Chapitre 24

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Le nom qu’il venait de lui donner était bien différent de “l’Introuvable”. 

- Les nombreuses légendes racontent qu’il se trouve perdu au plus profond des abysses. Mais personne ne sait réellement où, continua Alexandre.

- Sauf la carte, c’est cela ?

- Tout à fait, répondît l’homme le sourire toujours présent. 

Le silence reprit le pont. Les deux jeunes gens ne dirent rien de plus.

Il se faisait tard, bientôt l’homme irait sûrement dans sa cabine. Mais Marie avait encore une question qui trottait en elle depuis un petit moment déjà. Ce soir là, ses lèvres brûlaient de lui demander. En revanche, elle avait peur. Pourtant, la noble se lança tout de même, prenant une grande respiration avant de continuer.

- Quand tout cela sera terminé, qu’allez-vous faire de moi ? 

Le cœur de la femme battait à cent à l’heure, il en devint presque douloureux. Mais elle avait envie de savoir. Elle en avait besoin. Elle se plaisait ici.

Alexandre, à l’entente de cette étrange question, grimaça. Il ne comprenait guère pourquoi elle demandait celà. Le capitaine ne savait que répondre. Sa nature de pirate aurait sûrement dit qu’il pourrait la vendre aux marchands d’esclaves ou bien la laisser à son fiancé. Mais il savait au fond de lui que ce n’était en aucun cas ce qu’il voulait. Il n’était plus du tout certain de ce qu’il comptait faire d’elle ensuite.

Le silence se faisait pesant et Marie n’aimait guère cela. Il lui fallait une réponse. Mais le temps qu’il prenait pour la lui faire parvenir était trop long. Elle décida donc d’alléger l’atmosphère.

- Vous allez me faire subir le supplice de la planche ? rigola-t-elle doucement sans porter son regard vers lui. 

Alexandre ne répondît rien. 

Le supplice de la planche n’était pas quelque chose qu’il appréciait faire. Les seules personnes dont il en offrirait l’opportunité se limitaient à ses grands ennemis ou aux nobles qui n’en faisaient qu’à leur tête. Ces personnes se croyant tout permis car ceux-ci étaient riches. Ces riches qu’il avait apprit à haïr au plus haut point.

En repensant à eux, un souvenir refit surface. La femme aimait quelqu’un, n’est-ce pas ? Elle avait tellement parlé de lui qu’il était probable qu’elle veuille y retourner une fois tout cela terminé.

- Si je vous ramène sur terre, au port où le Nightmare vous a enlevé, vous retournerez voir votre fiancé. Et dans ce cas là, vous serez marié peu après. N’est-ce pas ce que vous vouliez ? articula-t-il un sentiment douloureux naissant en lui.

Marie avait presque entièrement oublié William. Le temps s’était écoulé depuis, le noble devait être déjà rentré, sûrement inquiet de ne pas l’avoir vu. La cherchait-il ? L’avait-il oublié ?

Elle en tout cas, elle était sûre d’une chose, la femme ne voulait pas rentrer. Même si le capitaine pirate n’était pas tout le temps bon avec elle, le Red Edan était comme devenu une sorte de maison. Exactement comme celui-ci l’avait décrit. Ce navire représentait sa liberté.

Le fait qu’Alexandre lui dise cela l’avait plus que dérangé. Marie n’aimait guère William. Il était pourtant un gentil homme, mais un autre visage l’avait devancé. Un autre visage venait hanter ses pensées les plus profondes. 

- Vous comptez me ramener là-bas ? demanda-t-elle en essayant au mieux de cacher sa tristesse.

Son cœur devenait douloureux. Sa gorge s’était serrée. Mais elle garda son calme, attendant une réponse qui fut longue à venir, encore une fois.

Abyss, Partie 1 : Le Red EdanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant