sur ses lèvres en les voyant de la sorte. Elle était heureuse. Cette vie lui plaisait. Plus que tout. Sans règle. Sans personne qui lui dictait quoi faire. Elle était libre. Et l’Edan était devenu sa liberté. Elle aimait cet équipage dont elle faisait partie. Mais plus encore, celui qui en était à la tête.
Alexandre qui était dans le groupe tourna la tête vers elle, ses yeux attirés par la jeune femme en boule sur un tonneau de bois. Alors, il quitta les marins doucement pour venir la rejoindre d’un pas doux. Le regard bleuté de son joli cœur s’était mis à le suivre. Puis il se plaça près d’elle, venant s’appuyer sur le baril.
- Vous avez réussi capitaine, fit-elle en reposant son regard sur le groupe d’homme.
Il fit donc de même, fixant ses pirates plus heureux que jamais. Il ne se souvenait pas de les avoir déjà vu comme ça, ce qui lui fit d’autant plaisir.
- Oui, tu as raison joli cœur, nous avons gagné.
- Quel est le prochain cap ? continua-t-elle en tournant la tête vers lui afin de plonger son regard dans celui qu’elle aimait.- Hmmm… réfléchit-il sans pour autant donner de réponse.
Un sourire s’incrusta sur ses lèvres et il se mit complètement face à elle, plaçant ses deux bras de chaque côté de son joli cœur. Son visage était face à elle, leurs nez à quelques centimètres seulement, si ce n’était moins.
La respiration de la jeune se faisait moins régulière. Elle aimait ce peu de proximité entre eux, pourtant, l’homme avait toujours le même effet sur elle. Son cœur s’était mis à battre plus fort, ses joues semblaient légèrement chauffer et sa peau refroidi par la température n’attendait que la chaleur d’Alexandre. Elle était attirée par lui comme un aimant. Elle sentait l’odeur de cet homme et son souffle qui venait se frotter à ses joues.Lui aussi s’était perdu dans ses pensées, il en avait d’ailleurs presque oublié qu’il se devait de lui répondre. Mais comment pouvait-il résister à elle ? À chaque fois qu’il la voyait l’envie devenait de plus en plus dure à contrôler. Ce n’était guère comme ces autres femmes qu’il avait eu. Il n’était jamais vraiment tombé amoureux. Il ne faisait que de se prélasser avec celles qui le voulait bien. Et lorsqu’il n’en voulait plus, il ne les revoyait jamais. Mais, son joli cœur… Alexandre ne pouvait se passer de son regard océan, de sa douceur, de sa force, de son odeur, son toucher… sa présence même venait à devenir aussi chaleureuse que le soleil en été. Il était devenu addict à elle, comme un pirate était addict aux trésors et au rhum. S’imaginer sans elle devenait un supplice dont il ne voulait connaître la douleur.
- Eh bien, cela reste à voir. Après tout, l’océan nous appartient.
Il en avait envie. Il manquait cruellement des lèvres de ce joli cœur qui avait redressé la tête à l’instant même où il s’était rapproché un peu plus d’elle. Alors comme attiré par des aimants, l’un et l’autre se rapprochèrent doucement jusqu’à ce que leurs bouches s’entrechoquent comme du coton. Alexandre plaça sa main gauche sur le côté du cou de joli cœur pour la remonter doucement en caresse vers sa joue, l’attirant plus vers lui. Mais ils ne purent aller bien loin quand ils sentirent des regards interrogateurs sur eux.
Après tout, c’était la première fois que l’équipage voyait se rapprochement soudain entre eux. Il était évident qu’ils allaient être surpris. Le capitaine avait eu une énergie et un courage qu’il ne connaissait guère, mais il était vrai qu’il n’était en aucun cas gêné par tout cela. Alexandre recula tout de même de quelques centimètres d’elle pour fixer ses hommes qui détournèrent les yeux.
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Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomanceDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...