Le capitaine dans sa cabine, la tête ayant travaillée depuis le début sans même prendre de pause, il entendit les voix approcher du Red Edan. Alexandre quitta donc ses appartements pour fixer son groupe de pirate accompagné de joli cœur.
Lorsqu’il se mit à la fixer il repensa à la question de Brown. Après que son timonier ait prononcé ces quelques mots, Alexandre s’était arrêté. Au départ, il pensait que lui en parler serait peut-être le mieux mais il se renfrogna vite.
Il ne savait comment expliquer ce qu’il ressentait. Il ne savait même pas lui-même ce qu’il ressentait. Alors, après que Brown le lui ait demandé, Alexandre s’était comme stoppé dans son élan. Il s’était tourné pour regarder son timonier. Mais avait vite abandonné pour retourner dans sa cabine. Il avait encore une fois fuit.
L’équipage monta sur le pont, un brouhaha emplissait les lieux encore silencieux il y avait de cela quelques minutes. Le capitaine les regardait approcher, chacun retournait tranquillement à son branle.
Marie de son côté avait une envie de parler au capitaine qui grandissait de plus en plus. Mais à cette heure là il n’accepterait sûrement pas. Il lui fallait trouver une excuse, ce qui fut plutôt facile lorsqu’elle repensa à cette pierre verdâtre. Sauf qui la prit de court en s’approchant doucement vers elle sans pour autant lui apporter un regard.
- Comment était-ce ? demanda l’homme les bras croisés sur le torse dont les yeux fixaient les derniers hommes de l’équipage qui disparaissaient peu à peu.
- Bien à vrai dire. Même si le rhum n’a pas été la meilleure parti. Et vous, vous avez avancé ?
- Pas vraiment pour être honnête, avoua-t-il un grognement dans la gorge.- Peut-être est-ce parce que la réponse était sous nos yeux ?
- Que voulez-vous dire ? Ne me dites pas que vous…
- Le caillou, continua-t-elle en lui coupant la parole.
Mais évidemment, la réaction de l’homme était loin de ce qu’elle avait espéré. Son visage était devenu plus sombre, plus froid. Ce qui avait offert un frisson à la jeune pirate.
L’homme, ne voulant pas s’énerver face à elle, prit une grande inspiration avant de se tourner pour aller dans sa cabine. Marie offusquée, le suivit jusqu’à fermer la porte derrière eux.
- Écoutez moi au moins ! avait-elle dit durant leur léger voyage allant du pont aux appartements de l’homme.
Devant son bureau Alexandre se tourna petit à petit pour lui faire face.
- Écoutez moi, s’il vous plaît… rajouta-t-elle presque dans un souffle. Je vous en prie.
Alexandre demeura muet face à elle, son regard toujours aussi perçant. L’homme avait finit par s’appuyer sur son bureau les bras toujours liés entre eux. Marie ne savait pourquoi il réagissait de la sorte, mais elle n’aimait pas ça. Lui qui avait l’habitude de l’écouter se résignait à la rejeter sans essayer de comprendre.
- Cela peut paraître étrange mais je suis certaine qu’elle n’a pas été posée là-bas pour rien, avoua-t-elle en montrant l’objet verdâtre.
Le capitaine souffla une fois de plus. Il se redressa pour s’approcher d’elle. Seulement un ridicule mètre les séparait. Pourtant Marie n’eut aucune réaction espérant qu’il l’écoute. Il n’en fit rien, restant droit et imposant face à la petite carrure de la jeune.
- Je vous l’ai rendu parce que vous aviez l’air d’y porter une quelconque importance, mais elle ne sert à rien.
Son cœur lui faisait mal. Pourquoi ne voulait-il pas l’écouter ? Peut-être était-elle trop émotive lorsqu’il s’agissait de cet homme ? Elle avait presque envie de pleurer. Sa gorge s’était serrée comme on aurait étranglé quelqu’un. À la différence qu’elle respirait encore et qu’aucune main n’était présente sur son cou. Elle n’ajouta rien, comme perdue.
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Abyss, Partie 1 : Le Red Edan
RomanceDans les années mille-sept-cents, les mariages arrangés étaient plus que courants. C'était le cas de Marie-Louise, qui, lorsqu'elle descendit vivre près du port - où demeurait son fiancé - se retrouva confrontée aux forbans sans cœurs ; des pirates...