Marie ne cessait de regarder ces voiles blanches, bombées par le vent, qui se rapprochaient de plus en plus d’eux. Elle ne s’y connaissait pas encore assez pour savoir à qui il appartenait. La seule chose dont elle était sûre, c’est que l’équipage de ce navire était assez fou pour venir vers le Red Edan.
- Navire à tribord ! cria la vigie qui l’avait lui aussi remarqué.
Alexandre qui parlait à Rick tourna la tête au moment même où il avait entendu Moore. Il trouvait cela étrange de voir un bâtiment noble aussi près du triangle des Bermudes. Ces voiles blanches, aucun pavillon… il ne savait à qui appartenait ce rafiot à trois mâts, mais il était hors de question que celui-ci parte indemne. Il ne fallait pas trop s’approcher de son bâtiment, ou l’un des deux finirait au fond de l’océan.
Le capitaine savait déjà ce qu’il comptait faire de ce vieux rafiot blanc. Un petit sourire vint se former sur ses lèvres. Un autre abordage, que demander de plus ? Il croisa les bras tout en restant debout à fixer ce navire qui s’avançait vers eux.
- Ralentissez le bâtiment, ordonna-t-il. Après tout, nous devons les laisser nous rattraper.
- Carguez les voiles mathurins ! cria Rick aux hommes qui se mirent très vite au travail.
Marie s’était déplacée afin de s’approcher d’Alexandre. Après tout il était hors de question que cet abordage se fasse sans elle. Mais pour cela elle devait au moins le prévenir qu’il ne pourrait la retenir de faire ce qu’elle voulait. Avec le temps elle avait vite appris à se comporter comme un pirate, ou du moins à ne plus avoir peur de faire ce que bon lui semblait. Elle avait aidé à vaincre l’équipage fantôme. Même si sa technique en combat n’était pas encore parfaite, cet abordage pourrait être le meilleur entraînement qu’il soit. Il était donc hors de question que l’équipage s’amuse sans elle.
- Je viens aussi, fit-elle en se tournant vers l’horizon où le navire ennemi s’approchait de plus en plus.
- Tu viens ? demanda-t-il en la regardant interrogateur.
- Je participe à l’abordage capitaine ! répondît-elle en plantant son regard océan dans celui de l’homme.
- Oh, continua l’homme avec un regard amusé tout en posant une de ses mains sur le bastingage.
Il était légèrement en avant, plus près de Marie. Cette situation l’amusait.
- Mon joli cœur veut aller piller les riches nobles ?
- N’était-ce pas le plus amusant ? joua-t-elle à son tour en s’approchant plus de lui.
- Bien sûr que si, après tout, ils n’ont pas besoin de tout cet or.
- Et nous oui ?
- Évidemment, qui paillera notre rhum lorsque nous auront gagné ?
Ils se cherchaient l’un l’autre, mais différemment de leur première rencontre. Aucun des deux ne fusillait l’autre du regard, aucun des deux ne lui lançait de pics lacérants dans leur parole.
Alors qu’ils étaient encore entrain de se noyer dans leurs yeux, le navire noble s’approchait de plus en plus. L’Edan avait ralenti sa course laissant la possibilité de se faire rattraper par quiconque voudrait le faire. Mais qui était assez fou pour venir perturber le trajet du navire aux voiles rouges ? Tout l’équipage avait hâte de voir ce noble suicidaire. Comme le dernier abordage, chaque matelot avait cette petite boule d’impatience qui grandissait en eux. C’est ce qu’ils préféraient par dessus tout : piller les navires. Ils étaient totalement dans leur élément.
Sans même attendre les ordres du capitaine, chaque mathurin avait déjà prit leur arme et s’était préparé à aborder ce navire. Celui-ci s’approchait toujours, à basse allure certes, mais il devenait de plus en plus grand presque plus que le Red Edan. D’ici, ils pouvaient déjà apercevoir le nombre d’homme dans l’équipage adverse qui s’attelait au travail.
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Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomanceDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...